À deux jours des matchs de barrages décisifs, l’impatience grandit et l’intensité monte d’un cran ! Les équipes se préparent à livrer une belle bataille pour assurer leur maintien parmi l’élite du championnat de gymnastique en France. Pour mieux comprendre les enjeux et les dynamiques de chaque équipe, nous avons rencontré les entraîneurs des huit formations en lice. Dans cette série d’interviews, plongez au cœur de leur préparation, de leurs stratégies et de leurs ressentis avant ces confrontations cruciales. Découvrez les défis qu’ils ont dû relever tout au long de la saison ainsi que les forces et les faiblesses de leurs équipes. Chaque entraîneur partage également sa vision et ses attentes, tout en évoquant la pression inhérente à ces matchs décisifs. Des entretiens exclusifs qui permettent de prendre la température à l’approche des barrages, de saisir l’intensité de l’enjeu et de ressentir la passion qui anime ces entraîneurs et leurs gymnastes.
Alors qui réussira à s’imposer et à assurer sa place en Top 12 ? La réponse samedi…
Ce week-end, Marseille, toute jeune équipe remaniée suite aux départs de plusieurs de ses gyms expérimentées, va affronter Colomiers à domicile pour assurer sa place en Top 12. Sarah Kuster, entraîneur de l’équipe marseillaise livre à Spot Gym comment elle prépare ses gymnastes, l’état de son groupe et la stratégie à adopter pour aller chercher la victoire.
“On a pris le taureau par les cornes et on a compris qu’il y avait une chance d’évoluer et de créer une expérience hors du commun pour les jeunes gymnastes”
Spot Gym : À quelques jours du match pour le maintien, comment vous et vos gyms vous sentez-vous ? Dans quel état d’esprit êtes vous ?
Sarah Kuster : Pour ma part j’ai vraiment hâte d’y être car c’est toujours un plaisir de les voir briller et donner le meilleur d’elles-même. Donc c’est plutôt encourageant. Après je suis forcément un peu stressée car j’ai envie que ça marche car les filles s’entraînent dur pour ça depuis le début, donc j’ai envie d’un bon résultat mais je sais très bien que le jour J tout est remis à zéro. Concernant les filles, elles me disent être stressées mais confiantes et elles vont donner le meilleur quoiqu’il arrive. Elles sont motivées et même si c’est dur elles s’accrochent.
Pouvez-vous nous parler de votre équipe et de son parcours jusqu’à présent en Top 12 cette saison ?
On a une équipe très jeune, la plus jeune c’est Kiara Chabaud qui a 13 ans. Cette année on a également Terri Grand’ry, gymnaste belge qui a 27 ans. Mais entre elles, on a des filles qui ont entre 14 et 15 ans. Elles sont toutes issues du club, par exemple Lila Chantron, ça fait 10 ans qu’elle est au club et elles ont toutes été formées depuis toutes petites ici. Elles n’ont jamais évolué en Top 12, avant elles étaient en division Nationale donc le challenge est grand pour elles. Suite au départ d’Émilie Stockli-Roy j’ai repris le nouveau groupe d’entraînement du centre Top 12. Avant ça j’entrainais la classe primaire du club, donc les filles se sont également retrouvées avec un nouvel entraîneur.
Donc vous n’étiez pas là lors de la montée en Top 12 en 2023 ?
Si, mais j’étais là pour aider Émilie, j’ai participé à tous les Top 12 pour l’épauler.
Vous avez dit que vous avez eu plusieurs changements au niveau de l’effectif, comment cela a affecté votre saison ?
C’est vrai qu’on a perdu des grandes gymnastes comme Sheyen Petit, Alison Faure et Tais Boura qui étaient vraiment des bons éléments sur qui on pouvait compter. Mais on ne s’est pas dit “Ah mince c’est dommage !”, on a pris le taureau par les cornes et on a compris qu’il y avait une chance d’évoluer et de créer une expérience hors du commun pour les jeunes gymnastes, donc augmenter leur niveau et leur maturité. Au final ça leur a permis de se dépasser au quotidien et de sortir de leur zone de confort et je pense que sans ça, elles ne seraient pas là où elles en sont aujourd’hui. Donc on pourrait quand même dire que c’est un mal pour un bien pour nos jeunes gymnastes.
Comment les gymnastes ont vécu ces départs ?
