La fédération française de gymnastique a tenu un point presse au Club France ce lundi 5 août en présence de Xavier Baguelin, vice-président en charge du haut-niveau, Kevinn Rabaud, directeur technique national, Marine Boyer, capitaine de l’équipe de France de gymnastique artistique féminine, Pierre Gouzou, membre de l’équipe de France de trampoline et Samir Aït Saïd, membre de l’équipe de France de gymnastique artistique masculine, afin de faire un bilan pour la GAM, la GAF et le Trampoline dont les épreuves sont terminées. Un bilan à mi-parcours avant le début de la compétition en gymnastique rythmique. Retour sur les principales déclarations :
Xavier Baguelin, vice-président en charge du haut-niveau
“Il y avait une volonté forte de performer, d’abord parce que c’est ce qui nous anime à chaque fois que nous allons en compétition avec nos gymnastes, quelles que soient les disciplines, mais c’est aussi accentuer par les Jeux Olympiques qui restent pour notre discipline quelque chose de majeur, encore plus à Paris.
Sur cette première semaine, on est sur un bilan décevant. On a contre-performé par rapport aux objectifs fixés. En GAF, on ne rentre pas en finale alors qu’on avait des objectifs forts de finales qui pouvaient donner lieu à des médailles. En GAF, on s’était fixé une finale au concours par équipe, deux finalistes au concours général et trois finales par agrès.
En GAM, on a eu la déception de ne pas avoir d’équipes qualifiées. On avait Samir avec un gros potentiel médaille (aux anneaux), ça passe à un dixième mais c’est la place de 4ème. Samir se bat depuis des années pour cette médaille, et pour l’avoir suivi, je peux vous dire qu’il a beaucoup beaucoup travaillé, encore cette semaine, sur tous les petits détails et forcément la déception est très forte.
En trampoline, on avait deux gymnastes qui visaient la finale et on a eu une finale avec Pierre qui a produit un travail de qualité, et dans un contexte où le niveau a vraiment explosé cette dernière année, on n’avait jamais dépassé les 63 points.
Forcément ce bilan n’est pas facile à assumer car on préfère gagner et venir aux célébrations, partager avec vous les objectifs fixés quand ça réussit. On n’a pas réussi, on a contre-performé.
On va travailler, on a déjà commencé à travailler avec les gymnastes, les entraineurs, l’encadrement pour essayer de voir ce qui a pêché dans cette préparation et qui a débouché sur ces résultats. On va continuer à avancer là-dessus, ça nous permettra non pas de trouver des excuses mais plutôt de chercher des explications, et de faire en sorte qu’on puisse avancer et se reprojeter sur les prochaines échéances avec des résultats plus en adéquation avec nos attentes.”
Kévinn Rabaud, Directeur Technique National
“C’est un moment qui est délicat. C’est difficile de venir face à vous pour vous parler d’un échec. Nos ambitions étaient élevées, on avait des ambitions légitimes, nos sportifs ont été médaillés sur les championnats européens, en coupe du monde, aux championnats du monde, des médailles historiques, on a un niveau d’ensemble rarement atteint en gymnastique. Samir a eu un parcours exceptionnel en coupe du monde, légitimement on pouvait prétendre à de bons résultats sur ces Jeux Olympiques, ce n’est pas le cas.
Il faudra analyser finement ce qui a pu produire ce résultat.
Samir est passé tout près, pour le trampoline, chez les hommes on a eu un concours exceptionnel et chez les GAF, évidemment la compétition n’est pas du tout celle attendue. Nous allons travailler avec les équipes et les athlètes pour produire un bilan qui servira pour l’avenir. Les équipes de jeunes se préparent déjà. Los Angeles est dans les têtes des plus jeunes et il faut prendre toute la mesure de ce qu’il s’est passé ici pour performer sur cette prochaine compétition.
Les résultats ne sont pas là, on analysera les causes, les athlètes eux mêmes ont été irréprochables dans leur engagement et leur investissement.”
Marine Boyer, capitaine de l’équipe de France féminine
“La période a été compliquée et la compétition l’était aussi. J’ai fait une grosse chute à l’échauffement, ce qui ne m’a pas aidé et qui n’a pas aidé l’équipe, puisqu’à 5 minutes du départ c’était prévu que je ne fasse pas la compétition. Ça a affolé le groupe. J’ai pu reprendre mes esprits, avec l’équipe médicale on a vu que je pouvais y aller. C’était les Jeux, donc j’allais tout donner pour l’équipe. C’est ce que j’ai fait mais après le résultat n’est pas là malheureusement.”
