Médaillé de bronze au concours général et d’or aux barres parallèles et à la barre fixe, Kevin Carvalho a signé un retour fracassant aux championnats de France élites de Saint-Brieuc en juin dernier après plusieurs années dans l’ombre. Pour Spot Gym, il fait le bilan de sa compétition et revient sur les raisons de son absence passée.

Spot Gym : Kevin, tu repars des championnats de France élite de Saint-Brieuc avec trois médailles, belle performance ?
Kevin Carvalho : Oui je suis vraiment content de ce que j’ai produit ! J’ai fait un bon tour au concours général avec certes une petite erreur sur le dernier agrès aux arçons, mais sinon je suis vraiment satisfait de mon concours général. Ensuite, j’ai fait deux supers finales avec deux médailles d’or donc je suis super content de mon week-end.
Quels objectifs t’étais-tu fixé sur cette compétition ?
De faire ce que j’avais à faire donc réussir à faire un tour sans chute et si je réussissais je me disais pourquoi pas faire une médaille au concours général et aux barres parallèles.
Objectifs réussis donc et même dépassés puisque tu décroches en plus une médaille à la barre fixe ?
Oui c’est ça. C’est cool, ça fait du bien ce genre de week-end.
Comment te sentais-tu physiquement et mentalement sur cette compétition ?
Je me sentais assez bien, j’avais fait une bonne préparation sur Montceau les semaines qui ont précédées. Je m’étais bien préparé pour les France équipes à Lyon et ensuite j’ai fait une assez bonne compétition même si j’avais un peu craqué sur les deux derniers agrès mais c’était ma première vraie compète depuis très longtemps donc il y avait pas mal de pression mais c’était encourageant et ça m’a mis sur une bonne dynamique pour Saint-Brieuc du coup.

Tu es médaillé aux barres parallèles et à la barre fixe, ce sont les agrès sur lesquels tu te sens le plus à l’aise ?
Oui c’est ça.
Et ceux sur lesquels tu te sens moins à l’aise ? Où la note sort moins ?
Le sol et les anneaux. Au sol, j’ai un petit mouvement mais c’est propre donc la note arriver quand même à sortir. Ce n’est juste pas un agrès que je kiffe mais ce que je présente est bien réalisé donc je perds très peu en exécution. Par contre aux anneaux, ce n’est pas la même chose. Je ne suis pas fort (Rires)… et aux anneaux, c’est vraiment de la force pure donc si tu n’es pas fort, la note ne peut pas sortir et tu restes dans la moyenne.
Tu t’es blessé au genou en 2019, juste avant les championnats du monde de Stuttgart, entre cette blessure et ces championnats de France tu étais sorti des radars, qu’est-ce qu’il s’est passé pendant ces quatre années ?
Je me suis cassé le genou en 2019, en sortie aux anneaux. Après j’ai mis 8 mois à m’en remettre et quand j’ai repris en 2020, je me suis fait une rupture du ligament du poignet. J’ai mis un peu plus de temps à m’en remettre mais ensuite j’ai pu me focaliser sur les qualifs pour les Mondes en 2021. Il y avait plusieurs tests, c’était mon premier test depuis longtemps et mon premier test s’était bien passé. Deux jours plus tard, lors du second test, ça se passe moins bien et je me fais mal à l’autre poignet. J’avais un problème au niveau des ligaments, j’ai dû me faire opérer et ça a mis beaucoup plus de temps à se remettre. C’est pour ça que j’ai été discret pendant toutes ces années, j’ai enchainé les blessures et ce n’était pas une période évidente pour moi. Ensuite est arrivé le regroupement CPO sur l’INSEP en septembre 2022 et j’ai été intégré au projet grâce à mes performances passées.
Comment as-tu géré cette période ?
Au départ après ma blessure au genou, ça allait. La blessure était arrivée au mauvais moment mais j’étais bien revenu, j’étais en forme donc ça allait. Ensuite, il y a eu la première blessure au poignet, j’ai quand même réussi à bien revenir mais c’était quand même déjà un peu plus compliqué que pour le genou. Ensuite, il y a eu ma deuxième blessure au poignet et là honnêtement j’ai vraiment galéré à revenir et j’ai commencé à me poser pas mal de questions. Je ne croyais plus trop en moi, c’était le début du regroupement CPO et je n’étais clairement pas au niveau des autres à ce moment-là. Je voyais mes collègues d’entraînement partir aux championnats du monde, aux championnats d’Europe, en coupe du monde et moi rien parce que je n’avais pas le niveau et forcément, ça met un coup au moral. Je me demandais ce que je faisais là car j’avais cette impression que je n’arriverais jamais à retrouver mon niveau. Ensuite, il y a eu la revue d’effectifs et je n’arrivais pas à me mettre dedans.
Mais tu as su renverser la tendance et entrer dans une toute autre dynamique ?
Oui, il y a eu la revue d’effectifs de rattrapage en avril et la situation s’est inversée. Je suis rentré un mois sur Montceau pour la préparer, je me suis entraîné librement, sans prise de tête et j’ai retrouvé plaisir à m’entraîner. A la revue d’effectifs de rattrapage, j’ai fait une bonne performance et à ce moment-là j’ai vu que je pouvais peut-être retrouver mon niveau. Retrouver ces sensations-là m’a fait beaucoup de bien et ça m’a permis de me remettre dedans. Cette compétition a été un gros tournant. J’ai fait un gros travail sur moi-même et après quand je suis retourné sur l’INSEP, j’ai continué à m’entraîner en restant dans le même état d’esprit, sans prise de tête, de manière plus libérée. Ensuite, il y a eu les championnats de France par équipes à Lyon où ça a bien marché et ensuite Saint-Brieuc où ça s’est super bien passé donc c’est super cool. Je suis vraiment content.

Les championnats du monde d’Anvers approchent, dans quel état d’esprit te trouves-tu par rapport à cette échéance capitale ?
Avec mes championnats de France, je crois vraiment que c’est possible pour moi. Donc je vais continuer de m’entraîner comme un ouf mais sans prise de tête car c’est important. J’ai passé un cap qui me permet de m’entraîner sérieusement mais de manière plus libérée et ça me réussit plutôt bien donc je vais rester dans cette dynamique-là et mettre toutes les chances de mon côté pour espérer être dans l’équipe pour les Mondes.
Propos recueillis par Charlotte Laroche, à Saint-Brieuc
La bio express de Kevin Carvalho en 10 points :
- commence la gym à 3 ans au club de Montceau-les-Mines, en baby gym
- débute rapidement les compétitions
- intègre le pôle espoir de Montceau-les-Mines en 2010, à l’âge de 11 ans
- décroche sa première sélection en équipe de France espoir en 2012 lors d’un tournoi à Arques
- se révèle au cours de la saison 2018-2019 et décroche ses premières sélections en équipe de France senior en 2019 lors d’un tournoi amical au Pays-Bas et de la DTB Team Challenge à Stuttgart.
- décroche sa sélection pour les Internationaux de France à Paris Bercy en septembre 2019 où il évolue en hors-concours
- est retenu dans l’équipe de France pour les championnats du monde de Stuttgart en octobre 2019 mais se blesse au genou et doit renoncer.
- enchaîne les blessures (genou et poignet) et sort des radars.
- septembre 2022, il intègre l’INSEP et le groupe CPO dans le cadre du projet olympique de Paris 2024
- juin 2023, il remporte la médaille de bronze au concours général aux championnats de France élite de Saint-Brieuc et l’or aux barres parallèles et à la barre fixe.