Élections FFG – Raphaël Lecerf : “L’expérience ne dépend pas de la popularité mais de nos connaissances, de notre parcours, notre vécu”

Président du comité régional de Normandie depuis 2017, Raphaël Lecerf, tête de la liste « CapGym », se porte candidat à la présidence de la Fédération française de gymnastique. Alors que la campagne s’est officiellement ouverte fin septembre avec la publication des listes sur le site de la FFGym, Spot Gym donne la parole aux différentes entités. Après Dominique Mérieux, tête de liste « Au coeur de la gym », c’est au tour de Raphaël Lecerf de s’exprimer.

Spot Gym : Vous êtes candidat à la présidence de la Fédération française de gymnastique, une candidature que vous aviez annoncée il y a un peu plus d’un an, le 29 avril 2023, avant d’entrer plus en détails dans la présentation de votre projet, pouvez-vous vous présenter, revenir sur votre parcours et sur le lien que vous avez avec la gymnastique ?
Raphaël Lercerf :
 La gymnastique m’accompagne depuis mon enfance. J’ai commencé la gymnastique artistique masculine dans un petit club de Normandie à mon entrée au collège, avant d’intégrer la section sports études de La Sottevillaise en troisième. C’est à cette époque-là que j’ai commencé à performer et j’ai matché jusqu’en Nationale 2. J’ai également pratiqué la GAC et le trampoline. En parallèle de mes études supérieures, j’ai également été éducateur sportif et responsable technique sur le club de Tempo Gym à Elbeuf, puis j’ai été responsable des juges GAM sur la zone Nord avant de devenir DTG du comité départemental de Seine-Maritime en 2004 puis président de ce même comité en 2012. J’occupe désormais le poste de président du comité régional de Normandie depuis 2017, et en parallèle j’exerce le métier d’enseignant en EPS. Je pense d’ailleurs que c’est un atout pour moi : je suis en activité, en prise avec les réalités et je vois la société évoluer de l’intérieur.

Quelles compétences spécifiques pensez-vous pouvoir apporter si vous êtes élu président de la FFG ?
Par mon parcours, j’ai une vision panoramique de l’ensemble des disciplines. J’ai été gymnaste, juge trampoline, je suis toujours juge GAM, j’ai été formateur (de juges et d’entraîneurs, en BPJEPS, à l’IUFM/rectorat, ou encore en STAPS), président d’un comité départemental, je suis aujourd’hui président d’un comité régional, toutes ces fonctions me permettent donc d’avoir une expérience significative dans de nombreux domaines. Les nombreux projets menés, mon dynamisme et l’accompagnement des équipes sont d’ailleurs une véritable fierté pour moi. Je suis un manager qui sait motiver, insuffler de nouvelles idées et tirer vers le haut.

Je suis également quelqu’un de franc, à l’écoute, qui cherche le consensus et qui sait s’entourer, car je ne prétends avoir toutes les compétences. D’ailleurs il ne s’agit pas de savoir quelles sont mes compétences mais plutôt de savoir quelles sont les compétences de l’ensemble de la liste CapGym. Car cette équipe, par les parcours et expériences propres à chacun, a toutes les ressources et compétences nécessaires pour mener à bien notre projet, l’énergie et la fraîcheur en plus.

Comment a été constituée votre liste Cap Gym ? 
Notre liste est constituée de personnes de différents horizons. D’extérieur, il peut sembler qu’il y ait un manque d’expérience, c’est une remarque que l’on m’a parfois faite, mais ce n’est absolument pas le cas. En effet, l’expérience ne dépend pas de la popularité, elle dépend de nos connaissances, de notre parcours, notre vécu. Notre liste est en effet constituée de personnes qui sont toutes expérimentées sur leur territoire, avec des compétences dans un domaine spécifique. Nous avons des présidents de clubs, des présidents départementaux, des présidents de comité, d’anciens gymnastes, des entraîneurs, mais également des personnes reconnues l’échelle nationale et internationale et déjà impliquées dans différentes instances. En parallèle c’est vrai qu’il y a aussi des personnes complètement “neuves” mais qui ont néanmoins un champ de compétences très prononcé, à l’image par exemple d’Aurélie Malaussena, ancienne gymnaste capitaine de l’équipe de France et olympienne aux Jeux de Londres en 2012. Elle a une connaissance fine et pointue de la gymnastique de haut niveau, et surtout elle a une sensibilité qui correspond aux ambitions de notre projet, notamment pour tout ce que nous souhaiterions mettre en place sur le suivi des athlètes, l’accompagnement pendant la carrière et l’accompagnement en post carrière.  La reconversion des athlètes de haut-niveau est d’ailleurs un sujet qui m’importe particulièrement. Tout comme les aspects de formation initiale et tout au long de la vie.