Ça a donné une toute autre dynamique au club, quand on voit les filles s’entraîner tous les jours dans le gymnase et se donner du mal, les petites derrière s’accrochent et se disent “là on a un objectif qui est de faire le Top 12”. C’est vrai que si on avait gardé Sheyen et Tais ça aurait été plus facile avec elles, mais elles ne sont pas là donc on a fait avec nos moyens qui sont plutôt pas mal à l’heure actuelle. Même si en voyant le classement on sait qu’on ne fait pas partie des meilleurs clubs, on se donne les moyens pour réussir à l’entraînement et je pense que le classement ne fait pas l’individu.
Comment avez-vous préparé votre équipe pour cette compétition cruciale ?
Pour ce week-end on n’a pas forcément changé grand-chose. La préparation a vraiment commencé depuis le mois d’août. Ça a été la même pour les trois (matchs, NDLR) on a toujours pris au sérieux chaque match au vu des efforts qu’il fallait fournir. Et le Club Gymnique Saint-Giniez soutient beaucoup les filles, c’est un travail d’équipe pour lequel on a vraiment misé sur les entraîneurs qu’on a au club. Par exemple la chorégraphie et l’expression scénique sont gérées par Sébastien Artero, le jugement est géré par Brigitte Renaud et pour la stratégie je vais avoir à mes côtés Maria-Séréna Fichetti. C’est une équipe sur laquelle je peux compter les yeux fermés et qui m’aide au quotidien.
Au niveau de la pression et du mental, comment les préparez-vous ?
On essaye vraiment de se mettre en condition à l’entraînement. Pour le mental je leur dis tous les jours de regarder ce qu’elles font et de ne pas se focaliser sur les autres. Car c’est vrai que si on regarde le classement, ou ce que font les filles, on perd vite pied. L’équipe a très peu d’expérience dans le haut niveau et c’est leur premier Top 12 à toutes, elles n’en n’ont jamais fait avant. Donc elles restent concentrées sur elles-mêmes et sur l’équipe.
C’est notre force car étant donné que ce sont des filles de club, elles se connaissent par coeur, pareil pour moi, même si ça fait qu’un an que je les entraîne au quotidien je les connais quand même très bien. Pour certaines filles ça fait quand même longtemps que je les entraîne, par exemple Kiara (Chabaud, NDLR) ça fait 4 ans que je l’entraîne, Maëly (Nosel, NDLR) ça fait 4 ans aussi. Donc on se connait bien et on sait se mettre dans notre bulle sans regarder le résultat mais plutôt la performance. Toute l’année je leur ai dit ça. Le résultat vient après, et s’il ne vient pas, ce n’est pas grave et ce n’est pas ça qui va définir la gymnaste.
Est-ce que vous pensez rencontrer des défis ou des obstacles en particulier ce week-end ?
En face de nous on a quand même une équipe expérimentée qui a l’habitude car ça fait assez longtemps qu’elles y sont. Elles font un travail très propre et très précis donc il y aura très peu d’erreurs et ça va être notre plus gros défi : être précises et ne rien laisser au hasard. Cela risque d’être compliqué car c’est le troisième match des filles en Top 12 de leur carrière. Il est vrai qu’on peut faire plus d’erreurs en comparaison avec Colomiers qui ont un peu plus l’habitude de cette compétition.
Avez-vous mis en place des stratégies pour contrer ces obstacles ?
On n’a pas forcément de tactiques, mais je me suis basée sur les derniers matchs qu’avait fait Colomiers pour voir où on pouvait essayer d’égaliser au moins sur la note de départ. Pour ce faire on a aménagé des nouveaux complets avec ce qui était possible en termes d’éléments pour augmenter la difficulté. On s’est dit qu’on allait jouer nos dernières cartes, car on a toujours priorisé la qualité mais cette fois-ci on pose tout ce qu’on a et on essaye, on verra si ça passe ou pas.
Est-ce que vous ressentez un peu plus de pression due au fait d’accueillir ce match à domicile ou non ?
Oui, car on sait qu’on va être soutenues par tout un club et les adhérents. Même si on se dit qu’on n’a rien à leur prouver, on veut quand même réussir et leur montrer. Donc oui il y a toujours plus de pression. Il faut se montrer et faire de belles choses. C’est vrai que lorsqu’on perd un duel on se dit qu’on risque toujours de décevoir un peu le public et tous ceux qui sont derrière nous pour nous soutenir.
Propos recueillis par Mazarine Mayangha
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