Élections FFG – Dominique Mérieux : « Je suis la candidate de la transition et de l’expérience »

Secrétaire générale de la Fédération Française de Gymnastique depuis 2013, Dominique Mérieux, tête de la liste « Au cœur de la gym », se porte candidate à la présidence. Alors que la campagne s’est officiellement ouverte fin septembre avec la publication des listes sur le site de la FFGym, Spot Gym donne la parole aux différentes entités. Aujourd’hui, Dominique Mérieux, première femme candidate dans l’histoire fédérale, est la première à s’exprimer.

Spot Gym : Vous êtes candidate à la présidence de la Fédération française de gymnastique, avant d’entrer plus en détails dans la présentation de votre projet, de parler de vos ambitions, de votre liste, pouvez-vous vous présenter, revenir sur votre parcours et sur le lien que vous avez avec la gymnastique ?
Dominique Mérieux : J’ai 5 enfants, une grande famille, et j’habite à Bourg-en-Bresse. J’étais enseignante dans le premier degré et je suis désormais à la retraite. J’ai terminé ma carrière en tant que directrice d’école maternelle, la maternelle ayant toujours été mon lieu de prédilection. J’ai enseigné pendant très longtemps dans des classes de tout petits, des 2-3 ans, et je connais parfaitement le milieu de la petite enfance. Ma profession a toujours façonné mon approche du sport, les deux ayant toujours été étroitement liés, car pour moi éduquer, c’est accompagner, structurer et donner les moyens à chacun de se développer. C’était quelque chose que j’avais tous les jours à l’école et j’ai pu le faire avec mon sport qui est la gymnastique. Mon engagement auprès de la fédération depuis des années est donc une extension naturelle de cette vocation, mon métier d’enseignante étant vraiment une vocation.

Quelles compétences spécifiques pensez-vous pouvoir apporter si vous êtes élue présidente de la FFG ?
Mon expérience. Le premier mot qui me vient c’est l’expérience parce que j’ai eu le privilège de vivre la gymnastique sous de multiples aspects. J’ai été gymnaste, juge nationale GAF, entraîneur GAF puis je suis devenue dirigeante à plusieurs échelons. J’ai été au département, dans les membres du conseil d’administration d’abord technique puis administratif, j’ai été à la région, j’ai également administré le pôle France de Lyon pendant très longtemps où j’ai côtoyé de grands champions comme Yann Cucherat ou encore Cyril Tommasone, ce qui me permet de connaître très bien le haut niveau. Toute cette addition d’expériences fait qu’aujourd’hui je me sens capable de viser la présidence de la fédération. Ma position de secrétaire fédérale m’a également permis de bien comprendre les rouages de la fédération, c’est donc avec cette expérience riche et une vision globale que je souhaite partager le projet “Au cœur de la gym” avec tous les licenciés, les clubs et les structures déconcentrées.

Vous êtes la première femme candidate à la présidence de la FFGym, quelle signification cela revêt-il pour vous et quels messages aimeriez-vous véhiculer ?
Je suis convaincue qu’il est temps d’insuffler un nouveau dynamisme à la FFGym, notamment en apportant un regard différent : celui d’une femme. Cela permettrait d’apporter une sensibilité et une perspective nouvelle. Alors bien sûr ce n’est pas une fin en soi d’être élue parce qu’on est une femme, on est élue parce qu’on en a la compétence, parce qu’on a de l’expérience, parce qu’on sait de quoi on parle, mais néanmoins c’est la première fois qu’une femme se présente à la présidence de la fédération et pour moi c’est une occasion de mettre en lumière d’autres priorités, d’autres approches de la gouvernance, et de renforcer la place des femmes au sein de la fédération, tout en apportant un regard différent, nouveau, Même si la parité est déjà parfaitement respectée, la parole des femmes pourrait être mieux entendue.

Vous conduisez le projet “Au cœur de la gym”, comment avez-vous constitué votre liste ? 
Je l’ai constituée d’emblée, il y a un an à peu près. J’Je suis allée au devant de personnes sur l’ensemble du territoire qui me semblaient avoir des profils qui correspondent à mes attentes par rapport à la construction d’un projet pour l’avenir de la FFGym. Ma liste reflète parfaitement ma volonté de rassembler, tout en intégrant du renouveau. Je suis la candidate de la transition et je voulais donc que ma liste soit à la fois constituée de sortants, il y en a 12, c’est pour moi un gage d’expérience fédérale, et de nouveaux, il y en a 24, comme gage de nouvelles idées, d’un dynamisme assuré. Je voulais m’entourer d’une équipe mixte qui ait à la fois de l’expérience fédérale et de l’expérience de terrain afin d’insuffler un souffle novateur.

