Une élégance remarquable, une morphologie longiligne, une souplesse des jambes incroyable, Maëna Millon est l’un des grands espoirs français pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 en Gymnastique Rythmique (GR). Licenciée au club de la Société Municipale d’Orléans (SMO) et membre de l’équipe de France, elle s’entraîne dans le pôle de cette même ville. Mais durant le confinement, elle a retrouvé le foyer familial. Un nouveau quotidien qui ne l’a pas pour autant éloignée de sa passion. Entraînements en visioconférences avec les copines du pôle, mais aussi créations de chorégraphies inédites sur « TikTok », un réseau social très prisé chez la jeune génération. De retour à l’entraînement, Maëna revient sur son confinement et sur sa reprise.
Gym and News : Comment as-tu revu ton emploi du temps durant le confinement ? Quelle est une journée type pour toi maintenant?
Maëna Millon : On a dû faire en fonction des cours. Les entraîneurs voulaient que l’on continue nos études dans les meilleures conditions. Elles nous ont fait un emploi du temps adapté pour que l’on puisse s’entraîner aussi bien seules qu’en Visio. J’avais cours le matin puis entraînement l’après-midi généralement. Et le reste de la journée, c’était du temps pour moi.
Avais-tu des entraînements à réaliser quotidiennement ? Recevez-vous des consignes de vos entraîneurs ?
Nous avions des cours par vidéo avec elles. Elles nous disaient ce que l’on avait à faire et elles nous donnaient le programme de la journée. Elles nous regardaient et elles nous corrigeaient. On essayait de faire un peu comme si on était à la salle.
À quoi ressemblaient tes entraînements à la maison ?
Je m’entraînais à l’intérieur quand il ne faisait pas beau et sinon, je m’entraîne dehors. J’ai un tapis et des mousses qui me servent de praticable sur ma terrasse. Ce n’est pas comme à la salle, mais ça dépanne. En plus, j’ai du matériel (poids, galettes, élastique) et mes engins pour travailler. Mais s’il pleut, c’est difficile de travailler la technique, car le plafond est bas dans la maison. Souvent, on commence nos entraînements par de la danse classique puis on travaille les difficultés et l’engin. On finissait par la préparation physique.
Comment arrivais-tu à rester motivée ?
Je pensais à mes objectifs et je relativisais. Et j’aime ce que je fais donc j’avais de la volonté. De toute façon, je n’aurais pas pu rester si longtemps sans m’entraîner.
Tu es très présente sur les réseaux sociaux avec les challenges, est-ce que cela occupe beaucoup de place dans ton quotidien ?
Pas forcément, mais je les fais avec plaisir. Ça me « prend du temps » mais ce n’est pas « une perte de temps ». Et cela me permet de garder contact avec les autres gymnastes françaises et internationales.
Tu as récemment percé sur le réseau social « TikTok », où tu as eu l’idée de mêler la gymnastique rythmique et le basket, comment t’es venue cette idée et t’attendais-tu à avoir autant de succès ?
J’ai eu cette idée en voyant des gymnastes qui mettaient des paniers en faisant des figures. Comme j’avais du temps libre, j’ai voulu essayer. À la base, c’était juste pour moi dans le but de m’amuser. Mais j’ai montré la vidéo à ma famille et à mes amis et ils m’ont dit de la mettre sut TikTok alors je l’ai fait. Je ne m’attendais pas du tout à avoir autant de vues (727,9K vues pour cette fameuse vidéo). J’étais très contente de voir qu’il n’y avait pas que des gymnastes à regarder la vidéo. Et c’est chouette, si certains on pu découvrir la Gymnastique Rythmique (GR) via cette vidéo.
À quoi ressemblait ton régime alimentaire pendant le confinement ?
Les entraîneurs ne nous ont donné aucune indication. Mais, naturellement, on sait que l’on doit faire attention à ce que l’on mange pour prendre soin de notre corps, car on continue à s’entraîner. Mais c’est vrai qu’en cette période, c’est plus facile de se laisser aller à quelques écarts. Mais je fais toujours attention.
Qu’est-ce que cette période de confinement, t’as permis de faire que tu ne faisais pas habituellement ?
J’ai fait des activités manuelles comme le dessin. Parfois, je faisais juste rien ou la sieste. J’avais le temps de cuisiner aussi et de faire des jeux de société.
Comment vivais-tu les cours à distance ?
J’étais déjà habituée, car je faisais une partie de mes cours par le CNED. Donc j’ai l’habitude de travailler en autonomie. C’est quand même un peu difficile, mais on s’adapte. Par contre, c’était dur de ne pas avoir d’informations pour les examens. Je suis en classe de première et je suis donc concernée par la nouvelle réforme.
Un rêve/projet qui t’as permis de continuer à rêver pendant le confinement ?
Je rêve de faire les Jeux Olympiques !
Comment s’est passé la reprise des entraînements?
J’ai repris le 3 juin, ça s’est bien passé, ça faisait beaucoup de bien de retrouver le gymnase, la salle, les entraîneurs, et même les copines (même si on a pas toutes repris en même temps). La reprise n’était pas si dure comme je ne m’étais pas arrêtée pendant le confinement.
Est-ce que le rythme est le même qu’avant ?
C’est différent, car avant le confinement, je préparais intensivement le « Grand Prix de Marbella ». Donc désormais, sans compétition de prévues, le rythme est plus calme. On fait surtout très attention à ne pas se blesser. Depuis mercredi, on retravaille les enchaînements en musique. Même si on travaille encore par partie pour l’instant. C’est-à-dire qu’on a coupé notre enchaînement en différents morceaux, de façon à perfectionner chacun séparément. On essaie d’améliorer les enchaînements aussi.
Tes nouveaux objectifs ?
On a très peu d’indications sur la future saison donc c’est compliqué de se fixer des objectifs. Donc je travaille surtout le fait de réussir à présenter des enchaînements sans fautes en compétition, d’être régulière et confiante sur les plateaux.
Comment arrivez-vous à cumuler la reprise avec les gestes barrières ?
Pour lier entraînements et gestes barrières, ça se passe plutôt bien. On s’y habitue, et ce sont de bonnes habitudes qu’on pourrait même garder pour la suite. Comme par exemple le fait de se laver très souvent les mains. En hiver, quand il y a beaucoup de bactéries, ça serait important de la faire aussi. Après c’est vrai que de s’entraîner de cette façon, ça nous a quand même fait bizarre, surtout au départ. On doit garder beaucoup de distances avec nos entraîneurs qui sont masquées. On ne doit pas se mettre au sol. On sait que ce sont des conditions qu’on va devoir garder un petit bout de temps, et ça ne reste que faiblement handicapant.
Propos recueillis par Océane Michel