Il y a 20 ans, Emilie Le Pennec devenait championne olympique aux barres asymétriques

Emilie Le Pennec est la seule Française médaillée olympique de l'ère moderne. Photo IMAGO / ABACAPRESS

Le 22 août 2004, Emilie Le Pennec remportait l’or olympique en finale des barres asymétriques, à Athènes. Retour sur un moment d’anthologie.

L’émotion que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… Ce 22 août 2004, Athènes, finale des barres asymétriques, Jeux Olympiques, Emilie Le Pennec obtient 9,687, une époque révolue où le 10 était encore le graal. La Reine Khorkina chute, Emilie, elle, n’a pas tremblé et offre à la gymnastique française sa première (et seule) marseillaise olympique de l’ère moderne.

Ce soir là, David Douillet ne s’y est pas trompé et il oriente les programmateurs vers la gymnastique. Sur les antennes de Canal +, on sent qu’il va se passer quelque chose d’exceptionnel. Laurent Barbiéri, consultant, apporte son enthousiasme et son point de vue technique, l’accent chantant et la voix émue… 27 secondes où le clan français retient son souffle, s’étire, balance, serre les fesses, avant d’exulter.

Emilie Le Pennec, s’élance, ses envols semblent si précis, si aériens, le Def est assuré, les tours volants, tout se déroule à la perfection, pour celle qui s’était qualifiée en quatrième position.

Son seul écueil ? Un pas en réception de sa sortie en Fabrichnova (back, double full). Elle se positionne en tête et s’assure la médaille… Il reste Svetlana Khorkina, infaillible sur son agrès depuis presque une décennie, mais ce soir-là, la Russe n’a pas tenu bon la barre. Elle chute. Reste alors l’américaine, Terin Humphrey, dernière des huit gymnastes de cette finale. Mais elle, comme aucune des six autres gymnastes n’aura réussi à battre le 9,687, le Golden Score.

Marine Debauve, aux côtés d’Emilie ce jour-là, exulte ! Elle l’a compris et elles se serrent dans les bras les yeux plein de larmes de joies, de larmes d’or. Yves Kieffer accorde une discrète, pudique mais affectueuse accolade et une bise sur la tempe.

Emilie peine encore à réaliser durant son « tour d’honneur » qui l’amènera au sas de préparation du protocole. On sent que l’information fait son chemin, comme un symbole, comme un parcours initiatique vers le jour d’après.

Ce soir-là, elle n’a pas lâché, ou plutôt elle a rattrapé « du bout des doigts », pour une « vraie révolution dans le monde de la gymnastique française » comme l’aime à le répéter le consultant gersois, au micro de Canal +. Une Révolution qui 20 ans après, est souligner par Paris 2024, en associant Emilie Le Pennec à l’ultime relais de la Flamme, au moment d’allumer la vasque olympique, aux côtés des plus grands champions olympiques français. Une consécration après la Révolution.

On pourrait revoir cette vidéo des centaines de fois et être toujours envahi par les larmes, par l’émotion, par le souvenir, la nostalgie, le bien-être…

Quand on l’a vécu, on pourra se remémorer l’endroit où nous étions tous ce 22 août 2004, un peu comme le 12 juillet 1998, ou le 26 juillet 2024, ce que nous faisions, et comment le temps et le monde se sont parfois arrêtés de tourner. Des dates repères, inoubliables.

Plus que jamais la gymnastique française conquiert l’Olympe, comme un symbole à Athènes. Emilie Le Pennec signe la plus belle et unique performance de la gymnastique française à ce jour.