Il y a aussi des personnes moins connues, moins mises en avant, mais tout aussi compétentes, notamment pour tout ce qui concerne la gym pour tous et l’ensemble des pratiques de loisir. Ce sont des profils qui disposent tous de solides qualités et connaissances pour construire une fédération meilleure et plus humaine. C’est une véritable satisfaction d’avoir pu rassembler toutes ces personnes autour du projet Cap Gym. Une liste variée qui permet l’émergence de personnes, de personnalités et de compétences.


Lire aussi

→ Retrouvez ici le projet “CapGym” : cliquez ici
→ Retrouvez ici la plaquette “CapGym” : cliquez ici 


Vous êtes vous retrouvés confrontés à certaines difficultés pour constituer votre liste ? 
Oui, ne faisant pas partie de la liste sortante, je ne bénéficiais pas du capital de notoriété suffisant. J’avais donc besoin de faire un premier tour de France et rencontrer les personnes qui auraient pu être intéressées, adhérer à ma vision plus transparente de la gymnastique et rejoindre notre projet, me permettant ainsi de constituer notre liste. Malheureusement, ce que je considérais être un préambule à une campagne future (constituer une liste est bien différent de «faire campagne») m’a été interdit. Je n’ai donc pas pu échanger et exposer mes idées, à la mesure de ce que j’aurais voulu, au risque de voir ma candidature invalidée.

Ensuite, je ne vais pas le cacher, quelques personnes m’ont avoué ne pas oser s’associer à moi par peur de représailles et de voir certaines de leurs ambitions personnelles s’éteindre en cas de défaite. C’est donc un sujet qui pose question car ça ne participe pas à la vie démocratique. Je ne blâme pas ces personnes-là mais j’aurais préféré entendre qu’on ne souhaitait pas nous rejoindre car nos idées ne leur correspondent pas plutôt que d’entendre que c’est par peur des représailles.  Constituer ma liste a été un parcours semé d’embûches. Je suis donc particulièrement heureux d’avoir auprès de moi tant de personnes pertinentes et motivées. Entre une ligne de départ qui, de fait, n’est pas la même pour chacun et les bâtons dans les roues auxquels j’ai dû faire face, je mesure que ma force de conviction et ma détermination ont porté leurs fruits. C’est une grande satisfaction d’autant que je vois bien que mes idées ont été très favorablement accueillies partout en France.

Comment votre projet s’est-il construit ?
Notre projet s’est construit autour de plusieurs axes avec au départ un collectif de plusieurs personnes avec qui nous avons élaboré un premier diagnostic afin de dégager nos ambitions. Ce travail en équipe restreinte a forgé une première base solide et idéale.

Puis nous nous sommes déplacés sur le territoire, à la rencontre des clubs et des comités afin de recueillir leur parole. Une plateforme collaborative a également été mise en place afin que tous ceux qui le souhaitaient puissent apporter leurs idées. Nous nous sommes appuyés sur tous les retours que nous avons pu obtenir pour ensuite construire notre projet. Un projet construit à partir de la vision des clubs, des départements et des régions afin de proposer un projet de terrain, humain et collectif.

Quelles sont vos priorités ?
La première des priorités, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je me suis engagé, est de faire évoluer la fédération. D’avoir une vision plus humaine. Je ne me satisfais pas du manque d’humanité dans les relations de la fédération actuelle et je crains le statu-quo.

 Donc l’une de nos priorités est de faire en sorte d’avoir plus de proximité avec l’ensemble des acteurs de la gymnastique, dans un sens large, à savoir les structures déconcentrées, les gymnastes, les clubs, et d’avancer tous ensemble, dans le même sens, en partageant le même projet et la même vision de la pratique de la gymnastique.

Dans ce contexte, nous travaillerons étroitement avec les structures déconcentrées et les territoires seront consultés pour la bonne mise en place du projet. Aujourd’hui, il n’y a pas de relations assez régulières avec les territoires, c’est un vrai manque. Ce que nous souhaitons c’est donc travailler de façon étroite avec des corps intermédiaires : un corps intermédiaire de juges, d’éducateurs, de représentants de clubs pour faire émerger des problématiques régulières et que celles-ci puissent être traitées. Il est important d’avoir des retours du terrain pour évoluer, avancer et progresser.

Et l’une de nos priorités et c’est d’ailleurs un point que je mets en avant depuis l’annonce de ma candidature : le faire fédération en développant un fort sentiment d’appartenance en recréant du lien avec le licencié et les clubs, en redonnant du sens à la licence et à l’affiliation FFG. Que les clubs soient équitablement considérés et retrouvent un intérêt d’être à la FFG, donc cela passera par un travail sur l’offre de pratique, sur le prix de la licence, et sur le développement du lien avec les clubs.

