Mathias Philippe, de Bercy à Liverpool

Finaliste aux barres parallèles aux Internationaux de France, Mathias Philippe a confirmé une nouvelle fois sa stabilité. Une régularité qui lui a permis de décrocher sa sélection pour les championnats du monde de Liverpool. Une première pour lui.

Il n’est pas passé loin. Dimanche, dans la belle arène de Paris Bercy où l’ambiance était survoltée, Mathias Philippe, encore méconnu du grand public, s’élance en finale des barres parallèles. La veille, il avait réalisé un mouvement presque parfait lui permettant ainsi d’accéder à la finale en troisième position. Le sociétaire du club de Boulazac pouvait alors rêver de médaille. Lui qui revient de loin. Lui, dont la carrière a été marquée par trois lourdes blessures au genou en trois ans. Lui qui, malgré les coups durs et les coups d’arrêts qui auraient pu briser son moral, a toujours su se relever. Alors dimanche, quelques semaines seulement après avoir manqué les championnats d’Europe de Münich pour cause de blessure, il avait la possibilité d’écrire une belle page de son histoire. Mais finalement, la médaille lui échappera. “Ce n’est pas le fait de ne pas avoir de médaille qui me déçoit, c’est surtout de ne pas avoir fait mon mouvement comme je sais le faire” , explique-t-il à chaud quelques minutes à peine après sa finale. “La médaille est, entre guillemets, un plus, moi mon objectif principal en compétition est de faire mon complet réussi et aujourd’hui ça n’a pas été le cas.” Avec un mouvement moins bien exécuté, un élément en moins qui a entraîné une note de départ diminuée de 6 dixièmes, il termine cinquième.

S’il est déçu de sa prestation du dimanche, il en tire tout de même du positif car une fois de plus, le gymnaste de 29 ans a fait preuve d’une belle régularité et d’une belle combativité. “Je suis forcément déçu de ma prestation mais de manière plus globale je suis tout de même satisfait d’avoir fait une finale et d’avoir fait un tour sans chute sur les deux jours de compétition” , livre-t-il. Et puis il a également savouré son baptême à Bercy. Cette compétition à l’ambiance si particulière. “L’expérience de Bercy est incroyable ! Je suis content de l’avoir vécue. Avec le public, c’est impressionnant… ça te fout vraiment les poils. C’est pas facile car avec toute cette ambiance, les gens du public qui crient et t’encouragent, ça donne beaucoup de pression, ça rajoute du stress, mais je suis super content d’avoir vécu ça. En plus dans la salle des Jeux, c’est une très bonne préparation pour la suite.”

Une bonne préparation pour les championnats du monde de Liverpool pour lesquels il a appris sa sélection au lendemain des Internationaux de France. La première de sa carrière. Une sélection qui récompense ses prestations de ces derniers mois et tous les efforts fournis ces dernières années, en proie à de grosses blessures. Car la carrière de Mathias Philippe est loin d’être un long fleuve tranquille… Victime d’une rupture des ligaments croisés du genou gauche en novembre 2015 et en décembre 2016 puis victime d’une pentade au genou droit en juin 2018 (entorse grave où 5 ligaments étaient touchés, NDLR), l’ancien pensionnaire de Lyon accumule. Et dernièrement, c’est une blessure au coude contractée pendant les Jeux Méditerranéens qui a entraîné sa non-participation aux championnats d’Europe de Münich. “J’ai ressenti une douleur au coude après les Jeux Méditerranéens ce qui a fait que j’ai dû m’arrêter pendant une semaine et demi”, livre-t-il. “J’ai subi une infiltration et j’ai fait de la PRP, mais ensuite je n’ai eu que deux semaines et demi pour me préparer pour les championnats d’Europe ce qui m’a empêché d’être performant. Ils ont décidé que je n’étais pas prêt et je suis d’accord avec eux, j’ai les yeux en face des trous, je n’étais pas prêt. À côté il y avait Paulo (Paul Degouy, NDLR) qui était en ultra bonne forme et il n’y a pas eu de débat, il est rentré dans l’équipe en tant que titulaire et je suis passé remplaçant.”

S’il a passé l’été quelque peu diminué physiquement, aujourd’hui, il se sent bien. “Bon, après je me fais vieux, je n’ai plus 20 ans, donc j’ai toujours quelques petites douleurs chroniques mais rien de méchant. Je me sens bien” , sourit-il. Un état de forme qui lui permet d’être dans une bonne dynamique et de parfaitement poursuivre sa préparation pour les championnats du monde depuis l’INSEP, sa nouvelle terre d’accueil qu’il a rejoint le 29 août dernier dans le cadre du projet olympique 2024, quittant le pôle de Lyon 14 ans après l’avoir intégré. “Alors oui c‘est sûr que c’est un gros changement de vie, surtout pour moi qui ai 29 ans et qui avait ‘une vie de famille’ sur Lyon. Mon quotidien et mes routines sont modifiés, j’ai changé d’entraîneur aussi donc il faut un temps d’adaptation et c’est normal, mais sinon ma rentrée à l’INSEP s’est bien passée. Et puis le côté positif du CPO, c’est vraiment le fait qu’on s’entraîne tous ensemble et qu’on soit tous réunis au même endroit. Ça créé vraiment une belle émulation, un esprit de groupe, une force collective et c’est très positif. Alors oui la vie perso en prend un coup mais ce changement est fait dans l’intérêt de l’équipe de France et c’est ça qu’il faut retenir. Et puis heureusement, Paris-Lyon se fait rapidement (Rires).”

 

 

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