Dans Histoire du Soldat, à l’affiche au Théâtre du Châtelet jusqu’au 29 juin, Quentin Signori, ancien gymnaste de haut niveau, s’impose comme une figure des arts du cirque français. Spécialiste des sangles aériennes, il incarne l’avatar d’un soldat dans une mise en scène périlleuse, entre voltige et transgression des genres.

Le rideau s’ouvre sur un monde en équilibre instable. Celui d’un soldat égaré entre guerre, tentation et illusions. Dans Histoire du Soldat, Quentin Signori, ancien gymnaste de haut niveau devenu voltigeur aérien, plane littéralement. L’ancien gymnaste de haut-niveau licencié au club de Clamart passé par l’INSEP a mis fin à sa carrière en 2015 avant de se reconvertir dans les arts du cirque, et plus particulièrement dans les sangles aériennes. Un gymnaste au parcours atypique, souffrant d’une cécité de l’oeil droit qui ne l’aura toutefois jamais empêché d’aller au bout de ses performances, le rendant encore plus impressionnant.
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Sur scène, l’ancien gymnaste se glisse avec une aisance bluffante dans un rôle à multiples facettes, celui de l’avatar du soldat, suspendu à plusieurs mètres de hauteur. Tour à tour boucher au tablier sanglant, soldat en treillis il ne se contente pas de jouer, il transforme chaque mouvement en un langage car il parle avec son corps sans prononcer un seul mot.
Le décor est composé d’une grande structure en arrière plan, élevée sur deux étages. L’étage supérieur abritant un orchestre qui accompagne les tirades et les dialogues des comédiens.
La mise en scène, elle, casse les codes avec brio, le quatrième mur étant brisé à plusieurs reprises. Les comédiens s’adressent directement au public, toujours dans leurs personnages, avec une touche d’humour qui ne laisse personne indifférent. On rit, on est surpris, parfois même interpellé par certains choix audacieux : Quentin Signori apparait en porte-jarretelles, en équilibre sur un bras, sur des armes factices, chaussé de talons et vêtu d’un tutu et d’un masque de souris. Le grotesque tutoie le sublime, et c’est toute la force de ce spectacle qui ne choisit jamais entre tragédie et comédie.
Dans ce joyeux désordre visuel, Quentin Signori tire son épingle du jeu. Chaque envolée avec ses sangles est millimétrée, chaque changement de costume se fait sans accroc. Son duo de voltige avec la princesse, vêtue d’un tutu et d’un masque intégralement couverts de doré ont également fait sensation.
L’ancien gymnaste n’a rien perdu de sa rigueur ni de sa grâce. Au contraire, il semble avoir trouvé dans la scène un terrain de jeu lui correspondant parfaitement qui est aussi exigeant qu’inspirant, où la performance physique s’inscrit au service de la narration.
Quand la lumière est finalement éteinte, c’est un tonnerre d’applaudissements qui résonne pendant près de trois minutes. Debout, le public acclame la troupe, conquis.