Raphaël Lecerf : « Dans les statuts et le règlement intérieur rien n’interdisait la communication »

Alors que les élections pour la présidence de la Fédération française de gymnastique se dérouleront le 23 novembre prochain, le projet CAPGYM continue de se mettre en place. Une opération de communication débutée en amont de l’ouverture de la campagne et qui peut questionner. Qu’en est-il exactement ? Le calendrier est-il respecté ? Spot Gym fait le point avec Raphaël Lecerf, président du comité régional de Normandie et tête de liste du projet.

Spot Gym : Vous êtes officiellement candidat à la présidence de la Fédération française de gymnastique, les élections se tiendront au mois de novembre et la campagne ne débutera qu’en octobre, ne craignez-vous pas que votre communication puisse entraîner un risque d’inéligibilité ? 
Raphaël Lecerf : Effectivement, j’ai été mis en cause par le président actuel et la commission de surveillance des opérations électorales pour une communication anticipée sur les réseaux sociaux et une utilisation illicite du fichier de la base licence de la fédération. Cependant, j’ai répondu à ces accusations qui m’ont été attribuées à tort par courrier, en précisant que dans les statuts et le règlement intérieur rien n’interdisait la communication.

Vous évoquez des accusations sur le fait que vous auriez utilisé le fichier licence pour prendre attache avec les comités départementaux et régionaux, c’est-à-dire ? 
Oui c’est ce qui m’a été reproché mais les contacts sont disponibles pour le grand public en ligne sur le site de la fédération, nous n’avons donc en aucun cas utiliser le fichier licence. Nous n’aurions pas pris de tels risques, et ce n’est pas dans nos valeurs. Nous avons expliqué tout cela à la commission de surveillance des opérations électorales mais aujourd’hui, nous n’avons reçu aucune réponse à notre courrier.

Pour le moment, vous êtes le seul candidat officiellement annoncé, mais il semblerait qu’un autre candidat issu du comité directeur actuel se présente, pensez-vous que cette candidature puisse sembler plus appropriée que la vôtre ? 
Pendant trois mandats, le comité directeur actuel a mis en oeuvre son projet qui arrive à son terme. La gymnastique française doit aujourd’hui prendre un nouveau virage, nous avons besoin de faire évoluer notre modèle de fonctionnement, de recentrer le travail et l’investissement dans la gymnastique et cela d’une manière transversale. C’est dans cet état d’esprit que mon équipe et moi-même proposons le projet CAPGYM qui serait alors le point de départ d’une nouvelle ère.

Quels sont les premiers retours que vous avez pu avoir par rapport à votre candidature ? 
Je ne vais pas le cacher, je sais que l’annonce de ma candidature a été mal vue par le comité directeur actuel, mais justement c’est pour cette raison que j’ai voulu l’assumer pleinement en l’annonçant bien en amont. C’est une élection, démocratique, donc pour moi il n’y a aucun mal à me porter candidat. Beaucoup de clubs, de comités départementaux et régionaux nous apportent leur soutien, avec mon équipe nous sommes confiants pour la suite, notre première volonté est de les servir.

Lors de l’annonce de votre candidature, vous aviez communiqué sur les grandes lignes de votre projet, un an et demi après qu’en est-il ? 
Pendant cette année, nous avons travaillé avec un collectif restreint autour du projet. Le plus important pour nous dans cette première phase était de pouvoir répondre à ce qui nous paraissait être des attentes des licenciés, des clubs, des comités départementaux, régionaux, etc. Notre projet est désormais quasiment finalisé et s’articulera autour de sept engagements. Nous nous engageons pour une fédération plus proche des clubs, une fédération de service, une fédération plus à l’écoute avec moins de verticalité et de bureaucratie.

