
Médaillé de bronze du concours général aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008, Benoît Caranobe a fait partie des privilégiés qui ont ouvert la compétition de gymnastique par les Trois Coups. Retour avec lui sur cette expérience unique.
Finale du concours général GAM, on se souvient de ce matin d’août 2008, lorsque Paris se réveille, et voit l’émotion envahir la délégation française… Benoit Caranobe, aux termes d’un concours exceptionnel, vient de s’offrir la médaille de bronze du prestigieux concours général. Seize ans plus tard, c’est en invité d’honneur qu’il a pris part à ce concours général olympique, chez lui à Paris.
Le clin d’œil au Théâtre, les « Trois coups » pour lancer le spectacle
Cette mise en scène a été élaborée il y a plusieurs mois. Le COJO (Comité d’Organisation des Jeux Olympiques), guidé par la volonté de mettre les athlètes au cœur de leurs Jeux Olympiques et l’envie d’assurer la transmission et l’héritage, a sélectionné des athlètes qui ont marqué l’Histoire de leur sport. C’est ainsi qu’il y a quelques semaines, Benoît Caranobe recevait un email l’invitant à être le maître de cérémonie du concours général GAM 2024.
Affublé de son brigadier (nom donné au bâton), le gymnaste de Noisy-le-Grand était ainsi le régisseur de ce 31 juillet 2024 à Bercy.
« J’ai été très touché d’être contacté, j’ai trouvé l’idée géniale en termes de transmission et d’héritage. Ce n’est pas mon égo qui a été flatté, mais la démarche dans son ensemble », confie le champion qui a toujours été d’une humilité louée par tous ceux qui le côtoient.
Un retour 21 ans après, des émotions intactes
Les Internationaux de France, Benoit les a faits 3 fois. La dernière fois c’était en 2003, il avait fini sur une civière, la clavicule fracturée. Il s’amuse de ce retour : « au moins, aujourd’hui quand je suis passé à cet endroit, je savais que je ne risquais pas la blessure ». Mais une émotion enfouie depuis longtemps l’envahit. « J’étais stressé de ne pas être dans le rythme, mais quand je me suis retrouvé dans le SAS d’attente, face aux gymnastes prêts à entrer en compétition, j’ai ressenti ce stress d’avant compétition. Une sensation que je n’avais pas vécue depuis 16 ans. 16 années où cette sensation, où les émotions s’étaient enfouies, comme sédimentées dans le fond de moi. Les émotions se sont réveillées. C’était intense. »
Les Trois coups c’est rapide, mais c’est intense. Tout Bercy, les yeux rivés sur le régisseur, qui l’acclame, certains s’amusent à pronostiquer qui sera l’heureux élu du jour. Ces quelques secondes à l’entrée du « Field of Play » ont ravivé « des sensations et une excitation extrêmes, un truc de malade », lâche plein d’étoiles dans les yeux et dans la voix, le champion français, sous le regard tendre et fier de son petit garçon.
Vivre une compétition parmi les plus grands
Après la cérémonie des « Trois Coups », le gymnaste a rejoint les loges et les invités d’honneur de la compétition : Nadia Comaneci et Bart Conner. « Je les avais déjà rencontrés en 1997 quand nous étions allés nous entraîner avec l’Equipe de France Junior dans leur Academy aux Etats-Unis ». C’était un moment exceptionnel, pour un concours général où « comme toujours il se passe des choses, ce n’est pas forcément le favori qui s’impose. ».
De cette place de choix, il admire la salle de Bercy transformée pour l’occasion « On se sent vraiment aux JO, les couleurs sont magnifiques, les lumières choisies, on sent que les moyens ont été mis pour rendre les lieux encore plus beaux. On rêve aussi ! »
Deux semaines de parenthèse olympique dans la vie de ce passionné
Benoît avoue qu’il y a quelques semaines, ils ne ressentaient pas l’engouement olympique, mais aujourd’hui « c’est une claque, en termes d’émotion, en termes de surprises, en termes de passion, en termes d’ambiance. Je regarde tout à la télé, je vais voir ce que je peux, je profite au maximum. J’ai amené mon fils à une épreuve d’escrime au Grand Palais, ce cadre est exceptionnel, cet écrin envoie une ambiance dingue. C’est magnifique ».
En dehors des Jeux Olympiques, l’ancien gymnaste poursuit sa vie professionnelle rythmée par ses passions. À 44 ans, Benoît est gérant de sa cave à vin (17 sur vin) à Noisy le Grand, où il partage son amour, sa passion et ses connaissances pointues sur le vin et l’œnologie. Chaque jour, il propose à ses clients ce que la France a de meilleur pour les papilles. Des vins bio, des producteurs qu’il choisit, qu’il rencontre et qu’il conseille : transmettre ses connaissances pour le plaisir partagé de ceux qui prennent conseil auprès de lui.
Et depuis 10 ans, il est soliste cancan au Moulin Rouge. Chaque soir, il produit ce que la France a de meilleur et de réputé aux yeux du monde entier. « Je me fais toujours plaisir, et cela me permet de me sentir toujours sportif de haut-niveau car c’est un rythme soutenu. C’est le cadre du spectacle, mais chaque soir il faut être au top, on n’est pas évalué par des juges, on n’attend pas de note, mais ce sont les spectateurs qui nous récompensent par leurs applaudissements. Je trouve des similitudes et ressens des émotions similaires à ma carrière de gymnaste. Il y a bien sûr moins de stress, même si j’ai l’impression de lever le bras chaque soir, pour donner le meilleur de moi-même. Le public qui nous applaudit c’est très valorisant et très agréable ». Bref, Benoît Caranobe aime l’excellence au service des autres et la simplicité dans sa façon d’être.
Avant de partir, il confie que sa médaille olympique est chez ses parents, bien gardée, mais elle fait la fierté de son fils qui aime la regarder de temps en temps. La transmission d’un père à son enfant, la fierté dans le regard croisé de cette filiation.
Et en repartant, on se dit que rencontrer un garçon comme Benoît Caranobe renvoie vers une gymnastique solaire, simple et reconnaissante du passé et de l’avenir, on sent les passions qui l’animent, encore plus lorsqu’il s’émeut de se retrouver en sortant de Bercy, face à Yuri Chechi… Les idoles de l’enfance, restent les idoles pour la vie !
Article super comme Benoît,un retour émouvant sur le passé , un présent limpide et authentique,ça fait du bien.