Marine Boyer a fait retentir la Marseillaise dimanche au sein de la bouillante Accor Arena de Paris Bercy après sa victoire à la poutre. Benjamin Osberger et Coline Devillard s’offrent quant à eux le bronze, respectivement au sol et au saut. Pas de médaille en revanche pour Mélanie De Jesus Dos Santos, Cameron-Lie Bernard et Mathias Philippe.
Sur sept finales, trois se sont conclues par une médaille. Et c’est Benjamin Osberger, l’une des valeurs montantes de la gymnastique artistique masculine, qui a ouvert le compteur au sol lors de la toute première finale de la journée avec une belle médaille de bronze. “Ma première diagonale m’a super bien lancé” , analyse-t-il après sa finale. “J’ai pilé et après j’étais d’attaque pour le reste du mouvement. Quand ça commence bien, ça te met forcément dans de bonnes dispositions pour la suite. Je suis vraiment content.” Une médaille “mémorable” qu’il est allé cherché devant sa famille, son pilier, et le public français qui apprend de plus en plus à le découvrir au fil de ses sorties internationales. “C’est ma plus belle médaille” , sourit-il d’ailleurs. “Devant ma famille, devant tout le public français, devant une salle en feu, ça va rester graver dans ma mémoire. Bercy, c’est incroyable ! Et puis c’est de bonne augure pour les championnats du monde.”
Lançant parfaitement le clan tricolore, l’Alsacien, qui va fêter ses 21 ans le 1er octobre prochain, a mis le reste du collectif sur de bons rails. Un train vers la médaille qu’a pris Coline Devillard. Grande chance de médaille au saut de cheval, son agrès de spécialité, la pensionnaire de l’INSEP est allée chercher le bronze, partageant le podium avec les vice-championnes olympiques américaines, Jade Carey et Jordan Chiles. “J’étais venue montrer que je suis toujours là, que je fais du bon travail à l’entraînement et pour me rassurer moi-même aussi” , confie-t-elle. “J’ai réussi mes sauts deux jours de suite, j’ai abordé la finale dans un bon état d’esprit, j’ai réussi à rester dans ma bulle sans me laisser submerger par tous les encouragements et c’était important pour moi. Quand je monte sur la piste et que j’entends ‘Coline, Coline’, c’est impressionnant quant même ! À ce moment-là, tu te dis ‘mais comment je vais faire ?!’ (Rires). C’est incroyable quand t’es dans l’arène.” Une réussite qui rassure à quelques semaines des championnats du monde. “Je vais continuer sur ma lancée, remettre la double vrilles en deuxième saut, et puis on verra si je suis dans l’équipe ou pas” , lance-t-elle. “En tout cas, je travaille pour !”
Une Coline Devillard qui s’est présentée à Bercy plus sereine mentalement et physiquement en forme. Remise d’une blessure au pied qui l’avait éloignée à son grand regret des plateaux de compétition pendant trois mois, elle a ensuite pu soigner sa reprise réalisée outre-atlantique, aux Etats-Unis, lors d’un stage de quelques semaines passées aux côtés de Mélanie De Jesus Dos Santos et du duo d’entraîneur français Cécile et Laurent Landi. “J’ai aimé travailler là-bas avec eux. Une reprise intense mais avec beaucoup d’échanges, très good vibes” , explique-t-elle. “Ça m’a apporté une nouvelle vision de la gym et plein de trucs nouveaux que j’ai mis en oeuvre avec mes entraîneurs dès que je suis rentrée sur l’INSEP à Paris.”
