Club organisateur des Championnats de France individuels Trophées et National C cet hiver, nous sommes partis à la découverte de GRS Fortschwihr. Nous avons été accueillis par Françoise Moulin, créatrice du club d’Alsace, région où la GR est très développée. 

Histoire et présentation du club

C’est en 1981, que GRS Fortschwihr est né. Professeur de sport au collège de la ville, Françoise Moulin avait pour option la gymnastique rythmique. Attirée par la discipline, elle a décidé de créer un club ne comptant que douze gymnastes à ses débuts. Aujourd’hui, GRS Fortschwihr a grandi et affiche pas moins d’une centaine de pratiquants. Le club est principalement orienté vers la compétition. Les groupes loisirs ne sont réservés qu’aux débutantes, ce qui correspond à une vingtaine de gymnastes, faible ratio comparé à de nombreux clubs. Toutes les autres gymnastes font à minima de la compétition en ensemble. Les jeunes filles licenciées ne sont pas toutes originaires de la petite ville de Fortschwihr, un grand nombre de communes sont représentées dans le club. Les gymnastes ont donc parfois à charge des déplacements importants. Françoise Moulin s’est entourée de onze entraîneurs, quasiment toutes anciennes gymnastes du club, qui exercent désormais à ses côtés et qui sont toutes bénévoles. 

Comme beaucoup de clubs, GRS Fortschwihr rencontre des problèmes d’infrastructures inadéquates étant données les exigences actuelles de la discipline : « Ce qui nous gêne surtout, c’est la hauteur de plafond qui est à peine à sept mètres, alors que la norme est de neuf mètres. Lorsque les grandes lancent l’engin, il tape systématiquement le plafond. Quand on leur demande de faire deux roulades ou trois roulades en dessous, ce n’est pas possible. Et le nouveau code exige que les échanges soient hauts, chose qu’on ne pourra jamais faire avant de passer dans une salle correcte », estime la créatrice du club. Mais cela n’empêche pas GRS Fortschwihr d’obtenir des résultats et de développer un style propre au club, apporté principalement par la fille de Françoise Moulin qui compose la majorité des enchaînements : « Moi je ne m’en rends pas compte, mais l’année dernière, un entraîneur de Strasbourg nous a dit ‘c’est la marque Fortschwihr’. J’étais étonnée, car on reconnait bien le style des gymnastes de la région, que ce soit celles de Pfastatt ou celles de Strasbourg ; et bien maintenant, semble-t-il on a aussi notre signature », déclare Françoise Moulin. 

Le club d’Alsace a fait fort l’année dernière. En décrochant la médaille de bronze en Division Nationale 3 à Calais, elle a été propulsée en Division Nationale 1 : « ça va être compliqué, mais on fait le pari d’y aller » avoue Françoise Moulin avant d’ajouter, « c’est une première pour le club et notamment pour un petit club comme le notre. Obtenir une médaille aux France, c’est génial, mais en plus, se fait parachuter en Nationale 1, ça va permettre de faire connaître Fortschwihr. Beaucoup de clubs ne nous connaissent pas ». Pour autant, le club ne dispose pas d’un volume horaire suffisant pour faire progresser correctement des gymnastes au bon potentiel. C’est pour cela que ces jeunes filles sont envoyées à des stages organisés par la région : « le problème c’est que lorsqu’on arrive dans ces fameux stages, on se rend compte de l’écart entre les filles qu’on a formées qui ont 4h d’entraînement semaine et les filles qui s’entraînent au pré-pôle, à Pfastatt ou à Strasbourg et qui doivent avoir entre 10 et 15h de cours », regrette Françoise ajoutant « elles sont loin d’être ridicules parce que les qualités elles les ont, mais par contre, on sent un manque dans la qualité du travail, parce qu’elles n’ont pas assez d’heures pour progresser à la vitesse des autres. Deux petites de Fortschwihr sont parties en stage à deux reprises à Strasbourg avec les meilleures du Grand Est. Eh bien j’étais scotchée, parce qu’elles ne se sont pas démontées, même si c’était dur. Ceci dit, j’ai vu la différence. La semaine d’après, j’avais l’impression qu’elles avaient gagné un mois d’entraînement, grâce à tout ce qu’elles ont vu et qu’elles ont pu faire, elles étaient transformées. » 

DN Fortschwihr
Françoise Moulin entourée de la DN3, médaillée à Calais en mai 2022