Justement concernant le prix de la licence, c’est un sujet, quelle est votre position ? 
On a une proposition par rapport à ça, c’est compliqué de s’engager sur une baisse du prix de la licence et ce n’est pas ce qu’on fera surtout que cela mettrait en péril la fédération. Mais il est important pour nous de répondre à cette problématique. Nous souhaitons que le tarif de la licence corresponde à la pratique des licenciés donc notre proposition est de faire trois tarifs : un tarif non pratiquant, un tarif pratiquant loisir et un tarif pratiquant compétition. Notre engagement est de rester sur le tarif fédéral actuel qui est de 26,5€ et on bloquera le tarif de la licence loisir qui augmente depuis de nombreuses années mais que nous nous engageons à ne pas augmenter. Et si on doit l’augmenter, on l’augmentera uniquement pour les compétiteurs qui représentent 10% des licenciés et qui ont un volume horaire d’entraînement beaucoup plus conséquent que les loisirs.

Comment comptez-vous compenser le manque à gagner ? 
L’idée est d’aller chercher des solutions ailleurs en développant davantage les partenariats. Aujourd’hui il faut savoir qu’on est à 200 000€ de partenariats. Il y a 12 ans ils représentaient un budget de 800 000€, donc si par le passé, on y arrivait cela prouve que ce n’est pas impossible. On mettra donc en place une cellule commerciale qui sera en charge d’aller chercher spécifiquement des partenariats pour la fédération, mais aussi de travailler sur la recherche de la collecte de la taxe d’apprentissage pour l’académie France gymnastique et d’assurer une veille pour répondre à l’ensemble des appels à projet qui peuvent exister sur le territoire.

Dans votre programme, vous évoquez également la restructuration du haut-niveau, que proposeriez-vous ? 
En effet au regard des résultats aux Jeux Olympiques, et même au-delà, il est important de restructurer le haut-niveau. C’est un sujet qu’il est important de s’approprier. Notre stratégie est de créer un maillage territorial pour l’ensemble des disciplines et de s’appuyer à la fois sur les pôles bien sûr mais également sur les clubs, les clubs formateurs, les centres d’entraînement Top 12 qui seront alors identifiés comme des structures de haut-niveau. On les accompagnera pour qu’elles puissent être les plus performantes possible et puissent être en mesure de faire émerger des gymnastes de haut-niveau sur le territoire et ainsi éviter aux jeunes gymnastes et même aux plus âgés de devoir quitter leurs repères et leurs proches pour pratiquer la gymnastique de haut-niveau. On veut rompre avec ce système. On accompagnera les gymnastes mais également les entraîneurs afin de créer une nouvelle dynamique et assurer un suivi au niveau fédéral, afin de retrouver et conserver une unité. C’est vraiment la qualité de vie et le bien-être du gymnaste qui sont au cœur de cette réflexion.

D’autres part, ce que nous envisageons c’est de ne plus accorder la prérogative exclusivement au DTN et qu’il ait une vision plus globale de la fédération. Notre stratégie vise également à repositionner un DTN adjoint en charge du haut-niveau ainsi que des directeurs de haut-niveau par discipline en faisant évoluant leur poste. Qu’ils deviennent des team manager et qu’ils soient là pour accompagner le réseau des directeurs de la performance qui seraient basés sur l’ensemble du territoire auprès des structures de haut-niveau identifiées. Nous souhaitons également nommer un entraîneur national pour sélectionner l’équipe nationale sur la base de critères qui seront définis à l’avance et surtout appliqués. Enfin, je voudrais que nos gymnastes de haut-niveau soient plus visibles et valorisés. Ils sont un moteur et une fierté.

Dans votre programme, vous placez également les licenciés et les clubs au coeur de votre projet, qu’est-ce qui motive cet engagement ? 
Aujourd’hui nous sommes là pour le licencié, c’est le coeur de notre réflexion et ça devrait l’être pour tout le monde. Ce qui me tient à coeur c’est aussi la fédération. Il faut qu’on travaille avec le licencié et chaque acteur de la gymnastique. Il faut que chacun soit un ambassadeur de la fédération et soit fier d’y appartenir. Aujourd’hui, ce sont des choses qu’on a perdu. Cela passe également par le fait de considérer les gymnastes dans leur diversité et leur permettre de pratiquer la discipline qu’ils aiment tout en s’ouvrant aux esthétiques émergentes.

En guise de conclusion, quels messages aimeriez-vous faire passer ?
J’aimerais dire qu’on peut changer les choses, que rien n’est figé. J’encourage toutes les personnes à regarder précisément les propositions que nous faisons afin qu’elles se fassent leur propre avis sur notre projet. Il n’y a aucune fatalité. Le changement peut se faire maintenant. Notre projet se veut humain et veut redonner à la gymnastique et à la fédération la place qu’elles méritent.

Propos recueillis par Charlotte Laroche 

Article précédentBela Karolyi, mort d’un géant
Article suivantTop 12 GAM-GAF : le calendrier de la saison

LAISSER UN COMMENTAIRE

Merci d'inscrire votre commentaire !
Merci d'indiquer votre nom