Mieux comprendre les bases de la gymnastique rythmique

‌Souvent désignée comme un mélange de gymnastique et de danse, la gymnastique rythmique (GR), anciennement appelée GRS (Gymnastique Rythmique et Sportive), est une discipline à part entière. Des catégories bien définies, un jugement très codifié, et des exigences extrêmement élevées… On vous fait découvrir l’univers de la GR.

Le point international 
Cerceaux, massues, ruban, ballon et corde (uniquement en France car désormais supprimée de l’international) sont les 5 engins historiques de la discipline. Les internationales seniors présentent seulement 4 enchaînements (pas de corde), d’une minute trente, en compétition. Contrairement à la gymnastique artistique, les spécialités n’existent pas. La maîtrise de chacun des quatre engins est donc essentielle à ce niveau, puisque le classement général est le total des quatre notes. Cependant, il existe aussi des finales par engin sur les Grand Prix mondiaux, mais il faut tout de même avoir présenté des compositions aux quatre engins. 

Comprendre les catégories françaises
Et dans la fédération française de gymnastique, ça marche comment ? Du côté des élites, dès leur arrivée en pôle, les championnats se composent aussi de 4 passages. Du côté de la vie fédérale, c’est différent. Une saison gymnique est séparée en deux avec la partie individuelle d’octobre à janvier et la partie équipe, de février à juin. Pour la première, il existe 4 catégories à finalité nationale : Nationale A, B et C et Fédérale. Les deux premières obligent les gymnastes à présenter deux enchaînements donc les engins sont généralement imposés chaque année. Les deux suivantes n’ont qu’un enchaînement. Chaque podium national oblige une montée dans la catégorie supérieure l’année suivante. Sauf en Nationale C, où la simple qualification aux championnats de France offre une place en Nationale B.
 
Pour la saison ensemble, il existe deux championnats de France : les nationaux (en mai) et les fédéraux (en juin).
Les projecteurs sont en majorité tournés sur les équipes nationales.
 Basées sur un fonctionnement de montée/descente, à partir du classement vertical, d’une année l’autre, elles sont séparées en 4 divisions. Le principe ? Chaque club engagé sélectionne deux individuelles (coefficient 1 chacune) et constitue un ensemble de 5 gymnastes (coefficient 2). Le cumul des points permet d’établir le classement final. C’est également le moment pour les équipes de rappeler leurs gymnastes élites, qui s’entraînent en pôle. Certains font même appel à des internationales étrangères. Cela fait déjà deux années consécutives que le titre de Nationale 1 est ancré dans le palmarès de la Société Municipale d’Orléans. Sur le même championnat de France, les ensembles (5 gymnastes) et les duos (2 gymnastes) nationaux sont aussi de la partie. Ils se confrontent avec un seul enchaînement aux engins imposés. 

Du côté du niveau fédéral, il y a 3 niveaux : A, B et C. Les deux premiers sont des ensembles de 4 à 6 gymnastes avec un seul enchaînement et des engins imposés. Ce qui les distinguent ? Les exigences, avec des difficultés plus importantes demandées chez les Fédérales A. Les Fédérales C désignent une catégorie dîtes “spectacle”. Des enchaînements légèrement plus longs, avec des collectifs comprenant entre 6 et 10 gymnastes qui alternent les entrées et les sorties avec 3/4 engins minimum. Chaque région a aussi créé des catégories intermédiaires qui lui sont propres et non-qualificatives pour les championnats de France.