Ma liste est donc constituée à la fois de sortants mais aussi de beaucoup de nouveaux entrants avec des profils multiples et expérimentés. Il y a des présidents de club, des présidents de département, des présidents de région, des athlètes de haut niveau, des gymnastes, … J’ai aussi veillé à respecter l’équilibre des régions. Je n’ai pas tout à fait toutes les régions, mais j’ai essayé de respecter cet équilibre car pour moi il est important de ne pas donner de majorité disproportionnée à une région par rapport à une autre. Cette harmonie est primordiale pour assurer une gestion équilibrée de la fédération.

Comment votre projet s’est-il construit ?
Ce projet est une co-construction, c’est pour cette raison que j’ai constitué ma liste il y a un an, car je voulais que le projet émane d’une équipe. On a entendu les clubs, leurs souhaits, on a entendu les structures déconcentrées et on a commencé par élaborer des groupes de travail avec l’ensemble des colistiers afin de travailler sur différentes problématiques. Quels sont les besoins ? Quelle vision avons-nous de la fédération de demain, chacun à notre niveau ? Comment, chacun dans son périmètre de mission, peut-il construire la fédération de demain ? Une fois que toutes ces questions ont été étudiées, une seconde phase de travail a été effectuée et les groupes de travail ont été mélangés afin d’apporter des réponses. Ces réponses ont permis d’établir notre projet “Au cœur de la gym”.

Un projet dont la genèse est donc collective ?  
Oui on a vraiment été dans la co-construction. Ce projet est un projet partagé, c’est pour moi quelque chose de très important. Il n’était pas question que j’arrive avec un projet tout fait et que je dise « voilà on va faire comme ça ». La liste a contribué à la co-construction du projet, ce qui, je pense, facilite l’engagement et permet à chacun de se l’approprier plus aisément.”

Quelles sont vos priorités ? 
Notre projet repose sur trois axes fondamentaux : au cœur de nos missions, au cœur de nos priorités et au cœur de nos engagements. Pour le premier point, nos valeurs au cœur de nos missions, cela repose sur le respect, la solidarité et l’inclusion. Nous devons incarner l’excellence et l’intégrité, dans tout son ensemble, physique et mentale, et cela, en créant un environnement sain pour chaque licencié quel que soit son parcours, afin qu’il se sente respecté et soutenu. Il y a aussi le respect des règles des valeurs fédérales qui constitue tout le socle de notre action. On doit promouvoir une fédération qui valorise une diversité, un point très important pour notre liste, et qui garantit un cadre de pratique sécurisé. Nous avons également placé l’inclusion au centre de notre démarche afin que la solidarité renforce notre cohésion dans un esprit où chacun peut trouver sa place à l’essor de la gymnastique.

On a mis dans nos priorités la formation qui est un levier essentiel pour les clubs, les pratiques gymniques, la filière de haut niveau, les clubs et les structures déconcentrées. Évidemment au regard des résultats aux Jeux Olympiques, bien qu’on puisse tout de même féliciter la gymnastique rythmique, le trampoline et Samir Aït Saïd d’avoir obtenu de très bons résultats, ce qui n’est pas le cas pour la gymnastique artistique dans son ensemble, il est aujourd’hui nécessaire de repenser et de restructurer le haut niveau pour que la France reprenne la place qu’elle mérite sur la scène internationale. Évidemment la formation des entraîneurs, des juges et des dirigeants nécessitera une profonde modernisation en s’appuyant sur des outils pédagogiques adaptés et des contenus accessibles à tous. La restructuration du haut niveau est essentielle et la formation indispensable pour le développement de la gymnastique et pour que les clubs puissent grandir, et se pérenniser, parce que quand vous n’avez plus d’entraîneurs, votre club s’affaiblit.

Concernant l’offre gymnique, l’offre compétitive doit être plus riche et plus inclusive. Elle doit répondre aux besoins spécifiques de chaque pratiquant et c’est dans ce contexte qu’on souhaite développer un plan paragym, pour que les personnes en situation de handicap aient accès à toutes les disciplines gymniques.

