Ethan, premier garçon à concourir en équipe sur les quatre agrès GAF : “Je peux pratiquer la gym que j’aime”

Gymnaste de 20 ans installé à Montpellier, Ethan a matché en équipe en gymnastique artistique féminine lors des championnats départementaux UFOLEP du Puy-de-Dôme et de la Loire. Une première.

C’est le rêve d’un petit garçon qui s’est exaucé des années plus tard. Depuis qu’il a débuté la gymnastique à l’âge de 14 ans, Ethan a toujours été attiré par les agrès féminins : la poutre, le sol en chorégraphie, les barres asymétriques. Mais ses préférences ne rentrant pas dans les moeurs, pendant plusieurs années, il s’est entraîné sur les agrès masculins pratiquant alors la gymnastique artistique masculine (GAM). Sans toutefois parvenir à trouver cet épanouissement et ce plaisir recherché. En parallèle, il aimait donc travailler d’autres éléments qu’on pouvait retrouver en gymnastique artistique féminine (GAF). “Je faisais des souplesses avant, des flip décalé et j’adorais faire ça” , se souvient-il. “Mais mon entraîneur n’aimait pas, il me faisait beaucoup de remarques.” Alors pour ne pas faire de vague, il s’est conformé à l’idée qu’il devait faire de la GAM.

Si à la salle il se consacrait à la GAM, chez lui il travaillait de nombreux éléments GAF. Ce qu’il adorait. Un an plus tard, il décidait de tout arrêter. “Mon entraîneur me critiquait tout le temps, ça ne correspondait pas à mes valeurs et je ne m’épanouissais pas du tout dans ce que je faisais. Ce n’est pas la vision que j’avais du sport” , confie-t-il. Dans son esprit, c’était clair, pour lui la gym c’était terminé.

Mais après une période de blessure et en pleine période COVID, il recommence à s’entraîner chez lui, dans son jardin. Exit la GAM, il se concentre sur la GAF. “J’ai appris la vrille dans mon jardin” , sourit-il. “En fait toutes les accros que je sais faire, de l’ATR jusqu’à double vrilles, je les ai apprises chez moi, sur mon Air Track.”

Il commence alors à poster des vidéos sur les réseaux sociaux et décide de s’inscrire dans un club de tumbling, à une heure de chez lui. “Mais je me fracture la cheville et j’ai mis du temps à récupérer” , éclaire-t-il. Une période de convalescence qui le fait réfléchir. “À ce moment là, je me suis dit que ce que je voulais faire c’était de la GAF et rien d’autre“. Une fois sa cheville rétablie, il décide de s’inscrire à un cours de gym adulte à Montpellier, dans un club FFG. “Comme ce n’était pas un cours destiné à faire de la compétition, je pouvais faire la gym que je voulais” , explique-t-il. “C’était exactement ce dont j’avais besoin.” Il découvre alors réellement les barres asymétriques, la poutre, le sol et il s’éclate. “Je faisais enfin la gym que j’aimais” , lance-t-il. “Sans me faire critiquer, sans avoir des reproches à longueur de journée. Je me suis tout de suite extrêmement bien intégré, les filles et les entraineurs ont tout de suite été super gentils avec moi, un vrai bonheur.”

Un jour, l’envie de faire de la compétition a commencé à germer dans sa tête. “Florence du club de Cournon d’Auvergne a vu mes vidéos sur les réseaux et m’a parlé qu’ils avaient un projet de faire une équipe mixte en GAF, en UFOLEP. Elle m’a proposé de matcher avec eux. J’ai tout de suite accepté ! C’était ce dont j’avais toujours rêvé !”

Ce moment qu’il attendait tant était enfin arrivé. Six ans après ses débuts en gym, après quelques années à se sentir brimé, bridé, il allait enfin pouvoir faire des compétitions et évoluer sur les agrès féminins. Mais c’était sans une certaine appréhension. “Honnêtement j’avais quand même un peu peur car je ne savais pas comment ça allait se passer, si ça allait créer au scandale ou pas. Et puis finalement tout s’est super bien passé. Les retours ont été très positifs, ça fait plaisir de voir cette ouverture d’esprit.”

C’est donc début février qu’Ethan Romo, 20 ans, a participé à sa première compétition en équipe en GAF lors des championnats départementaux UFOLEP du Puy-de-Dôme et de la Loire, à Boën-sur-Lignon, passant sur les quatre agrès féminins, comme toutes les autres filles de la compétition. “J’étais assez stressé, surtout que j’étais le seul garçon au milieu des filles mais très très très très content” , lance-t-il avec toute cette bonne humeur qui le caractérise. “L’ambiance était super, l’équipe était super, l’entraîneur était super, quand je suis passé à la poutre le public m’a beaucoup encouragé, je me sentais vraiment bien. J’étais vraiment moi, je n’avais plus besoin de me cacher derrière une pratique qui ne me correspondait pas.”

Deuxième en équipe* et en individuel, l’étudiant en licence de géographie, qui évoluait en Niveau 2 11 ans et +, l’un des meilleurs niveaux en UFOLEP, s’est révélé, marquant les esprits. Une compétition qui a aussi permis de briser les stéréotypes. Une journée historique permettant “de prouver que l’appartenance à une équipe ne se limite pas au genre, mais se construit autour de la passion et de l’envie de performer ensemble” , explique l’UFOLEP de son côté, prônant l’inclusion comme principe fondamental, visant à garantir l’égalité des chances pour toutes et tous.

Quant à Éthan, il a profité pleinement de son moment et se projette déjà vers les championnats régionaux avec au bout, l’objectif d’atteindre la finale nationale organisée à Bordeaux début juin avec son équipe. Mais pour l’heure, il savoure. “J’ai reçu tellement de marque d’affection, ça fait chaud au coeur. Alors bien sûr, il y a aussi eu quelques critiques sur les réseaux mais c’était vraiment minime, les gens m’ont beaucoup félicité et encouragé à continuer. Je suis vraiment heureux d’avoir cette chance de matcher en GAF. Merci à l’UFOLEP et au club de Cournon sans qui ça ne serait certainement jamais arrivé. Je peux pratiquer la gym que j’aime et faire des compétitions. Je me sens enfin à ma place.”

*S’il a pu participer à la compétition, ses notes n’ont cependant pas été prises en compte dans le total de son équipe par mesure d’équité avec le reste des équipes uniquement composées de gymnastes féminines.