À la veille des matchs de barrages décisifs, l’impatience grandit et l’intensité monte d’un cran ! Les équipes se préparent à livrer une belle bataille pour assurer leur maintien parmi l’élite du championnat de gymnastique en France. Pour mieux comprendre les enjeux et les dynamiques de chaque équipe, nous avons rencontré les entraîneurs des huit formations en lice.
Dans cette série d’interviews, plongez au coeur de leur préparation, de leurs stratégies et de leurs ressentis avant ces confrontations cruciales. Découvrez les défis qu’ils ont dû relever tout au long de la saison ainsi que les forces et les faiblesses de leurs équipes. Chaque entraîneur partage également sa vision et ses attentes, tout en évoquant la pression inhérente à ces matchs décisifs. Des entretiens exclusifs qui permettent de prendre la température à l’approche des barrages, de saisir l’intensité de l’enjeu et de ressentir la passion qui anime ces entraîneurs et leurs gymnastes.
Alors qui réussira à s’imposer et à assurer sa place en Top 12 ? La réponse samedi…
Nouvelle interview de notre série spéciale. Younesse El Hariri, entraîneur de Kingersheim, revient sur la préparation de son groupe et l’état d’esprit des gymnastes pour cette rencontre cruciale.
“On était un petit peu un ovni en arrivant”
Spot Gym : Quel bilan tirez-vous de cette première saison en TOP 12 tant sur le plan sportif que sur l’apprentissage global du groupe ?
Younesse El Hariri : On a découvert beaucoup de choses, comme le protocole, les matchs sur trois agrès et la stratégie. Mais aussi sur l’organisation, entre ce qu’on met en place et ce que les autres mettent en place. On découvre également le tirage au sort ! (Rires). Parce que honnêtement sur une première année je pense qu’on a tiré la pire poule, enfin je ne pense pas, j’en suis quasiment sûr ! Entre Vallauris, double champion de France en titre, et Sotteville, champion de France 2022, on ne peut pas faire plus difficile. Donc l’apprentissage s’est fait dans le grand bain tout de suite, on n’a pas eu d’année de transition pour jauger. Après ça nous a aussi forcés à sortir des gros matchs et de nous rendre compte de nos lacunes et de nous dire qu’il nous manque peut-être une profondeur de banc ou d’équipe, et qu’on doit continuer à former nos jeunes pouces. On a le Top 12 mais on sait qu’on a aussi une flopée de gymnastes de haut niveau en devenir. Mais en tout cas, en terme d’apprentissage c’est super agréable. Ça permet de découvrir différemment les autres équipes et les officiels aussi, que ce soit les juges ou les chefs de délégation. On n’est pas juste 12 équipes qui font la compétition et repartent. Il y a ce côté échange qui est super intéressant.
Qu’avez vous pensé de l’ambiance du Top 12 dans sa globalité ?
C’est bienveillant, c’est agréable et c’est bon enfant. Même les échanges d‘après duels. On se congratule et on ne souhaite que du bien à l’autre. Il y a beaucoup de fair-play, dans cet esprit de se dire : que le meilleur gagne ! En dehors de ça, je trouve que les échanges avec les juges sur les plateaux de compétition, avec qui on n’a jamais échangé, alors que pourtant ça fait 30 ans que je suis dans la gym, me permettent d’aller un peu plus loin et d’en découvrir plus sur eux, tout comme eux qui apprennent aussi à nous découvrir. Kingersheim, on était un petit peu un ovni en arrivant. Les gens découvrent qu’Adrien et moi, les coachs, sommes bénévoles et que c’est nous qui gérons nos déplacements. Les gens pensent qu’on est arrivé du jour au lendemain, qu’on a des collectivités ou des sponsors qui nous financent sauf que ce n’est pas le cas. C’est un projet qui a commencé il y a 18 ans. Le fait de discuter avec les autres équipes nous permet d’effacer les “on dit”, mais aussi de savoir les problématiques, les budgets et les contraintes des uns et des autres. C’est constructif sur le plan sportif parce qu’on apprécie de pouvoir échanger sur le fonctionnement. E fait, c’est enrichissant aussi bien sur le plan sportif qu’extra sportif.
À quelques jours du match décisif pour le maintien, comment vous et vos gymnastes vous sentez-vous ? Dans quel état d’esprit êtes vous ?
On est tous remontés à bloc, surtout qu’on reçoit à domicile ! On a échoué sur les deux derniers matchs parce qu’il nous manquait Naël (Sakouhi NDLR) qui s’était fait une entorse à la cheville. Donc on est un peu revanchard par rapport à ce qu’on a pu proposer car on n’a pas fait des super bonnes compétitions, on a fait quelques erreurs qui nous ont coûté cher sur les deux matchs alors qu’on n’avait pas le droit à l’erreur sur notre poule. On se dit qu’il faut qu’on fasse une compétition avec un système qui change un peu vu qu’on est sur les 6 agrès avec 3 duels à chaque fois, ce qui resserre un peu l’étau. On a un petit peu analysé Tremblay, on connaît leurs points forts et faibles, on connaît plus ou moins l’équipe parce qu’on étudie à chaque fois les équipes qu’on va rencontrer.
Vous avez déjà mis une stratégie en place ?
Alors oui et non. On a déjà des idées mais ça va dépendre de quelle équipe commence : Tremblay ou nous.
C’est quelque chose qui peut changer la donne ?
Oui ça peut changer la donne. Après c’est ce que j’expliquais à la presse locale, j’ai envie de vous dire que sur ce format là on peut faire la stratégie qu’on veut mais ce qu’il faut c’est que le gym qui passe fasse le boulot ! Parce que les niveaux sont plus ou moins similaires, il n’y a pas de mauvais et de bons gymnastes qui vont s’affronter. Il n’y aura que des bons gymnastes sur les trois passages donc ça va se jouer à la réussite et à des détails… ce n’est pas une loterie (Rires). Mais on peut mettre un bon gymnaste face à un autre un peu moins bon sur le papier, sauf que la gymnastique ça ne pardonne pas et une chute relance vite les dés.