Un travail d’équipe au service de la performance individuelle
Avant d’arriver à un tel résultat, l’Equipe de France avait enchainé les succès :

  • 6ème en équipe
  • 7ème pour Marine Debauve et 14ème pour Emilie Le Pennec au concours général
  • Coralie Chacon finaliste au saut

Des succès crescendo vers le graal pour une délégation française au firmament du bonheur, au firmament de l’Olympe. Et au moment de célébrer les 20 ans d’un titre unique et historique, il convient de réunir l’ensemble des acteurs de cette réussite, à commencer par les gymnastes titulaires (Coralie Chacon, Soraya Chaouch, Marine Debauve, Emilie Le Pennec, Camille Schmutz, Isabelle Séverino), les réservistes (Magalie Carosso, Maud Collas), les entraîneurs (Marjorie Heuls, Yves Kieffer, Nellu et Adriana Pop, mais aussi ceux qui dans les pôles de Marseille et Saint-Etienne ont préparé l’ensemble des gymnastes), le service médical (kiné, médecin du quotidien), la juge (Yvette Brasier), le club d’Emilie, l’US Créteil et sa dynamique présidente Sophie Darrigade, la fédération (à chaque strate d’accompagnement). Mais aussi les soutiens du quotidien, ceux qui accompagnent : les parents, les familles, les amis, ceux qui profitent de l’émulation : les clubs, les structures déconcentrées, et surtout celui qui un jour à Nantes au détour d’une erreur technique a créé un élément qui plusieurs années plus tard portera au plus près des Dieux de l’Olympe la gymnastique française : Jacques Def.

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C’est toute cette équipe qui 20 ans après est à associer à cette victoire individuelle, cette cohésion du quotidien, ce travail intense, cette programmation précise, et cette recherche de la bonne performance au bon moment.

Parce que la gymnastique française c’est aussi cela : la transmission, l’héritage, le partage. Et 20 ans plus tard, on n’oublie pas les 27 secondes qui ont changé l’Histoire d’une vie, l’Histoire d’une gymnaste, d’un collectif, d’une Equipe.

20 ans après, 20 ans d’écart, 20 ans encore ?
20 ans plus tard Paris, Emilie est à Paris. Elle est à son tour aux commentaires d’une finale olympique aux barres asymétriques. Elle est à son tour envahie par l’émotion d’une performance époustouflante, par une jeune gymnaste qui, à son tour, écrit l’Histoire de son pays, celle qui à son tour apporte le premier titre olympique à un pays, à tout un continent.

Kaylia Nemour n’était pas née ce 22 août 2004, mais elle connait l’Histoire d’Emilie, elle connaît aussi par cœur son mouvement, et elle rêve grand comme Emilie de croquer dans l’Or Olympique.

Emilie, comme Kaylia, n’a jamais mené une vie de Bohème, mais plutôt de travailleuse, acharnée entre lune et soleil. Aujourd’hui, l’histoire fait parler d‘un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, mais pourtant qu’ils partagent.

En attendant de se rencontrer un jour, pour se raconter de belles histoires assurément asymétriques, les deux championnes ont ce 5 août 2024, beaucoup pleuré. L’une pour la gloire de l’autre, pour le souvenir, pour la nostalgie et parce qu’elle sait ce que l’or olympique implique comme travail et engagement du quotidien.

Elle est submergée par le moment, les souvenirs, elle est transportée 20 ans en arrière, lorsqu’elle commente les instants avant de monter « sur la boîte », on sent le trémolo dans la voix, celui qui montre, qu’elle, ce moment elle l’a vécu. Ce trémolo qui montre que ces moments lui appartiennent pour toujours… On n’a pas tous les jours 20 ans, mais on n’oublie vraiment jamais.

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20 ans plus tard, elle reste encore la seule gymnaste à avoir fait retentir la Marseillaise aux Jeux Olympiques. Aujourd’hui, c’est l’ensemble de la communauté gymnique qui remercie Emilie Le Pennec pour les émotions, les vibrations, l’inspiration et qui lui souhaite à elle et son titre un bel anniversaire car, oui, on n’a pas tous les jours 20ans, il parait même que ça n’arrive qu’une fois seulement.

BON ANNIVERSAIRE EMILIE LE PENNEC, CHAMPIONNE OLYMPIQUE

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