En novembre 2022, Théo Fournex était fêté par la famille du tumbling, il raccroche ses tempos et les acrobaties pour embrasser une carrière professionnelle prometteuse. Quelques mois plus tard, il est rattrapé par le démon d’Icare et il atterrira à Montréal devant la porte du Cirque du Soleil. Retour sur un parcours plein de rebond(issements).

Ce qui est frappant lorsqu’on écoute Théo retracer sa carrière, son parcours, c’est le point d’honneur qu’il met à citer toutes les personnes qui l’ont accompagné. Il a pour chacune d’elle une reconnaissance. Il est également bercé par une passion transmise par son éducation familiale et sa filiation avec son entraîneur de presque toujours dans le tumbling Hamidou Bensmaine. Hommages vibrants entre deux enthousiastes, reconnaissants pour les mains tendues, un vrai duo de choc.

Pour Théo, c’est à Saint-Gaudens, sous-préfecture de la Haute-Garonne, au pied des Pyrénées que tout a commencé. Sur les pas de sa grande sœur Margaux, la gymnastique lui a ouvert les bras… mais un peu par hasard malgré tout !

Lors d’une fête des sports, alors qu’il est tout jeune, il échappe à l’attention de sa famille pour rebondir sur une piste gonflable. Il est immédiatement repéré par Cathy Heuillet, entraîneur au club des Saint-Gaudinois qui le dirige vers la baby-gym au gymnase Henri Comellas.

La folle route entre le Comminges et Toulouse
Théo a toujours une appétence pour l’acrobatie. Petit, il passait ses journées à sauter sur les trampolines dans le jardin familial… Trampolines successifs tellement il les usait. Il accrochait nettement moins lorsqu’il s’agissait de faire de la préparation physique, des arçons ou des anneaux ! Malgré tout ça, dès son entrée en compétition, il se qualifie pour les Championnats de France individuels en 2008. Il n’a pas 10 ans et déjà il est admiratif lorsqu’il découvre les programmes des gymnastes de son âge. Tellement admiratif, qu’il arrête son entraînement pour les regarder, les admirer, s’en inspirer. « Je me souviens que je fais une super compétition, j’étais ultra fier de moi, mais je finis avant dernier » ! Le proverbe dit qu’on ne perd jamais, soit on gagne, soit on avance, ce jour-là, il a beaucoup appris, il en a pris « plein les mirettes » et surtout il a défini les valeurs qui ont construit sa carrière « l’admiration, le respect ».

Il poursuit son évolution en gymnastique mais, conscient de sa préférence et son aisance acrobatique, son entraîneur Denis Martin lui concocte, un après-midi, une surprise. Une surprise qui change littéralement sa vie. L’entraîneur avait pour habitude de venir chercher Théo à la sortie du collège pour rejoindre l’entraînement… Mais en ce mercredi la route s’est transformée en autoroute, et le gymnase saint-gaudinois a laissé place au COSEC de Toulouse. Il allait y découvrir le tumbling. « Pour la première fois, je vois cette piste, et ces gars qui font des acro de dingue… Mon 1ersouvenir c’est Benoît Espinera. Paul Martinez et Hamidou nous ont accueillis, expliqué ce qu’était le tumbling et on a essayé » Dès la première séance, Théo a réalisé les fameuses huit touches (rondade 6 flips salto). « Hamidou a voulu nous garder ! » Ils étaient trois petits saint-gaudinois, trois à découvrir le rebond de la piste… Avec Alexis Martin (qui s’est ensuite dirigé, brillamment, vers la GAc), les voilà partis pour une aventure qui, deux fois par semaine, les amènera de Saint-Gaudens à Toulouse (80km), pendant 3 ans, de devoirs et de siestes sur la route.

Mais l’expérience est concluante, dès cette première année il se classe 2ème aux Championnats de France de sa catégorie… En 2009, il retrouve ce sentiment de fascination, lorsqu’il assiste à une compétition d’anthologie aux Championnats de France « des triples arrières, des fifoll, la grande époque de Mickael Gosset, Yves Tarin, … c’était dingue » Il s’enthousiasme, il se souvient, avec amusement, d’avoir pris une photo avec Yves Tarin à l’époque ! Jusqu’à l’ébahissement même, « à aucun moment je me suis dit que je ferais comme eux un jour, j’étais fasciné ».

La carrière acrobatique de Théo est lancée. La passion qui anime ses entraîneurs transpire sur le jeune garçon qui rêve plus grand. « Alors que j’allais rentrer en 2nde, Hamidou me parle des CMGA (NDLR : Championnats du Monde par Groupes d’Âge). Cela me met des paillettes dans la tête ». Il quitte la cité de l’homme qui détient la parole (Gaudens) pour la Ville Rose, il intègre les sections sportives du lycée Jolimont où il côtoie des rugbymen comme Antoine Dupont ou Romain N’Tamack. Ses parents ne perçoivent pas le « concept d’être en Equipe de France, pour eux les études c’était primordial. Mais ils m’ont toujours fait confiance et accompagné dans mes choix ».

Il ne s’agissait pas de partir loin, mais de s’engager pleinement dans cette carrière, et de supprimer ses déplacements fatigants bi hebdomadaires.

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