Souvenirs de Jeux avec Emilie Le Pennec : “Je pense que je ne serais pas la même Emilie si je n’avais pas eu cette médaille”

C’était le 23 août 2004, aux Jeux Olympiques d’Athènes. À 16 ans, Émilie Le Pennec devenait championne olympique aux barres asymétriques. Aujourd’hui encore, elle est la seule gymnaste féminine française à avoir obtenu ce titre. Sa médaille aura bientôt 20 ans, mais les souvenirs de cette soirée historique sont toujours aussi présents. Emilie Le Pennec nous raconte ses souvenirs de Jeux Olympiques.

Gym and News : Que représentaient les Jeux Olympiques pour toi avant de partir à Athènes ?
Émilie Le Pennec : Les JO, ça représente forcément le graal pour un sportif. C’est pas mal d’années de préparation. C’est l’objectif qui nous a été posé de suite quand je suis arrivée à l’INSEP, alors qu’on était à trois ans des JO et que je n’y avais honnêtement pas du tout pensé avant. Je suis arrivée assez tard dans le haut niveau. C’est seulement quand j’ai rencontré Yves Kieffer, que je suis entrée à l’INSEP, qu’on a commencé à parler JO et à se préparer pour ça. Mais je n’avais pas forcément le recul sur ce que ça représentait, sur l’impact que ça avait, au-delà de la performance sportive. Je n’avais pas suivi les JO de Sydney en 2000. J’étais du genre à être dans le jardin et à me demander pourquoi mes parents restaient devant la télé alors qu’il faisait si beau dehors. Je regardais un petit peu de gym, mais je préférais clairement en faire.

Qu’est ce qu’on ressent la première fois qu’on entre sur le plateau de compétition des Jeux Olympiques ?
C’est assez impressionnant, et c’est une grande bouffée de joie. Le premier jour des qualifications, quand les portes s’ouvrent et qu’on se dit : « ça y est, c’est maintenant », c’est un de mes meilleurs souvenirs. On se prépare surtout à rester concentrée, à essayer de retrouver la bulle qu’on a crée à l’entraînement pour pouvoir rester concentrée lors de ses passages. Il ne faut pas se disperser  en voyant le public, en cherchant ses parents dans les gradins, en regardant les autres nations passer. A Athènes on a réussi à le faire. Ce n’était pas forcément le cas lors des compétitions internationales précédentes.

Quels étaient vos objectifs, à toi et à l’équipe de France, pour ces JO ?
On avait fixé des objectifs de médailles presque trois ans à l’avance. Aux championnats du monde d’Anaheim (USA), en 2003, on nous avait tellement fixé des objectifs précis de places, de médailles, que finalement ça a un peu fait « patratas » et ça n’a pas fonctionné. Alors qu’à Athènes, j’ai surtout souvenir que l’objectif ultime, c’était de réussir nos mouvements, être contentes de ce qu’on avait fait, ne pas être les championnes de l’entraînement qui ne réussissent pas au moment où ça compte. On visait quand même la finale par équipe, se rapprocher au maximum du podium. Avec Marine Debauve on voulait faire le concours général. On envisageait des médailles aux barres pour moi, au saut de cheval pour Coralie Chacon, à la poutre pour Marine. On a fait une compète exceptionnelle. Il y avait une bonne émulation dans l’équipe.

Tu te qualifies donc pour la finale des barres. Dans quel état d’esprit es-tu à ce moment là ?
J’étais assez stressée, mais en même temps déterminée. Je voulais absolument ne pas rater mon mouvement. C’est une telle déception quand on a passé des milliards de fois son mouvement, et que ce jour-là on chute. A ce moment-là j’avais vraiment un taux de réussite énorme. A l’entraînement à Athènes, je pense que je ne suis quasi jamais tombée. J’ai juste raté mon mouvement en finale par équipe, mais ça a presque rassuré Yves Kieffer. Il avait fait ses calculs : il fallait que je le loupe une fois, il fallait mieux que ce soit à ce moment-là ! (rires) C’était agréable d’être en compétition le même jour que Coralie Chacon, qui était en finale saut. Malheureusement elle s’est blessée et n’a pas pu faire son deuxième saut, mais on se sent plus forte quand on est deux dans le même stress.

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