Pierre Gouzou, membre de l’équipe de France de trampoline
“Je tire beaucoup de positif de cette expérience, car je venais pour faire une finale et j’ai fait une finale. J’ai fait 3 passages à mon niveau, quand je descendais du trampoline j’étais fier de ce que j’avais produit. J’ai découvert une ambiance à Bercy dont on n’a pas l’habitude en trampoline, ça m’a poussé. J’ai adoré cette expérience et je suis vraiment très fier de ce que j’ai fait.”
Samir Aït Saïd, membre de l’équipe de France de gymnastique artistique masculine
“J’ai été mis dans les meilleures dispositions, les meilleures conditions possibles. Je tiens à remercier le CREPS d’Antibes qui m’a mis dans les meilleures conditions. J’ai enchaîné avec l’INSEP qui m’a mis aussi dans les meilleures conditions pour mener à bien cette préparation olympique. Je suis arrivé ici plus prêt que jamais, plus fort que jamais, plus déterminé que jamais. J’avais trois mouvements possibles, un mouvement à 6,1, deux mouvements à 6,2, avec mon staff on a décidé de faire le mouvement à 16,10 aux qualifications, un mouvement que je maîtrise plutôt bien. Je me qualifie en finale en 3ème position avec encore quelques erreurs à gommer. Ensuite la finale, on a super bien géré cette semaine qui a été très longue. Je suis arrivé la veille de la compétition en pleine forme, mon staff a décidé de rester sur cette composition de mouvement à 16,10, j’ai gommé toutes les fautes que j’avais faites aux qualif pour justement être meilleur, aller chercher cette réception pilée pour atteindre ce un point de faute. La note n’est pas sortie alors que j’avais tout gommé. Je garde la tête haute, je suis fier d’être français, j’ai représenté dignement mon pays. J’échoue, je dis bien j’échoue à la 4ème place, je ne peux pas me réjouir de cette place. Je suis désolé, pour moi j’ai échoué. C’est un échec mais je ne lâcherai pas.”
Questions / Réponses avec les journalistes
Question pour Marine Boyer, concernant sa chute à l'échauffement
“Je suis tombée sur le dos aux barres, j’ai glissé. J’allais pas bien sur le coup, l’équipe a été affolée car je n’étais pas bien, donc pour me protéger il a été question que je ne fasse pas la compétition. Mais j’ai repris mes esprits et j’ai obtenu la validation du médecin pour faire la compétition, et j’y suis allée à fond.”
Question pour Pierre Gourou sur son avenir en trampoline
“Je me projète sur Los Angeles, je compte continuer. L’objectif pour l’équipe de France serait d’avoir deux quotas chez les hommes, ce serait super. Et bien sûr la médaille est un objectif.”
Question pour Kévinn Rabaud concernant la médaille de Kaylia Nemour aux barres asymétriques et sur le fait qu'il ait pu y avoir des erreurs à son sujet au sein de la fédération française de gymnastique
“Je tiens à féliciter Kaylia qui a fait un mouvement remarquable. C’est stratosphérique. On doit lui rendre hommage, c’est une gymnaste remarquable et évidemment j’aurais préféré l’avoir en équipe de France.
Kaylia avait évidemment sa place en équipe de France mais il y avait des conditions, notamment médicales concernant sa reprise. Son entourage ne l’a pas accepté, elle a choisi de matcher pour l’Algérie, je le regrette. Elle aurait eu pleinement sa place et elle aurait servi l’équipe de France en choisissant de rester et en acceptant la reprise progressive qui lui était demandée au départ.
Ce qu’elle a fait est une performance exceptionnelle, à la fois sur le concours général.
La place de Kaylia en équipe de France n’était pas en question, c’était les modalités de sa reprise progressive d’activités après sa double opération qui l’étaient. Les questions médicales ont été réglées, la famille avait même attaqué devant le conseil de l’ordre le docteur Pierre Billard, le Conseil de l’ordre a donné raison au docteur Pierre Billard donc je n’irai pas plus loin sur cette question.”
Question pour Samir Aït Saïd au sujet des propos qu'il a tenus hier en interview sur RMC Sport au sujet de la Fédération
“J’ai dit ce que je pensais. Je souhaite pouvoir échanger avec ma fédération, ce ne sont pas des mots durs, ce sont des mots vrais et réalistes. On attend que toutes les compétitions soient terminées et après je souhaite échanger avec mon DTN, mon président et toute la fédération pour faire le point afin de ne plus refaire les erreurs qu’on a pu faire jusqu’à maintenant.
