Si vous avez déjà regardé un championnat ou un tournoi de gymnastique rythmique, il se peut que certaines particularités aient pu vous sembler complexes. Combien de titres peuvent décrocher les gymnastes lors d’un Championnat du monde ? Comment se décompose la note finale ? Qu’est-ce que le concours par équipe ? Partons à la découverte des compétitions internationales de GR, afin que plus jamais vous ne vous posiez ces questions.
Le Championnat du monde qui a eu lieu en septembre dernier à Sofia, a marqué la fin de la saison 2022. Une période de pause commence, jusqu’aux premières grandes compétitions internationales qui débuteront fin février, début mars. Cela n’empêche cependant pas les gymnastes de participer à des tournois internationaux de moins grande envergure (organisés majoritairement par des clubs). Si habituellement, la saison s’ouvre avec le Grand Prix de Moscou, la situation géopolitique oblige l’annulation de cette rencontre en 2023. L’année débutera donc avec la Coupe du monde d’Athènes du 17 au 19 mars 2023.
Mais alors quelles sont les différents types de rencontres internationales ?
Coupes du monde (World Cup), grands prix, tournois, Championnat du monde, championnats continentaux, Jeux Olympiques, on peut être perdu dans l’organisation de ces différentes compétitions, d’autant plus que chacune possède ses propres modes de qualification et de classement.
Les Coupes du monde et les Grands Prix sont des rendez-vous privilégiés, car ils réunissent les meilleures gymnastes du monde, leur permettant de s’illustrer et de se positionner au classement mondial. La différence entre ces deux événements est que les Grands Prix ne sont pas organisés par la Fédération Internationale de Gymnastique. La France organise chaque année un Grand Prix dans la ville de Thiais, une date que les passionnés ne ratent jamais. Les World Cup ne sont pas très nombreuses, elles se déroulent chaque année dans les mêmes villes (Athènes, Pesaro, Sofia, Tashkent et Baku) et aboutissent à une « ranking list » (établie par l’addition des trois meilleures compétitions, aussi bien pour les individuelles que pour les ensembles). Chaque nation peut présenter deux gymnastes individuelles, à la condition qu’elle était classée parmi les dix-huit meilleures du concours général des derniers Championnats du monde. Les autres fédérations ne peuvent présenter qu’une seule gymnaste. Pour les ensembles, ce sont uniquement les seize premiers qui participeront aux côtés de l’ensemble du pays hôte, s’il ne figure pas dans ce nombre. Selon le même schéma, il existe les Coupes du monde Challenge. Organisées également par la FIG, elles conduisent aussi à un classement mondial.
La sélection des gymnastes françaises qui participent à ces compétitions est faite par la directrice du haut-niveau GR de la FFGym. Sont pris en compte les performances des gymnastes aux tests réalisés à l’INSEP, à la revue d’effectif, au Championnat de France Élite ou encore lors des dernières compétitions internationales. De la même façon, s’opère la sélection pour les Championnats du Monde et d’Europe.
Les qualifications pour les prochains Jeux Olympiques ont commencé il y a un mois à Sofia. Ainsi, une gymnaste italienne, une gymnaste allemande et une gymnaste bulgare sont d’ores et déjà qualifiées pour les JO. Il en va de même pour les trois ensembles médaillés à ces derniers mondiaux. Le prochain enjeu sera les Championnats du monde en août 2023, où les quinze meilleures individuelles décrocheront leur place pour Paris (à raison de deux gymnastes maximum par pays). En ensemble, cela est quelque peu différent. Seules les meilleures ensembles ayant concouru aux Championnats de Monde de 2022 pourront participer à ceux de 2023, et parmi ceux-ci, cinq seront qualifiés pour les JO. Quelques dernières places pourront être saisies lors des Championnats continentaux. Pour résumer, à l’issue des deux prochaines saisons, vingt-quatre gymnastes individuelles et douze ensembles seront qualifiés pour Paris 2024.
Comment se déroulent ces compétitions internationales ?
Les Championnats du monde et d’Europe se déroulent sur cinq jours. Les deux premiers jours ont lieu les qualifications. Chaque pays doit présenter huit exercices proposés par deux (ou trois) gymnastes individuelles (deux enchaînements au cerceau et au ballon le premier jour et deux autres aux massues et au ruban le lendemain). À l’issue de chacune de ces journées, les huit meilleures individuelles participent à la finale par engin qui a lieu le soir même. Ainsi, dès le deuxième soir, les Championnes du monde par engin sont dévoilées. Après un court repos d’une journée, les dix-huit premières du classement (en comptant les trois meilleures notes de chacune) participent au concours général et présentent leurs quatre engins. Sera alors déterminé le classement mondial et la Championne du monde. La compétition des ensembles débute le troisième jour avec le concours général. Chaque nation présente deux exercices différents. Un palmarès est établi avec le total des deux compositions. Le top 8 de ce classement se retrouve le dernier jour pour les finales par engin.