Sur quoi porte ses sept engagements ? 
Nous souhaiterions tout d’abord rénover la gouvernance afin de proposer un système plus démocratique qui favorise l’intelligence collective et le partage. Ensuite, notre deuxième engagement porterait sur une plus grande prise en compte des territoires dans leurs missions de structures déconcentrées et dans leur fonctionnement décentralisé. Les structures déconcentrées doivent pourvoir s’adapter à leur environnement, aux partenaires locaux, et c’est quelque chose qui doit se faire à une échelle plus locale, et aujourd’hui c’est quelque chose qui manque et c’est une problématique à laquelle je dois faire face en tant que président du comité régional de Normandie. Notre troisième engagement est de mettre l’accent sur la formation avec un meilleur accompagnement des entraîneurs et des cadres afin de leur proposer un plan de carrière. Notre quatrième engagement porte sur l’image de la fédération en interne, afin de faire fédération et qu’elle offre une meilleure qualité de services avec une plus grande homogénéité.

Vous parlez de l’image de la fédération à l’extérieur, c’est -à-dire ? 
Il faut que la fédération occupe la place qu’elle mérite à tout niveau : dans la société, les médias, notamment télévisuels, vis-a-vis de l’éducation nationale, et qu’elle soit un interlocuteur incontournable du mouvement sportif et de la société.

Par ailleurs , la France n’a pas la place qu’elle mérite au niveau international. Sa représentation au niveau de la FIG est quasi inexistante, à titre d’exemple et pour les prochaines élections de la FIG au mois d’octobre prochain à Doha (Qatar) une seule personne représente la France au niveau de la commission technique du trampoline, comment voulez-vous que la voix de la France pèse au niveau international, avec une absence au niveau du conseil, du comité exécutif, et des comités techniques de la FIG.

Je me pose donc des questions. N’avions-nous pas des techniciens et des administratifs capables de porter la voix de la France au niveau international ? Bien évidemment que nous en avons, mais la volonté de la fédération actuelle n’est pas là.

Une des attentes de ces élections concerne également le haut-niveau, quelle est votre position à ce sujet ? 
C’est l’un de nos engagements. Il est important de libérer l’accès au haut niveau pour qu’il soit plus démocratique, et plus uniquement réservés aux gymnastes en pôle. Lorsque des gymnastes performent dans leur club, l’accès au haut-niveau doit leur être proposé. L’accompagnement de tous les sportifs de haut-niveau doit également être au coeur de nos préoccupations. À partir du moment où un gymnaste est inscrit dans le PPF, on se doit de l’ accompagner, qu’il soit en pôle ou non. On se doit également de proposer un meilleur suivi des athlètes pendant mais aussi après leur carrière.C’est notre devoir.

Nous allons stimuler le système en créant des circuits de compétition spécifique à l’élite afin qu’ils soient plus attractifs. Nous allons reconsidérer nos entraineurs qui font un travail remarquable, nous allons récompenser nos athlètes pour leur régularité, la détection sera beaucoup plus simplifiée en mettant l’accent sur une organisation interrégionale cohérente et attractive, et un suivi fédéral plus pointu sera mis en place.

Également , je considère que les entraineurs des équipes de France n’ont pas totalement la main dans leur prises de décisions, je souhaite une meilleure considération de leur responsabilité en terme de sélection des équipes de France.

Vous venez d’évoquer vos six premiers engagements, quel est le septième ? 
Notre septième engagement est de réviser l’offre compétitive et l’offre de pratique fédérale au sens large. Les Internationaux de France sont un magnifique spectacle, mais pourquoi le réserver uniquement à cette compétition ? Il faut rendre les compétitions plus attrayantes, ce qui les rendraient également plus compréhensibles pour les non-initiés. Tous ces engagements reposent sur la vision et l’engagement que nous avons pour faire progresser notre sport.

Votre liste est-elle constituée ? N’avez-vous pas rencontré des difficultés ? 
Oui la liste est formée. Ce n’était pas forcément évident car il y a la crainte de la fédération pour certaines personnes, mais la liste est désormais formée, ce qui nous permet d’enclencher une nouvelle étape dans notre projet CAPGYM.

L’ensemble des personnes de la liste sont engagées à réformer le système fédéral, à rapprocher les clubs de la fédération, de servir les départements et les régions. Nous comptons sur leur soutien.

Matompale Mahé et Charlotte Laroche 

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