Vous savez déjà comment vous allez aborder la compétition ?
On a une idée de ce qu’on veut mettre en place ça c’est certain. On a des très très bons gymnastes sur ce match-là et normalement tout le monde est affuté. On a Naël et Elias qui préparent les championnats d’Europe donc ils sont plus que prêts, ils ont quelques petites nouveautés, on verra s’ils les mettent ou pas. On a également nos renforts étrangers sur le papier qui nous permettent d’avoir l’équipe type pour affronter Tremblay. Pour nous, l’objectif est de faire la meilleure compétition. Si Tremblay gagne on sera contents pour eux et ça voudra dire qu’ils ont été meilleurs. Le pire, pour nous, c’est de perdre avec des regrets. Si on fait la meilleure compétition que l’on peut stratégiquement parlant et qu’on perd, on ne pourra pas s’en vouloir. Le seul regret qu’on pourrait avoir c’est d’avoir perdu un ou deux matchs de poule qui nous auraient permis d’être deuxièmes et pas troisièmes parce qu’on l’est à un duel près.
Après comme vous l’avez dit, vous n’avez pas eu la poule la plus simple.
C’est exactement ça (Rires). Mais face à Tremblay, on va attaquer ce match de la meilleure façon avec un bon état d’esprit. Et comme on dit, ça reste de la gymnastique ! Quand on a reçu Sotteville et qu’on a gagné, on a créé la surprise. Personne n’aurait misé un euro sur Kingersheim. Pour moi dans le Top 12, il y a des favoris, certes, il y en a qui sont vraiment très costauds, mais sur les deux autres tiers du tableau, j’ai l’impression qu’il y a des équipes qui sont vraiment homogènes. Sans compter celles qui ont perdu des gymnastes au “mercato”. Ça ne se joue à pas grand chose. On y va à fond et pour revenir sur ce que j’ai dit, les gymnastes font de la gym, les coachs font la stratégie et les juges notent.
Concernant les renforts étrangers, avez-vous pu obtenir tous les athlètes que vous souhaitiez ? Quel impact ont-ils eu sur votre équipe cette saison ?
Sur ce match oui ! En tout cas d’un point de vue stratégique et sur le management oui. Après il faut que tout le monde arrive (Rires). Mais sur le papier on se donne les moyens pour cet événement car notre seul et unique objectif c’est le maintien. On a les armes pour et je pense que Tremblay a le même discours que nous (Rires). J’espère en tout cas qu’ils auront le couteau entre les dents pour nous offrir un très bon match parce que c’est ce qu’on veut aussi.
Vous faites partie du collectif Flying Dunkers. Avez-vous prévu quelque chose de particulier pour cette rencontre ?
Non pas pour cette fois-ci à cause de l’installation. On est dans une salle d’entraînement qui n’est pas propice à mettre un panier de basket. Pour tout vous dire, quand on a eu le calendrier fédéral du Top 12, on a regardé pour essayer d’organiser un match à domicile dans un palais des sports car l’objectif était de faire un très très gros événement comme j’organise sur le basket, en faisant venir de gros noms de la chanson en showcase à la fin de l’événement. On voulait faire la même chose afin de pouvoir faire découvrir la gymnastique de haut niveau à des gens qui ne sont pas familiers de ce sport et les en rapprocher. Mais le calendrier a fait qu’on a des sports collectifs à Mulhouse qui prennent le palais des sports donc ça ne s’est pas fait. Et le problème est que si on veut faire venir une star de la pop urbaine il nous faut au minimum 3000 places. On hésite encore à faire un petit show dans la salle, mais on a une mascotte, on a des goodies, un groupe de danse local et des partenaires, on a de quoi faire quelque chose de sympa. On avait également pensé à organiser les phases finales du Top 12 mais ça tombe sur un week-end de compétition interdépartementale.
C’est vrai que le calendrier des compétitions qui arrivent n’aide pas forcément !
On s’est préparé pour ce match et c’est embêtant parce qu’on voulait que ça soit une très grande fête. Mais le problème est qu’on a une compétition interdépartementale le même weekend sur la ville d’à côté. On aime bien mettre les petits plats dans les grands, on réfléchit à faire quelque chose de correcte mais ça nous gâche un petit peu la fête ce chevauchement de calendrier parce qu’on a plein de gymnastes et parents du club qui seront en compétition le samedi et le dimanche matin qui vont passer et ne pas rester. C’est le seul point négatif sur l’organisation parce qu’on pensait faire comme sur le premier match : salle comble et fête tous ensemble. Mais sportivement on est prêts à performer sur ce dernier match. C’est compliqué pour nous car tout s’enchaîne, on a le match de barrage ce week-end et on part à Montceau-les-Mines mercredi avec les garçons, on en a 7-8 qui sont au rattrapage, 7 sont déjà qualifiés aux championnats de France Élite. En fait ça ne s’arrête jamais, c’est ce qui nous embête car on ne peut pas faire tout ce qu’on avait prévu au départ. C’est pour ça qu’on espère se maintenir pour essayer de franchir les paliers au fur et à mesure. On a une belle équipe et ça serait dommage pour eux de ne pas réussir. Redescendre serait un échec mais ce ne sera pas non plus la fin du monde. Si on a réussi à monter une fois, on pourra le refaire. En plus on a une deuxième équipe en Nationale 1, une autre en Nationale 2, on a une équipe dans chaque catégorie.
Propos recueillis par Mazarine Mayangha