Ce n’est pas un simple tournoi qui s’ouvre ce week-end à Corbeil-Essonnes : c’est une histoire remplie de passion. Le Tournoi international de gymnastique rythmique figure parmi les plus renommés de la discipline… et autrefois y était le plus attendu. S’il n’est désormais plus classé étape de coupe du monde, il n’en reste pas moins un événement incontournable du circuit, attendu avec impatience par les gymnastes françaises et un public particulièrement connaisseur.
46. C’est le chiffre qui frappe la traditionnelle affiche à l’effigie du Tournoi international de Corbeil-Essonnes. 2020 marque la 46ème édition de cette compétition. 46 éditions qui ont marqué l’histoire de la gymnastique rythmique. Il faut remonter à 1972 pour comprendre l’impact de l’événement, alors nommé “tournoi international de gymnastique moderne”. Car la gymnastique rythmique en est encore à ses balbutiements. Officiellement reconnue en 1949, elle s’offre son premier championnat du monde en 1963. C’est dans ce contexte d’émancipation que Corbeil-Essonnes va faire ses premières armes, grâce à une certaine Véronique de Kristoffy, entraîneur, dont le souvenir reste au fil des années et bien après son décès en 1979, et à Michel Cosson, directeur du Palais des sports de Corbeil-Essonnes, récemment créé. Il s’agira tout d’abord d’une rencontre France / Allemagne. Le tournoi gagne ensuite en notoriété, est reconnu par la Fédération Française de Gymnastique en 1973 et passe, à partir de 1977, à une édition annuelle (toujours en mai, sauf récemment)… sans plus jamais faire défaut.
Les championnes olympiques y ont brillé
Sa notoriété s’est construite grâce aux gymnastes individuelles (la compétition n’a jamais accueilli autrement qu’en démonstration les ensembles, NDLR) qui y ont participé et qui s’y sont imposées. Ni plus ni moins les toutes meilleures du monde. Irina Deriugina (désormais à la tête de l’équipe d’Ukraine) avait gagné l’édition 1975. Les Bulgares, dominantes dans les années 70 et 80, ont par la suite remporté toutes les éditions de 1978 à 1988, grâce aux légendes Iliana Raeva et Bianka Panova. Puis l’URSS éclatée fait parler sa puissance et règne sur le tournoi. L’Ukrainienne Alexandra Timoshenko triomphe à trois reprises (1989 / 1990 / 1992) et emboîte le pas à son équipe, qui s’offrira les éditions 1995, 1996 (Ekaterina Serebryanskaya) et 1997 (Elena Vitrichenko). Le tournoi devient ensuite l’apanage quasi unique des Russes, qui s’y imposent plus de 15 fois depuis 1999. Citons notamment la légende et championne olympique 2004 Alina Kabaeva (1999 / 2000), Irina Tchachina (2001 / 2003 / 2004 / 2005), la double championne olympique Evgenia Kanaeva (2007 / 2008 / 2011 / 2012) et plus récemment Margarita Mamun, championne olympique en titre et victorieuse en 2014.
Malgré la perte de son statut de coupe du monde il y a quelques années, le tournoi reste une institution, certes d’une envergure moindre. Il s’est d’ailleurs ouvert aux plus jeunes. “Nous avons, depuis trois ans, ouvert la compétition aux gymnastes juniors. Ces dernières offrent un spectacle différent qui peut nous permettre de découvrir de futures grandes gymnastes” , confient les organisateurs à la FFGym. Car “Corbeil”, comme le surnomme les habitués, c’est avant tout une ambiance, une expérience, une institution. Quand vous avez la chance d’être derrière les rideaux, parmi les nombreux bénévoles que comptent la compétition, il n’est pas rare d’entendre les entraîneurs se féliciter de la prestation de leurs gymnastes pour leur premier “Corbeil”. Il n’était pas non plus étonnant d’entendre une voix s’élever du bord du praticable au début des années 2000 et dégainer des “oh non, la chute des quilles !” ou “les filles rentrent sur le tatami”. Oui, Nelson Montfort était lui aussi un habitué et ne manquait alors aucune occasion de commenter à sa manière, et en direct sur France Télévisions qui retransmettait la compétition. Quand on vous dit que le tournoi est une légende !
5 raisons d’aller à Corbeil-Essonnes les 29 février et 1er mars
- Pour son plateau toujours aussi relevé, avec la présence des Françaises Valérie Romenski, Maëna Millon et de l’ensemble, ainsi que de la Bulgare Katrin Tsoneva et de gymnastes de Russie, des États-Unis, du Portugal, de Suisse, de Belgique, de Lettonie, du Brésil.
- Pour ses affiches, toujours à l’effigie de la gymnaste victorieuse de l’édition précédente, qui décorent le hall du complexe.
- Pour sa décoration florale soignée et impressionnante d’années en années.
- Pour s’imprégner d’une histoire, qui a vu les meilleures mondiales fouler son praticable.
- Pour découvrir tout simplement la gymnastique rythmique, sport olympique depuis 1984, particulièrement dense, esthétique et artistique, mise à l’honneur lors de l’un des tournois internationaux majeurs organisés en France.
Informations utiles
- Les Françaises en lice : l’équipe de France Senior en compétition : Hélène Karbanov, Maëlle Millet, Maëna Millon, Valérie Romenski, Lozéa Vilarino et l’équipe de France Junior en compétition : Amina Bogdanova, Janene Carilien, Aïnoha Dot Espinosa, Hanna Najid-Gobin, Lily Ramonatxo, Elsa Somville
- Lieu de la compétition : Palais des Sports, 90 rue Féray, 91100 Corbeil-Essonnes
Par Emma Capelle
Photo Cybile Cresson
– BONUS –
Le tournoi en vidéos
Reportage sur l’édition 1989 :
Elena Vitrichenko en 1993 :
Eva Serrano en 1994 :
Alina Kabaeva en 1998 :
Irina Tchachina en 2004 :
Evgenia Kanaeva en 2007 :
Margarita Mamun 2014 :
Nelson Montfort :