L’INSEP, ce centre d’entraînement où la spécialiste du saut en France partage son quotidien avec Marine Boyer, la troisième Française médaillée sur ces Internationaux de France. À 22 ans, la capitaine de l’équipe de France, de toutes les compétitions depuis 2016, a su rectifier le tir après sa chute commise la veille dès son entrée. Une chute qui ne l’avait heureusement pas privée de finale grâce à un reste enchaînement maîtrisé et chargé en difficultés. Et dimanche, c’est une Marine Boyer solide comme un roc qui s’est présentée dans l’arène de Paris Bercy. Stable, sereine, élégante, elle n’a pas tremblé et a imposé son style pour aller s’emparer de l’or sur son agrès de prédilection. Cet agrès d’équilibre intraitable qui la fait briller mais qui, parfois, la fait aussi douter. À Bercy, en ce premier dimanche d’automne, elle a su le dompter. “Je suis supra-méga-contente” , lançait-elle quelques minutes après le résultat final. “Le travail paie, parce que je travaille énormément. C’était un début d’année compliqué, après les Jeux j’ai fait une pause, après j’ai repris, il y a eu beaucoup de doutes, mais je n’ai pas lâché, j’ai continué et maintenant je suis là et j’ai gagné Bercy à la poutre , c’est un truc de fou !”
Une Marseillaise qu’elle n’avait encore jamais connue dans l’arène de Paris Bercy et qui lui a fait couler quelques larmes au moment où les 12 500 spectateurs ont chanté à capella. Une communion intense qu’elle a partagée avec le public français et dont elle a savouré chaque instant. Une médaille d’or et une Marseillaise qui soulage, rebooste et redonne confiance à quelques semaines des Mondiaux. “Un bon point de départ pour la suite” , complète-t-elle. “Ça va me donner de la confiance pour travailler sur mon programme et faire encore mieux.”
Si Marine Boyer n’a pas tremblé, Mélanie De Jesus Dos Santos, qui effectuait son grand retour à la compétition après une pause post-olympique de plusieurs mois et qui, rappelons-le, n’a repris l’entraînement il y a seulement quatre mois dans un tout nouvel environnement, a connu un peu plus de difficultés avec plusieurs déséquilibres qui l’ont faite glisser à la sixième place. “J’ai fait ce que j’ai pu mais j’ai été très faible sur le mental” , analysait-elle après sa finale. “Il y avait une ambiance incroyable, on criait mon nom partout et ça m’a aidée mais en même temps ça m’a déstabilisée. C’était compliqué pour moi surtout que c’est une compétition de retour et un retour sur Bercy c’est beau mais ce n’est pas facile car il y a une ambiance incroyable. Je suis déçue de moi, de ma compète, de mon retour, mais j’ai fait de mon mieux.”
Une préparation éclaire pour Aline Friess
Autre française alignée sur ces finales, Aline Friess, qualifiée aux barres asymétriques. Fraîchement appelée après le forfait de Carolann Héduit, la pensionnaire du pôle de Saint-Etienne repart de Paris sans médaille mais a réalisé une très belle finale augmentant sa note de 5 dixièmes par rapport à celle des qualifications. “La finale s’est très bien passée” , sourit-elle. “Face aux meilleures, je suis à mon niveau. Je peux atteindre 13.8 – 13.9 si mon mouvement est très bien (elle a eu 13.6, NDLR) mais je ne peux pas non plus espérer faire 14.5. Il faut que j’augmente ma note de départ donc je suis plutôt satisfaite de ma finale. Comme j’ai appris il n’y a que 3 jours que je faisais Bercy, c’était vraiment que du bonus. Atteindre la finale c’était encore plus du bonus, donc là l’objectif était de grappiller des dixièmes pour moi et pour continuer sur cette lancée jusqu’aux championnats du monde.”
Une sélection de dernière minute qui a légèrement modifié son programme de ses derniers jours. “On n’avait pas du tout préparé cette coupe du monde” , relate Éric Hagard, son entraîneur au pôle de Saint-Etienne. “Il faut savoir qu’après les championnats d’Europe, elle avait été mise au repos suite à sa douleur au genou. Ensuite, elle a eu une petite élongation sur un adducteur ce qui l’a mise à l’arrêt pendant quelques jours sur le travail de jambes, et suite au forfait de Carolann, on a eu l’opportunité de se présenter à Bercy et d’aller faire les barres, le seul agrès qu’elle avait préparé dans le timing des championnats du monde. En connaissant le sérieux et la détermination d’Aline, on y est allé et ça a bien marché. Elle a fait un bon mouvement aux qualifications et encore mieux en finale, donc c’est un résultat très positif par rapport au délai de sa sélection.”
