Alors qu’elle concerne plus de 50% des sportives, l’incontinence urinaire d’effort, également appelée fuites urinaires d’effort, reste un sujet sensible et tabou. Discipline qui peut favoriser cette pathologie, la gymnastique, dans un sens large, a été l’un des sports précurseurs dans la mise en place de certains protocoles physiques destinés à limiter les méfaits de la pratique à haut-niveau sur le périnée. Dans les clubs, les gymnastes ne sont pas non plus épargnées et la parole commence à se libérer. Décryptage.
Il suffit de prononcer ces quelques mots pour que les regards soient fuyants ou qu’une forme de malaise s’empare de l’atmosphère. Pourtant, les fuites urinaires d’effort n’ont rien de tabou. Et même si les mentalités commencent à changer, il reste encore du chemin à parcourir. Longtemps considérée comme une pathologie du vieillissement ou de la femme qui a eu un (ou plusieurs) enfant, l’incontinence urinaire d’effort a pourtant été, suite à de nombreuses études, reconnue comme une pathologie de la femme jeune, sportive et même nullipare (qui n’a pas accouché, NDLR). Les concernant, le phénomène est souvent la conséquence d’une faiblesse des muscles du périnée et se manifeste lors d’une activité physique accompagnée d’une forte pression intra-abdominale.
Certaines sportives sont plus concernées que d’autres, notamment en fonction du sport pratiqué, avec certaines disciplines considérées comme à forte contrainte périnéale. Dans cette catégorie, on retrouve notamment la gymnastique artistique, le trampoline et le tumbling, mais également d’autres sports comme la course à pied, le tennis, le basket ball et toutes les disciplines en athlétisme avec saut (course de haies, saut en longueur, triple saut, perche). Mais attention, que l’on se rassure, si elles concernent de nombreuses athlètes, beaucoup cependant n’en auront pas, ou très peu, tout au long de leur carrière. Ce n’est pas systématique, et bien heureusement.
Mais alors pourquoi la gymnastique, le trampoline, le tumbling font-ils partie des sports les plus délétères pour le périnée, au même titre que l’athlétisme ou encore l’haltérophilie ? “Ce sont des sports de saut qui sollicitent énormément le gainage et qui, par conséquent, générent beaucoup de pressions intra-abdominales“, éclaire Yoann Vitone, kiné du sport, ostéopathe et préparateur physique au sein du pôle espoir de Meaux. “Et c’est également associé à des impacts au sol de haute intensité. Tout cela va alors générer beaucoup de pression sur le plancher pelvien et ceci de manière répétée.”
Le périnée, le grand oublié
Si les disciplines gymniques sont considérées comme des sports à forte contrainte périnéale, en revanche rien n’est irréversible. D’autant plus que les fuites urinaires à l’effort ne concernent pas tout le monde, et que s’il y en a, elles découlent souvent d’un problème au niveau de la prise en charge. “Le sport de haut-niveau et de haute intensité peut être néfaste pour le périnée mais souvent uniquement parce qu’il n’est pas assez considéré” , explique Sab Santé, kinésithérapeute et ostéopathe spécialisée dans la santé de la femme et dans la rééducation abdomino pelvienne, et auteur du livre “In périnée we trust“, paru aux éditions First.
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