Clap de fin pour Manoah Félicité

Après plus de dix ans dans le haut-niveau, Manoah Félicité a annoncé sur son compte Instagram mettre un terme à sa carrière de gymnaste de haut-niveau. Un choix réfléchi, pris avec sérénité après des années de performances, de passion, de compétitions en équipe de France, mais aussi de combats contre les blessures.

Photo Carmen Harel

Né à La Réunion, Manoah découvre la gymnastique vers l’âge de 7 ans au club de Saint-Denis. Rapidement repéré, il participe à plusieurs championnats de France, s’ouvrant ainsi les portes du prestigieux pôle d’Antibes. Il n’a alors que 11 ans, lorsqu’il décide de quitter son île et ses repères pour poursuivre son rêve à des milliers de kilomètres de chez lui. Sa mère fait alors le choix de le suivre avec ses deux petits frères. Une chance que beaucoup n’ont pas.

Mais les débuts se révèleront compliqués : une première blessure au genou, dès son arrivée au pôle, l’écarte immédiatement des championnats de France. L’année suivante, il se blesse aux cervicales. Un nouveau coup dur. Comme si le sort s’acharnait. À ce moment-là, les doutes s’installent. Il se demande alors s’il a fait le bon choix, mais il ne baisse pas les bras, bien décidé à montrer de quoi il est capable. C’est au cours de sa troisième saison au pôle d’Antibes qu’il s’offre un top 5 au concours général aux championnats de France. Le résultat de la délivrance.

Entre promesses et coups d’arrêt
Sa première sélection en équipe de France le conduit au Luxembourg. Afin de multiplier les compétitions, il signe également au club d’Antibes (il était resté licencié au club de Saint-Denis jusqu’alors, NDLR) avec qu’il découvre le Top 12. Mais là encore, une blessure au poignet vient interrompre son élan. La suite de son parcours est alors jalonnée d’espoirs et de rechutes.

2022 sera l’année de la consécration. Il est d’abord sélectionné pour participer au Festival Olympique de la Jeunesse Européenne (FOJE) aux côtés de Paco Fernandes Henriques et Anthony Mansard. Les Bleuets terminent 7èmes en équipe. Une compétition qui lui permet d’honorer une nouvelle sélection en équipe de France mais qui ne lui laisse pas les meilleurs souvenirs. “Je n’ai pas fait un bon résultat, c’était dur avec beaucoup d’erreurs” , confie-t-il. Mais c’est quelques mois plus tard, à la Comegym en Turquie, qu’il brille. 1er par équipes, 2ème au concours général individuel, 1er aux arçons et 2ème au saut, Manoah Félicité tient son heure de gloire. Le soleil de la Turquie lui réussit. Les blessures l’ont laissé respirer et le travail a fini par payer. “C’était une vraie fierté pour moi la Comegym. Mon plus beau souvenir de compétition” , livre-t-il. “C’était la première fois que je partais loin de la France pour une compétition et que je revenais avec des médailles. C’était incroyable.

Les championnats du monde junior : une nouvelle étape
Aux côtés d’Anthony Mansard et Romain Cavallaro, Manoah décroche ensuite sa place pour disputer les prestigieux championnats du monde junior, organisés à Antalya, compétition marquée notamment par la médaille historique de Ming Gherardi Van Eijken au saut. L’équipe termine 5ème, il se qualifie en finale aux arçons mais craque pendant sa finale avec une chute dès le premier élément. “Je ne sais pas du tout ce qu’il s’est passé” , tente-il d’analyser. “Je maîtrisais mon mouvement, mais cette erreur m’a complètement déstabilisé. Je n’ai pas réussi à me remobiliser, tellement j’étais dégoûté de tomber dès le premier élément alors que normalement je maîtrise parfaitement mon mouvement.” Une finale qu’il aura dû mal à digérer.

Photo Carmen Harel

Un corps fatigué, une décision réfléchie
Les blessures n’auront finalement jamais cessé d’émailler sa carrière : blessures au genou, aux cervicales, au poignet, entorses à répétition à la cheville, et la saison dernière : une opération de l’épaule. Celle de trop. Celle qui le fera réfléchir à l’après. À l’avenir. Son avenir. Avec ou sans gym ? Telle était la question. “Suite à l’opération, j’ai dû prendre un peu de distance avec la gym puisque je ne pouvais plus m’entraîner et je me suis rendue compte que ça me faisait du bien” , explique-t-il. Niveau étude, le bac en poche et sa formation en lycée professionnel ne lui plaisant pas, il prend alors une année sabbatique, avant d’entamer un service civique avec son club, à Antibes. Puis vient l’heure de la reprise de l’entraînement. “Quand j’ai repris, j’avais encore un peu mal à l’épaule, alors j’ai commencé à discuter avec mes proches pour avoir leur avis, et j’ai pris l’initiative d’arrêter. Ça faisait 2 ans que j’y réfléchissais et je sais que j’ai pris la bonne décision.”

Une décision réfléchie, pas prise à la hâte, qui lui permet de se projeter vers un nouveau rêve : celui de devenir pompier professionnel. “Un rêve d’enfant” , sourit-il. Un métier qu’il veut exercer depuis petit.

Aujourd’hui, la douleur à l’épaule s’est estompée et une page est prête à se tourner avec sérénité, après une dernière participation aux championnats de France élite, en senior cette fois-ci pour boucler la boucle, avec une nouvelle finale décrochée aux arçons. Comme un clin d’oeil pour mettre fin à ses 13 ans de gymnastique. Et s’il avoue quelques déceptions, notamment liées à ses blessures qui l’ont freiné dans sa progression, Manoah Félicité reste fier. Fier de son parcours. De son histoire. De tout ce qu’il a entrepris. D’avoir porté les couleurs de la France lors des plus grandes compétitions tout au long de ses années junior.  “Il y a forcément des résultats qui me frustrent, comme les championnats du monde junior avec ma finale aux arçons, mais je peux dire que je suis fier de ma carrière.” Et comme il le dit si bien, en guise d’au revoir sur son compte Instagram : “Je quitte la gym avec le coeur rempli de toutes les expériences, les amitiés et les leçons que j’ai reçues au cours de toutes ces années.” Un regard en arrière, tourné le chemin parcouru, qui lui permet d’entamer un nouveau chapitre avec des bases solides. Sereinement. Car désormais il est prêt. Prêt à débuter sa deuxième vie.

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