
Alors que la saison de coupe du monde a débuté et que les championnats continentaux se rapprochent, Kaylia Nemour, gymnaste franco-algérienne, est toujours sous le coup d’une interdiction de matcher sur les compétitions FIG. Une situation pesante que beaucoup ne comprennent pas d’autant que par le passé, la Fédération française de gymnastique a accepté le changement de nationalité de Farah Boufadène et Janna Mouffok de la France vers l’Algérie sans aucun délai de carence, contrairement à Kaylia Nemour.
Les jours se suivent et se ressemblent pour Kaylia Nemour, jeune gymnaste de 16 ans licenciée au club d’Avoine-Beaumont qui, privée de compétitions internationales, est contrainte de les regarder sans pouvoir y participer. Une situation dans laquelle elle se retrouve engluée depuis son opération des genoux réalisée en 2021 et qui avait fini par entraîner, après une succession de faits, sa demande de changement de nationalité. En juillet 2022, après avoir été dans l’impossibilité de reprendre les compétitions par décision fédérale sans avoir été auscultée par le médecin fédéral, et ce alors qu’elle avait obtenu le feu vert de son chirurgien et de son médecin du sport pour reprendre, Kaylia Nemour avait émis le souhait d’évoluer pour l’Algérie, pays d’origine de son père. Rapidement, la Fédération Internationale de Gymnastique accorde son changement de nationalité, avec toutefois un délai de carence d’un an à respecter.
C’est par un courrier émis par la FIG et daté du 20 juillet 2022, que la Fédération algérienne de gymnastique et la famille de Kaylia Nemour sont informées de la décision : “Nous avons le plaisir de vous informer que lors de la réunion qui s’est tenue le 20 juillet 2022 à Nassau, le Comité Exécutif de la FIG a officiellement approuvé le changement de nationalité demandé par Kaylia Nemour. Cependant, étant donné que l’accord de la Fédération Française de Gymnastique n’a pas été reçu, le changement prendra effet un an après la décision, c’est-à-dire au 20 juillet 2023 selon l’article no 36.2.1.1 des Statuts FIG.”
Un délai de carence d’un an qui est en effet stipulé dans les statuts de la FIG : “Lorsqu’un gymnaste qui a représenté son pays, s’installe dans un autre pays et obtient la nationalité de ce dernier, il peut avec le consentement des deux fédérations membres affiliées concernées et du comité exécutif représenter immédiatement le nouveau pays. Si ce consentement n’est pas accordé, il peut (avec le consentement du Comité Exécutif) représenter le nouveau pays un an après la date de la décision positive prise par le Comité Exécutif.” Sauf que dans les faits, rares sont les fédérations qui s’opposent à ce changement de nationalité et qui refusent de libérer leur gymnaste imposant alors le délai de carence d’un an. À l’image dernièrement de Dominick Cunningham, ancien gymnaste britannique qui représente désormais l’Irlande. Si en novembre 2021, il concourait pour la Grande-Bretagne aux championnats du monde, en août 2022, il représentait l’Irlande aux championnats d’Europe. Un délai de carence légal qu’a toutefois tenu à nous rappeler la Fédération Française de Gymnastique. “Kaylia Nemour pourra représenter l’Algérie sur des compétitions FIG à l’issue du délai de carence mentionné par la FIG dans ses textes. C’est écrit dans les statuts, ce n’est pas de notre fait” , nous explique-t-on dans un premier temps du côté de la Fédération Française de Gymnastique.
Mais alors pourquoi quelques années plus tôt Farah Boufadène et Janna Mouffok ont-elles été libérées immédiatement par la FFG sans avoir été soumises à un délai de carence lorsqu’elles ont respectivement fait leur demande de changement de nationalité de la France vers l’Algérie en mai 2015 pour la première et en juillet 2018 pour la seconde ? Janna Mouffok qui, par exemple, participait dès le mois d’octobre 2018, soit trois mois après son changement de nationalité, aux championnats du monde de Glasgow. Une situation impossible pour Kaylia Nemour qui, elle, doit respecter le délai de carence d’une année complète. Quelles raisons expliquent cette différence de traitement ? Contactée à ce sujet, la Fédération Française de Gymnastique n’a pas donné suite à notre sollicitation.
Face à cette situation, la mère de Kaylia, qui dénonce un acharnement de la FFG envers sa fille, a décidé de lancer une pétition afin de tenter de mettre fin à ce délai de carence, ce qui permettrait alors à Kaylia de participer aux championnats africains en mai prochain, compétition sélective pour les championnats du monde, eux-mêmes sélectifs pour les Jeux Olympiques de Paris. Depuis le lancement de la pétition, un élan de soutien s’est mis en place sur les réseaux sociaux. Surtout que Kaylia ne compte qu’une seule sélection France. C’était en 2019, lors du CoMeGym, lorsqu’elle était espoir. “Ce qui rend toute cette situation encore plus incompréhensible, c’est que Kaylia n’a jamais concouru pour la France en junior, et la catégorie espoir n’est pas reconnu par la FIG“, nous souffle-t-on dans son entourage. Sauf que, sans l’accord de la Fédération Française de Gymnastique, la Fédération Internationale de Gymnastique ne peut supprimer ce délai de carence stipulé dans l’article no 36.2.1.1 des Statuts FIG. Seul un accord de la FFG permettrait alors de débloquer la situation.
De son côté, Saadeddine Hamici, l’entraîneur national algérien qui fait part de son profond respect envers la fédération française de gymnastique, regrette cette situation. “C’est une situation très triste pour Kaylia, surtout que la fédération algérienne et la fédération française ont toujours entretenu de très bons rapports. La fédération algérienne souhaite simplement accompagner le projet sportif de Kaylia Nemour et c’est pour cette raison que nous avons demandé solennellement à la fédération française de gymnastique d’accepter de libérer Kaylia afin qu’elle puisse réaliser son rêve qui est de refaire de la compétition et de faire les Jeux Olympiques.”
Sans cet accord à l’amiable, Kaylia Nemour serait donc privée des championnats africains prévus en mai prochain et devra attendre le 21 juillet 2023 pour reprendre le chemin des compétitions internationales.
Bonjour,
A relayer dans les médias nationaux voire internationaux pour une information citoyenne.
Paris 2024 ? Hypocrisie complète de nos dirigeants politiques et des Présidents de fédérations qui, faute de compétences, s’accrochent à leur siège.
Honte à eux !
Soutien aux athlètes de haut niveau, aux clubs et encadrants.
Que les valeurs du sport triomphent.
Bien à vous.
François HUMEAU