Samir Aït Saïd, quatrième aux anneaux aux JO de Paris 2024, repart pour un cycle olympique : “J’aime trop la compète, j’ai besoin de ça dans ma vie”

Photo ©CNOSF/KMSP

C’est le pas lourd, sac de sport sur l’épaule et le visage triste que Samir Aït Saïd s’est présenté devant la presse en zone mixte, quelques minutes après s’être classé quatrième de la finale anneaux des Jeux Olympiques de Paris 2024, manquant le bronze pour un dixième de point. Un résultat difficile à digérer, une médaille qui lui a une nouvelle fois échappé mais qu’il compte bien décrocher, dans quatre ans, à Los Angeles.

Désolé… je m’excuse“. Ce sont les premiers mots donnés par Samir Aït Saïd. Lui, le survivant, qui s’est toujours relevé malgré les coups durs. Lui qui en 2012, à quelques semaines des Jeux de Londres, se blessait au tibia aux championnats d’Europe, compétition inscrite dans le processus de sélection olympique. Quatre ans plus tard, à Rio, il marquait le monde entier par son impressionnante blessure au saut de cheval, lors du premier jour de compétition. Mais une nouvelle fois, il s’en était relevé. À Tokyo, il terminait quatrième de la finale anneaux, annonçant quelques instants après qu’il s’était lourdement déchiré le biceps quelques jours plus tôt.

Cette fois-ci, à Paris, chez lui, sur ces Jeux à la maison, rien ne semblait pouvoir se mettre sur son chemin. “Je ne me suis jamais senti aussi fort de ma vie” , a-t-il expliqué. “Je ne me suis jamais senti aussi prêt de ma vie. J’ai mal nulle part, je me sens puissant. Je suis désolé, désolé, désolé” , répétait-il. “J’ai fait une contre perf, j’ai rien d’autres à dire à part pardon. J’ai fait mon taffe, je suis deg, je suis triste, je suis déçu, je m’en veux.”

Quatrième à un dixième du grec Eleftherios Petrounias, troisième, Samir Aït Saïd a obtenu la meilleure note d’exécution de la finale (8,900), à égalité de points avec le chinois Liu Yang, sacré champion olympique. Mais la note de difficulté aura finalement fait la différence et permit aux médaillés de lui passer devant. Et alors qu’il avait annoncé présenter un plus gros mouvement en finale, il a finalement été convenu qu’il présente le même mouvement qu’aux qualifications. “Le staff a décidé de rester sur ça” , éclaire-t-il. “Je ne leur en veux pas, je comprends leur décision. Ils se sont dit un dixième sur la note de départ, est ce que c’est forcément légitime, tu peux en perdre trois à l’arrivée. Il faut être le plus parfait possible.”

Un mouvement maîtrisé, parfaitement exécuté, jusqu’à la réception, pilée. Alors à cet instant précis, il avait envie d’y croire, laissant éclater sa joie. Dans une Accor Arena qui exultait. Jusqu’à ce que le couperet tombe… Samir Aït Saïd, est 4ème. La joie laisse la place à la déception. La tristesse. L’amertume. “J’ai été très surpris de la note” , a-t-il confié. “Beaucoup de mes concurrents sont venus me voir en disant ‘franchement je ne comprends pas’. Mais ça ne m’étonne même pas, je m’étais préparé, c’était dans un coin de ma tête. J’ai espéré jusqu’au bout, car je suis quelqu’un qui n’abandonne jamais. Quand j’ai pilé, je me suis dit peut-être, peut-être, peut-être… et quand j’ai vu qu’ils mettaient un peu de temps à sortir la note, j’ai dit ça pue, c’est pas bon.”

Son ressenti aura été le bon. “Quand j’ai vu que j’étais 4ème, j’avais du mal à réaliser. On a fait comme à Tokyo, Chine, Chine, Grèce, France…” énumère-t-il avant de reprendre : “Mais pas chez moi, non pas ici...”

Focus sur Los Angeles 2028
Malgré sa vive déception, le spécialiste français des anneaux s’est vite projeté vers l’avenir. Comme à son habitude. Jamais regarder derrière, toujours rebondir vers l’avant. “Deux fois de suite j’arrive avec une médaille en chocolat. Une chose est sure, je vous avais donné ma parole que j’allais revenir pour Tokyo, je vous avais redonné ma parole que j’allais revenir pour Paris, et je serai encore là à Los Angeles (aux Jeux Olympiques 2028). Je repars pour quatre piges ! D’autres sportifs m’ont dit qu’il ils remettaient le couvert… moi aussi !

A Tokyo, j’étais déçu mais je m’étais péter (le biceps)” , complète-t-il. “Là j’ai rien, je suis en forme, j’ai mal nulle part, j’ai échoué, je n’ai aucune excuse. Le seul perdant, le looser c’est moi. J’avais mal à la jambe, je me suis battu ok, je me suis pété le biceps à Tokyo, j’ai perdu ok, mais là j’avais rien, j’ai perdu, mais je ne lâcherai rien” , lance-t-il, retrouvant cette hargne et cette gnaque qui le caractérisent dans le regard. Une frustration, une déception, une amertume, qu’il compte désormais utiliser comme nouveau moteur pour ce nouveau cycle olympique. “Il va falloir que je me batte encore avec certaines personnes, mais pour une médaille olympique, je suis prêt à le faire. J’aime trop la compète. J’aime trop ça. Cette pression-là, elle me transcende, j’ai besoin de ça dans ma vie.”

Le rendez-vous est donc pris pour dans quatre ans…


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