Un code technique pointilleux
Il est souvent compliqué de comprendre comment on départage deux gymnastes en gymnastique rythmique. Chaque nouvelle olympiade se double d’un nouveau code technique de notation, qui est ensuite adapté à la vie fédérale. Tous les quatre ans, les règles changent, les demandes diffèrent, et les gymnastes doivent s’adapter. Et l’adaptation est continue puisqu’en 4 ans, le code de pointage a le temps d’évoluer. Actuellement, nous sommes dans un code sans limite à l’internationale, où les notes n’ont plus de plafond supérieur. La gymnastique russe pousse les nations à se surpasser d’année en année, et à remplir les enchaînements de façon inimaginable. Par exemple, en 2017, les sœurs Averina, championnes et vice-championnes du monde, ont commencé avec des notes se rapprochant des 19 points. En 2020, elles ont obtenu des 25. Du côté des équipes, la progression est encore plus fulgurante. Qui ne se rappelle pas de la performance de l’ensemble d’Italie aux 5 cerceaux lors des Internationaux de Thiais 2017, qui avoisinait les 20 points. Il y a quelques jours, l’ensemble bulgare a obtenu 36 points lors de ses championnats nationaux. 

Mais comment ça fonctionne alors ? 
Il faut savoir qu’une note comprend deux parties : les difficultés et l’exécution, qui sont elles-mêmes séquencées en deux sous-parties. 

L’exécution: L’élégance et la Technique, notés sur 10.
L’exécution comprend la technique et l’artistique. Ce sont des notes à pénalités. Les gymnastes partent donc d’une note de 10 sur la partie technique. Sauf pour les niveaux fédéraux, qui partent de 12 points car potentiellement plus de fautes d’exécution à déduire. Chaque faute est donc déduite de la note de base. Les fautes techniques comprennent les erreurs corporelles (pointes non tirées, bras plié, déséquilibres, difficulté mal placée, réception lourde de saut), les chutes (d’engins et de gymnastes), les déplacements (mauvaise trajectoire de l’engin), et les fautes de technique d’engins (fautes de plan, mauvaises prises, mauvaises manipulations). 
Du côté de l’artistique, on recherche à noter le rapport entre la musique et la gymnaste. Le code s’axe particulièrement sur la fluidité de la chorégraphie et la cohérence entre les mouvements et l’idée directrice de la composition. Les pénalités tombent en cas de manque de variété, d’expression, de mouvements saccadés. Cela oblige les gymnastes à présenter des compositions, tout de même, originales et artistiques face à un code qui demande beaucoup de difficultés.

Les difficultés corporelles et à l’engin : une note infinie
Justement la grande nouveauté de ce code de pointage, c’est l’exigence technique. La musique ne s’allonge pas, mais la demande ne cesse d’augmenter. De ce côté-là, c’est la course aux points. Plus on met de choses dans son enchaînement, plus la note de difficulté va augmenter. La stratégie devient donc un élément clef lors de la création des enchaînements. 
En effet, la note de difficulté est séparée en deux catégories distinctes.
La D1/D2 correspond pour les individuelles au cumul des séries de pas de danse (0,3 chacune) et des difficultés corporelles (sauts, équilibres et pivots). Pour les ensembles, on y ajoute les échanges.

La D3/D4 comprend les R, soit les lancers avec des rotations sous le vol de l’engin. Plus j’ajoute des critères, comme par exemple un rattraper sans les mains, ou un lancer en dehors du champ visuel, plus la valeur de la R augmente. Les grandes nouvelles de cette D3/D4, ce sont surtout les Difficultés d’Engins (DE). Le principe ? Une manipulation à l’engin originale qui est valorisée de 0,2 à 0,4 points. C’est ce qui a révolutionné la gymnastique rythmique sur cette olympiade. Désormais, chaque mouvement est prétexte à l’intégration d’une DE. Ce qui fait que les compositions deviennent des enchaînements de DE. Du côté des équipes, cela n’existe pas. Elles sont remplacées par les collaborations qui débutent à 0,2 points mais qui s’enrichissent de critères faisant rapidement montée leur valeur.  Au vu de la complexité de la notation, le jury est composé de 2 à 5 juges pour une même partie. On fait une moyenne des notes médianes pour obtenir la note finale. Ainsi, un écart de notes trop élevé, entre les notes intermédiaires, déclenche une réunion de juges. 

Plus d’excuses désormais pour les parents dans les gradins ou pour celles et ceux qui s’intéressent ou s’intéressaient de loin à la GR, vous avez désormais les bases pour comprendre le jugement et le fonctionnement de la Gymnastique Rythmique. 

Océane Michel 

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