Nous devons également revenir aux réalités de terrain en laissant toute latitude aux structures déconcentrées à avoir leur propre programme. Aujourd’hui ce n’est pas le cas, or il me semble important qu’on ait des programmes locaux qui soient à l’image de chaque région,

Avec la liste, je souhaite également avoir une gouvernance transparente mais surtout collégiale ou chaque club, chaque structure déconcentrée pourra participer sous différentes formes à la prise de décision. Il est toutefois important de souligner qu’il s’agit de déconcentrer mais pas confédérer parce qu’il ne faut pas morceler la fédération. Il faut la rassembler, tout en respectant les spécificités locales et en préservant une unité nationale. C’est quelque chose de fort dans notre projet : accorder la parole que mérite les clubs et les structures déconcentrées, sans morceler. C’est aussi rapprocher les clubs de la fédération, de diverses manières. On se doit de soutenir les clubs et les dirigeants en leur proposant des ressources adaptées, des outils utiles et nécessaires, pour les accompagner et les aider dans leur fonctionnement quotidien.

C’est un point important que vous évoquez car les clubs se sentent parfois trop éloignés de la FFG ? 
Les clubs se sentent éloignés de la fédération et on essaie de les rapprocher. C’est déjà en cours, ne serait-ce que par le vote, comme la loi l’indique. C’est bien que les clubs puissent faire entendre leur voix et on espère qu’ils vont le faire. La fédération a fait une campagne importante depuis le mois de janvier pour faire voter les clubs, la plateforme est accessible, chaque club peut déjà s’inscrire et j’espère vraiment qu’ils vont y adhérer. Il faut qu’on porte cette parole, qu’on explique qu’ils ont le droit de s’exprimer.

Notre projet à pour but de faciliter le quotidien des clubs en déployant des outils et en offrant un accompagnement optimisé via des structures déconcentrées et un renforcement du nombre d’agents de développement. Il vise aussi à renforcer l’engagement au sein des instances nationales et internationales, à promouvoir l’unité fédérale et à améliorer la qualité de vie au travail.

Il faut redonner sa place à la FFGym dans les instances nationales. Je souhaiterais qu’on tisse un maillage sur le territoire avec les CDOS (Comité Départemental Olympique et Sportif, NDLR), les CROS (Comité Régional Olympique et Sportif, NDLR) et qu’on puisse coordonner toutes les personnes qui sont élues à l’intérieur de ces structures pour porter le projet de la gymnastique au sein de nos territoires. Il faut également retravailler notre place à l’international. Ça ne pourra pas se faire demain, c’est quelque chose qui se mettra en place sur la durée, on travaillera également avec l’existant, avec ceux qui sont déjà candidats à European Gymnastics ou à la FIG, mais on travaillera également sur un ou deux cycles sur des profils de personnes qui répondront à un projet fédéral et qui pourront être formés pour entrer dans les instances internationales.

L’unité fédérale et la qualité de vie au travail sont également deux points au cœur de vos engagements, pouvez-vous en dire plus à ce sujet ?  
On est une des rares fédérations à avoir neuf disciplines, avec certaines qui sont très différentes. Il est important d’arriver à avoir une unité fédérale autour de ces neuf disciplines, de garder un fil conducteur entre elles tout en conservant les spécificités de chacune. Par exemple, le Parkour ce n’est pas la GR, donc tout l’enjeu est de garder un équilibre entre toutes ces disciplines qui font la richesse de la fédération, tout en prenant en compte leur spécificité.

Quant à la qualité de vie au travail, évidemment que c’est une préoccupation. C’est quelque chose de primordial. Et ce, pas uniquement pour le personnel du siège, ce point concerne tous les salariés, ceux des structures déconcentrées, des clubs, tout le monde, afin d’améliorer la qualité de vie au travail de toutes ces personnes qui animent la gymnastique au quotidien. Notre projet “Au cœur de la gym” incarne une fédération capable d’écouter, d’accompagner et d’anticiper, avec la construction d’une fédération ambitieuse, inclusive et performante. C’est ce que l’on souhaite. Il faut absolument offrir à chaque gym et à chaque structure la possibilité de s’épanouir dans un environnement qui favorise le respect, la bienveillance et l’excellence, c’est tout ça qu’il faut mettre en équilibre. Avec cette vision, cette équipe, on veut écrire une nouvelle page de l’histoire de la FFGym. On va renforcer les liens entre les différents acteurs et on mettra tout en œuvre pour faire briller la gym française au plus haut niveau, tout en gardant les pieds ancrés dans la réalité.


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Dans votre programme, vous évoquez également l’importance d’un ancrage local dans la formation des gymnastes, un point de discorde sur ce cycle olympique, que proposeriez-vous ?
Je pense qu’on peut faire de la gym quel que soit l’endroit si tout est respecté et qu’on a l’environnement nécessaire pour le faire. L’idée est que les plus jeunes puissent rester dans les clubs formateurs plus longtemps, si c’est possible, si l’environnement et l’encadrement le permettent, avant de partir dans les pôles, car il est important de garder la proximité familiale. On peut faire de la gym de très haut niveau dans n’importe quel endroit à partir du moment où les règles sont respectées et qu’il y a le cadre fédéral. Dans le programme, je parle d’une filière qui part du club formateur, qui inclut les DRA (Dispositif Régional d’Accession), les pôles espoirs et les pôles France. Chacun doit pouvoir travailler ensemble.