Des échanges qui doivent être faits avec tous les autres copains de l’équipe de France, afin de faire remonter ce qu’il s’est passé, de revenir sur ce qui ne nous a pas permis de nous qualifier en équipe. Beaucoup de mes collègues ont demandé à avoir des échanges, malheureusement ça ne s’est pas fait. Il est important pour nous de se remettre en question. Ce qu’il s’est passé, on ne veut pas, plus jamais. On veut avoir une équipe de France en gymnastique artistique masculine à Los Angeles, maintenant il faut se remettre en question.”
Question pour Kevinn Rabaud sur le projet olympique qui était de regrouper sur l'INSEP et Saint-Etienne les gymnastes identifiées dans le projet olympique et sur la réflexion qu'il y a pu avoir sur cette stratégie
“La place du club dans le dispositif du haut-niveau est une place essentielle. Si vous lisez le projet de performance fédérale, vous verrez que cette place est identifiée. Derrière on a sur l’INSEP des conditions que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, pourquoi s’en passer ? On peut faire très bien dans les clubs, on peut faire très bien ailleurs, mais aujourd’hui sur l’INSEP et dans le domaine de la surveillance médicale, le domaine des soins, le domaine des accompagnements, je ne pense pas qu’il y ait de meilleur endroit.
La priorité aujourd’hui c’est le bien être des gymnastes. Accompagner les gymnastes dans leur cellule de proximité est une volonté fédérale, jusqu’à un certain moment, jusqu’à un certain niveau. À Avoine la salle est magnifique, mais je pense qu’au point de vue du médical et des soins, on n’a pas l’équivalent de ce qu’on retrouve sur l’INSEP. On a vu que ça marchait sans, mais est-ce que ce ne serait pas mieux avec ?”
Question pour Samir Aït Saïd sur l'influence de la fédération française auprès des juges internationaux
“La gymnastique reste un sport avec un jugement humain, on sait tous ce qu’il peut se passer. Aujourd’hui en France on n’est pas du tout dans cette politique d’influence des gyms, on n’est pas dans le lobbying. Certaines nations le sont, ça marche, mais je préfère perdre proprement mais me regarder dans une glace.
Je ne vous cache pas que c’est dur, la nuit a été très courte, très mauvaise, je devais me réveiller avec cette médaille, ça fait mal, ça aurait été une fierté pour moi de ramener une médaille pour mon pays, dans mon pays. Je suis quelqu’un de très patriote et ça m’aurait fait très plaisir de montrer cette breloque à tout le public français.
Il va falloir mettre en place des stratégies. Il va falloir que je parte en stage plus souvent à l’étranger, m’entraîner avec les meilleurs, échanger et me faire voir auprès des différents juges, dans le bloc de l’Est mais aussi aux Etats-Unis. Je vais faire la demande de partir avec mon staff, mon coach, mon préparateur physique dans différents pays et me faire connaître encore plus. Il va falloir faire plus car malheureusement ça ne suffit pas de rester s’entraîner dans son coin.
À une époque, on faisait beaucoup de stages à l’étranger, à une époque où l’équipe de France masculine brillait, donc il est important de reprendre ce qui marchait. Je suis optimiste, on a tous faim, on va relever la tête et travailler encore plus dur pour ne plus reproduire ce qu’il s’est passé.”
Exercice difficile pour les acteurs de cette débandade. Je salue la lucidité Samir et le fait d’appréhender les difficultés rencontrées, j’apprécie sa projection dans l’avenir….je serais beaucoup plus nuancé sur le ‘naufrage de la Gaf tout en saluant le courage de Marine, le bon parcours de Ming, masquant les contres performances des autres coéquipières loin des jeux dont les enjeux étaient connus. Pour le tranpoline tout est dit. Quant aux dirigeants le méa culpa n’existe pas comme si tout avait été bien fait, alors que depuis 10 ans ces mêmes personnes entêtees démolissent au lieu d’améliorer en imaginant des cheminements loin de la performance…ont fait des investissements autres que ceux sportifs…
Quant à la Dtn elle a explosé les entraineurs français remerciés au profit de cadres étrangers aux méthodes miraculeuses…le tout avec un management approximatif..
Ne cherchons pas. Les Erreurs encore moins les excuses, mais qu ces “forgerons” du désastre aient au moins le courage de s’en excuser et se gardent par audace de se présenter aux prochaines élections fédérales.
Je partage votre avis.
Je regrette vraiment ce climat désastreux dont certains membres de la fédération sont à l’origine.
L’ambiance pour Kaylia était à son maximum car nous avons tous subi ces querelles, on en a même sacrifié certaines gymnastes. Notre plus grand souhait était qu’elle ait une médaille, pour elle, pour sa famille, pour ses entraîneurs.
Ceux qui sont passionnés de gymnastique sont écoeurés…
Il faudrait évoluer dans les mentalités autour de ces sports (gym gr trampoline).