Moins de réussite pour Cameron-Lie Bernard et Mathias Philippe
Respectivement deuxième et troisième des qualifications aux barres parallèles, Cameron-Lie Bernard et Mathias Philippe avaient la médaille à portée de main. Mais suite à quelques erreurs qui leur ont coûté de précieux points, les deux Français n’ont pas transformé l’essai et terminent finalement cinquième (Mathias) et septième (Cameron-Lie). Une déception pour les deux gymnastes qui avaient le potentiel pour faire mieux. “Je suis forcément un peu déçu de ma prestation” , soupire d’ailleurs Mathias Philippe juste après sa finale. “Ce n’est pas le fait de ne pas avoir de médaille qui me déçoit, c’est surtout de ne pas avoir fait mon mouvement comme je sais le faire. Mon objectif principal est toujours de faire mon complet réussi et aujourd’hui ça n’a pas été le cas, c’est ça qui me déçoit. Alors certes je suis satisfait car j’ai fait deux tours sans chute mais aujourd’hui il y a un élément que je n’ai pas pu faire ce qui m’a fait perdre 6 dixièmes sur ma note de départ, et avec le stress et la fatigue, le mouvement était moins bien. Mais malgré la déception, l’expérience de Bercy était incroyable, je suis content de l’avoir vécu ! Avec le public, c’est impressionnant… ça te fout vraiment les poils !”
Même constat du côté de Cameron-Lie Bernard qui a le mouvement pour aller titiller les meilleurs. Mais avec une chute sur la fin de son mouvement, il lui était impossible d’atteindre le podium. “Je suis content d’avoir réussi ma qualification, surtout que c’était dur car la pression était intense, mais forcément je suis déçu de ma finale. J’aurais espéré mieux mais ce sont des choses qui arrivent. Depuis les Europes, c’est un peu dur, la saison commence à être très longue et aujourd’hui ce n’est pas passé. Mais merci Paris ! C’est juste Waouh cette ambiance ! On m’en avait parlé mais de le vivre de l’intérieur, c’est tout simplement incroyable.”
Les résultats
GAF
Saut
1. Jade Carey (USA) 14,375
2. Jordan Chiles (USA) 14,025
3. Coline Devillard (FRA) 13,850
Barres asymétriques
1. Shilese Jones (USA) 14,700
2. Rebeca Andrade (BRE) 14,650
3. Lisa Vaelen (BEL) 14,100
…
6. Aline Friess (FRA) 13,600
Poutre
1. Marine Boyer (FRA) 13,750
2. Jade Carey (USA) 13,750
3. Ellie Black (CAN) 13,700
…
6. Mélanie De Jesus Dos Santos (FRA) 12,650
Sol
1. Jordan Chiles (USA) 14,050
2. Shilese Jones (USA) 13,500
3. Jenifer Gadirova (GBR) 13,250
GAM
Sol
1. Eamon Montgomery (IRL) 14,250
2. Chia-hung Tang (TAI) 14,200
3. Benjamin Osberger (FRA) 14,200
Arçons
1. Rhys McClenaghan (IRL) 15,100
2. Nariman Kurbanov (KAZ, 14,450
3. Yu-Jan Shiao (TAI) 14,350
Anneaux
1. Adem Asil (TUR), 14,80 pts
2. Vinzenz Hoeck (AUT), 14,70
3. Donnel Whittenburg (USA), 14,60.
Saut GAM
1. Adem Asil (TUR) 14,725
2. Caio Souza (BRE) 14,575
3. Artem Dolgopyat (ISR) 14,325
Barres parallèles
1. Caio Souza (BRE) 14,700
2. Brody Malone (USA) 14,600
3. Donnel Whittenburg (USA) 14,20
…
5. Mathias Philippe 13,550
…
7. Cameron-Lie Bernard (FRA) 12,750
Barre fixe
1. Brody Malone (USA) 14,650
2. Ilias Georgiou (CHY) 14,400
3. Tin Srbic (CRO), 14,050