Vous évoquez également la mise en place d’un audit, qu’en est-il ? 
C’est quelque chose que je vais mettre en place en prenant le temps de discuter avec toutes les parties prenantes, afin de voir les tenants et les aboutissants pour pouvoir relancer le haut-niveau et faire à nouveau briller la France. Il y a plusieurs points d’appui : la commission d’athlète de haut niveau, la commission de haut niveau déjà existante dans les statuts et sur laquelle on va s’appuyer, et puis je souhaite également créer une commission d’excellence avec d’anciens athlètes de haut niveau qui ont aujourd’hui le recul par rapport à leur carrière pour apporter leur vision, leur analyse. Ce sera une reconstruction collective, qui passera par un audit financier et sportif, et suite à cet état des lieux, on travaillera avec les différentes parties prenantes pour reconstruire, tout en tenant compte du bien-être des gymnastes et de l’environnement dans lequel ils évoluent.

Les élections ont lieu dans un contexte délicat, avec une certaine forme de mécontentement par rapport à certaines décisions prises par la présidence actuelle, vous êtes actuellement secrétaire fédérale et certains peuvent craindre une continuité, quelle est votre position à ce sujet ?
Comme évoqué plus haut, je suis la candidate de la transition. Aujourd’hui la fédération a des atouts, c’est indéniable, mais elle a aussi des choses à améliorer. J’ai bien pris la mesure de ce qu’il y a à améliorer, de ce qu’il faut changer. Pour moi c’est une opportunité d’avoir été secrétaire fédérale, car je peux mesurer ce qui fonctionne bien pour peut-être m’appuyer dessus et le développer, mais je sais aussi ce qui ne fonctionne pas bien ce qui me permet de pouvoir apporter des changements et des propositions, comme par exemple la restructuration du haut niveau, entre-autres. Pour moi c’est donc plus une force. J’accepte pleinement mon rôle de secrétaire fédérale et mon implication dans une gouvernance qui a rencontré des difficultés, notamment concernant l’image de la gymnastique et les performances sportives. Néanmoins, je suis prête à lancer et à promouvoir activement de nouvelles initiatives.

Vous parlez de la très haute performance dans votre programme, qu’envisagez-vous de mettre en place ?
Un travail collaboratif où il n’y aura pas d’intérêt personnel et où tout le monde va travailler dans le même sens. C’est de ce groupe de travail que va sortir le projet. L’athlète a besoin d’être accompagné d’un bout à l’autre de sa carrière, c’est une certitude. Il faut des parcours individualisés car chacun est différent, chacun a besoin d’environnement ou de choses différentes qui vont l’amener au plus haut niveau. C’est comme à l’école, on ne peut pas mettre tout le monde dans le même moule. Je me suis battue pendant toute ma carrière d’enseignante et de directrice d’école pour cela. Il y a des enfants qui sont différents, et là on a des gymnastes qui sont différents. C’est important d’être à l’écoute de leurs besoins et d’y répondre . C’est ce que j’appelle le parcours individualisé. Nous devons également leur apporter la sérénité dans leur entraînement et qu’ils ne soient pas sans cesse sous pression. Il faut aussi pour les plus âgés qu’ils aient une sérénité pour leur post carrière et qu’ils soient accompagnés d’un bout à l’autre, quels que soient leur cursus scolaire, qu’il soit général ou technique. Il est important de les accompagner et c’est tout cela qu’on veut mettre en œuvre. C’est dans cette direction que je veux aller. Maintenant en ce qui concerne l’encadrement, c’est trop tôt pour le dire. Un travail doit être fait afin d’identifier toutes les ressources, et c’est ce travail là qui reste à faire et qui est devant nous et qui s’ effectuera entre autres en étroite relation avec la direction technique nationale

En guise de conclusion, quels messages aimeriez-vous faire passer en cette période de campagne ? 
La fédération peut être plus forte et plus solidaire en écoutant les besoins de chacun, tout en définissant une direction commune. La liste “Au cœur de la gym” s’engage à mettre toute son énergie et toutes ses compétences au service de la fédération pour bâtir une fédération qui inspire, accompagne et soutienne ses gyms, ses clubs et ses dirigeants dans la durée, sans vendre du rêve et tout en restant dans la réalité et dans les choses possibles.

Propos recueillis par Charlotte Laroche 

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