Il n’est pas (plus) normal de faire vivre des ambiances trop strictes, de stress aux enfants qui seront les futurs gymnastes internationaux. C’est le cas en France, comme ça l’était à mon époque.
Ouvrez les yeux, essayez d’apporter de la bonne humeur, de la joie, du plaisir dans ce sport. Les américaines n’existaient pas et sont devenues les meilleures. Regardez leur comportement. Elles peuvent vivre autrement que des « marionnettes » de la performance. Évidemment il faut s’entraîner dur, mais l’état d’esprit présent dans ce sport en France est incompatible avec une évolution positive et durable.
On pourra toujours progresser, mais sans réelle prise de conscience et l’objectif depenser à la vie des gymnastes, on restera petits et poussifs (parmi les meilleurs tout de même).
Pour vivre pleinement de ce sport dans ce sport, les mentalités doivent évoluer. Faites entrer la joie dans les gymnases.
Il y a un moment il faut assumer quand on a fait des erreurs et refusé qu une gymnaste reste s entraîner dans son club. Si réellement Kaylia n était pas en capacité de reprendre médicalement à cette cadence, pourquoi alors est-elle championne olympique ?
Un sportif ne change pas de nationalité par plaisir, c était sans doute la seule manière pour elle de pouvoir continuer à s épanouir dans ce sport tout en restant auprès de ses proches et dans son club. Il y a eu un vrai acharnement contre le club d’Avoine Beaumont qui sort des pépites encore comme Elena Colas et Perla Denechere. Carolann Heduit en a fait les frais.
C est du gâchis et il y a des gymnastes, leurs entraîneurs et leurs famillles qui en ont pati.
Un minimum de correction serait de démissionner et assumer mais là on ne voit aucune remise en question. Est-ce que la ministre des sports va intervenir dans cette situation ?
Parce que la en résumé les résultats sont décevants mais il faut continuer avec la même direction, est ce normal ? Dans une entreprise ça ne se passerait pas comme ça.
Nous avons des gymnastes exceptionnelles et il leur faudrait aussi un bon encadrement à leur niveau et un bon préparateur coach niveau psycho pour les accompagner dans les prochaines compétitions pour qu elle reprenne confiance en elles.
Bel exemple de la mentalité dans ce sport.
Un message qui propose une remise en question => modéré 🤨
Vous n’êtes pas arrivés au bout de vos peines mes pauvres !
Merci à Spotgym de nous avoir fait part de ce point presse. L’absence de remise en question de la fédération est affligeante. La performance de Kaylia prouve qu’ils ont eu tort (on le savait avant…) et tout le monde sait que cette histoire de vouloir protéger sa santé n’était qu’un prétexte pour nuire à son club et à elle !
J’aimerais savoir comment marchent les nominations et les élections aux postes de décision dans cette fédération, quels comptes ont à rendre les décideurs, et quels pouvoirs ont les licenciés et les clubs.
Évidence même au niveau du club d’Avoine… d’autres éléments seraient à ajouter dont l’adoption d’un projet commun ce qui ne fût pas le cas, alors que les entraineurs, hommes de terrain, auraient trouvé une toute autre stratégie de préparation et ceci tout en conservant les lieux d’entraînement habituels…
Quant aù système fédéral d’accès aux responsabilités c’est ùne forme de mascarade, scrutin de listes a un tour ou le liste doit répondre à certains critères difficiles à remplir ce qui conduit pratiquement a réélire les mêmes. Faut il préciser que certains dirigeants siègent depuis 1992 voire plus, ceci pouvant expliquer cela. Paradoxalement les clubs et comités départementaux disposent des voix en fonction du nombre de licenciés, si bien que le département dispose des voix des Xx clubs affiliés à son territoire annulant ainsi le vote associatif. A ces modalités ajoutons les intimidations des gens en place, en campagne permanente ..et vous comprendrez les difficultés aux changements faute d’accessibilité et. De moyens.
Alors il ne faut pas s’étonner du marasme dans lequel les compétiteurs se trouvent.
Gageons que dans cette situation a défaut d’être a l’écoute des gymnastes et entraineurs que l’administration interviendra pour mettre fin à ce système improductif. Destructeur loin des réalités du terrain
L’absence de médaille est déjà un lourd bilan mais cela n’est rien par rapport au gâchis d’avoir laissé partir une formidable championne telle que Kaylia Nemour.
L’autre source d’étonnement et de mécontentement est le dialogue désastreux de la FFGym avec le club d’Avoine (Indre-et-Loire) qui a eu l’immense tâche de découvrir et de former cette pépite.
Un bilan factuel s’impose.