Organiser un Championnat de France en Alsace 

Le club de Fortschwihr avait une grande envie d’organiser un Championnat de France, mais ne s’étant jamais lancés, les membres du club étaient quelque peu réticents, jusqu’à ce qu’Agnès Lichtlé, présidente du comité du Grand Est de gymnastique, leur conseille de postuler, voyant la grandeur de la salle de la ville.
Aucun problème pour le club d’obtenir l’accord de la ville, habituée à l’organisation de plus petites compétitions par GRS Fortschwihr qui se sont toujours bien déroulées. « On a obtenu le Championnat et depuis, on est sur la brèche pour préparer tout ça, parce que c’est quand même une sacrée logistique, même si on se sert de l’expérience qu’on a eu en organisant les régions l’année dernière. Sauf que là, c’est le Championnat de France, on n’a pas droit à l’erreur », affirme Françoise Moulin. En effet, l’évènement a fait venir 480 gymnastes de toute la France. Le club a d’ailleurs réussi à qualifier cinq gymnastes pour ce Championnat, qui ont pu concourir à domicile.

Tous les entraîneurs et les gymnastes majeures du club ont été mobilisés pour l’événement durant les trois jours. Une grosse organisation pour l’équipe organisatrice qui doit jongler avec les emplois du temps des quatre-vingt bénévoles, sachant que trois points de restauration étaient prévus sur le site. Beaucoup de parents ont apporté leur renfort en dernière minute, permettant à la compétition de se dérouler parfaitement.
Françoise Moulin a réalisé que rien ne peut être oublié lors d’une telle préparation : « Mon plus gros souci, c’était l’installation de la salle de compétition, mais finalement ça a été. Il faut penser à tellement de choses. On est habitué au minutage, qu’on a d’ailleurs proposé à la Fédération et qui a été accepté, au podium, aux médailles, aux cadeaux. On a trois petites qui seront habillées en Alsaciennes pour remettre les médailles, parce qu’on est en Alsace. Ce sont des petites choses qu’il faut anticiper. » Autre crainte du club, et pas des moindres, le budget. En effet, GRS Fortschwihr espère faire des bénéfices sur le Championnat, car rien que le coût de la salle représente une somme que le club ne peut débourser sans entrée d’argent : « Ce sont les entrées et la restauration qui vont nous ramener de l’argent, parce que le reste, les engagements par exemple, ce n’est pas pour nous » rappelle Françoise. 

GRS Fortschwihr est reconnu dans le Haut-Rhin, mais l’organisation des France permet aujourd’hui de participer à la notoriété du club à l’échelle nationale ; c’est ainsi que la fondatrice du club confie : « Je trouve que c’est une très belle aventure. Je pense que c’est quelque chose dont on va se souvenir longtemps. Pour le prestige du club et pour la beauté de ce sport, c’est bien qu’on puisse ouvrir les portes à des gens qui vont venir voir le spectacle ». Le dimanche, le club a d’ailleurs enrichi le spectacle de démonstrations offertes par les gymnastes du pôle de Strasbourg. Et pour montrer que la discipline est ouverte à tous, une jeune fille du club de Guebwiller a fait une petite prestation, mettant en valeur la section « GR adapt » pour les gymnastes avec un handicap moteur.

L’Alsace a été et reste encore aujourd’hui une région très performante de la discipline. Plutôt rivalité ou soutien entre les clubs du Grand Est, Françoise Moulin nous donne son avis : « Je trouve que ça a énormément évolué. On s’est toujours bien entendu, mais c’est vrai qu’à une époque, c’était un peu chacun pour soi. Il y avait une petite rivalité, mais pas malsaine ; c’était un peu normal. En revanche, depuis quelques années, il y a une entraide ». En effet, Fortschwihr peut bénéficier parfois du gymnase de Pfastatt, bien plus grand que le leur. Des stages sont organisés dans la région pour les coupes formation 3, pour les nationales 10-11 ou encore pour les qualifiées aux Championnats de France. Cela crée une entente entre les gymnastes des clubs de l’est que Françoise Moulin salue. L’entraîneur du club dit tenter de faire passer des articles pour se faire connaître, dans une région où la GR est bien mise en valeur : « La gymnastique rythmique en Alsace est connue. Il n’y a pas beaucoup de gens à qui vous allez demander ‘c’est quoi la gymnastique rythmique’ et qui ne vont pas savoir vous répondre. Je le pense sincèrement. Mais si dans le Bas-Rhin, il n’y a pas moins d’une quinzaine de clubs, dans le Haut-Rhin, on est que quatre : Guebwiller, Saint-Louis, Pfastatt et Fortschwihr ». 

Si l’ambiance dans l’est est aujourd’hui à l’entraide, la cohésion au sein de GRS Fortschwihr est tout aussi agréable. Se retrouvant toujours à l’issue des entraînements pour fêter les occasions, c’est un club dont on peut facilement remarquer la convivialité. C’est ainsi que Françoise Moulin conclue : « les gymnastes viennent en général avec le sourire et repartent toujours avec le sourire ». 

Françoise Moulin
Françoise Moulin (à droite)
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