Ces championnats attribuent donc aux individuelles un titre par engin (quatre au total) et un titre pour le concours général (total des quatre engins). Les ensembles peuvent remporter une médaille pour le concours général et une médaille par composition (deux au total). Un dernier titre est décerné pour le concours par équipe (ou « par nation ») qui se fait à la fin de la compétition. Il est le résultat du classement des deux individuelles du pays et de celui de l’ensemble au concours général.
Aux Jeux Olympiques, un seul titre individuel est décerné lors de la finale réunissant les dix gymnastes arrivées premières des qualifications, présentant leurs quatre enchaînements. De même, les huit meilleurs ensembles des qualifications participent à la finale pour tenter de gagner, avec leurs deux passages, l’unique titre.
Lors des World Cup et des World Challenge Cup, il y a plus simplement un concours général individuel et ensemble qui sert de qualification pour les finales par engin (faisant s’opposer huit individuelles et huit ensembles).
Qui sont les gymnastes qu’il ne faut pas rater ?
La Russie a toujours été la grande nation de la gymnastique rythmique. Ne participant plus aux compétitions internationales, c’est dorénavant l’Italie qui domine de nombreux championnats. Possédant un ensemble de talent et une individuelle, Sofia Raffaeli, qui a remporté presque toutes les épreuves en septembre dernier, l’Italie a été sacrée Championne du monde 2022 par équipe. Il est vrai que ce pays a toujours fait partie des meilleurs, ce qui est moins le cas pour l’Allemagne qui certes, peine encore en ensemble, mais qui a présenté à Sofia deux individuelles s’étant classées troisième et quatrième du concours qualificatif : Darja Varfolomeev et Margarita Kolosov. L’Israël est une nation à suivre avec attention ; elle possède deux excellentes individuelles Daria Atamanov et Adi Asya Katz, ainsi qu’un ensemble vice-champion du monde cette année. L’Espagne aussi se démarque avec Alba Bautista et l’ensemble troisième mondial. Il ne faut enfin pas oublier la Bulgarie, Championne Olympique en titre en ensemble, qui continue de remporter des titres malgré un renouvellement complet des membres du groupe. Avec la très bonne performance de Stiliana Nikolova en individuel, la Bulgarie aurait dû monter sur le podium des nations, hors Boryana Kaleyn, la deuxième individuelle, était forfait du championnat.
Du côté de nos françaises, l’ensemble progresse et peut prétendre à participer à des finales régulièrement. En individuel, Hélène Karbanov, Lily Ramonatxo et Maëlle Millet sont les trois gymnastes prometteuses de l’équipe de France.
Quels engins les gymnastes présentent en compétition ?
Les individuelles séniores ont quatre enchaînements à présenter : un au cerceau, un au ballon, un aux massues et un au ruban. Ceux-ci ne changent plus selon les années, contrairement aux ensembles séniors qui présentent deux exercices : un avec des engins mixtes et un autre avec les cinq mêmes engins. Les programmes d’engins ensembles changent environ tous les deux ans. Ainsi, de 2022 à 2024, les séniores ont à préparer une composition aux cinq cerceaux et une aux trois ballons deux rubans.
La corde ne fait plus partie des programmes séniors pour des raisons télégéniques. Encore présente il y a peu de temps chez les juniores individuelles, elle ne figure plus qu’en ensembles juniors.
Comprendre la note finale
La note de chaque exercice se décompose en trois parties, attribuées chacune par des juges différents. Premièrement, la note d’exécution, notée sur dix points. Chaque faute d’exécution corporelle ou à l’engin (une jambe pas assez tendue, un équilibre non tenu, la chute d’un engin, une désynchronisation en ensemble) engendre un pénalité propre qui est déduite des dix points de base. Ensuite, vient la note artistique, qui, de la même façon s’obtient par la somme des pénalités soustraite à dix points. Bien qu’elle relève d’un jugement plus subjectif, la note suit un tableau de pénalités établies (l’expression, le rapport entre les mouvements et la musique, l’espace, la variété). La dernière composante de la note finale est la note de difficulté, elle-même découpée en deux parties : les difficultés corporelles et les difficultés d’engin. En individuel, les difficultés corporelles regroupent les sauts, les pivots et les équilibres, tandis que les difficultés d’engin concernent les lancers (appelés « R ») et des manipulations qui suivent un certains nombre de critères. En ensemble, on retrouve les difficultés corporelles comme en individuel, mais à l’engin doivent être présentés des échanges en lancers et des difficultés de collaboration entre les gymnastes.
La note de difficulté est ouverte depuis quelques années, c’est à dire qu’il n’y a pas un maximum de points à avoir. Si ce règlement permet de faire la différence sur la technique, il a pour conséquence une course aux points constante et une diminution de la composante artistique.