Longtemps reléguée au second plan derrière l’entraînement ou la technique, la nutrition s’impose aujourd’hui comme un pilier fondamental de la performance en gymnastique artistique. Au croisement du physique, du mental et de la santé, elle reste pourtant encore parfois trop souvent entourée de nombreux tabous, notamment chez les gymnastes féminines. Pour mieux comprendre ses enjeux, Spot Gym a croisé les regards d’experts, entraîneurs, médecins, diététiciens-nutritionnistes et anciennes athlètes de haut niveau. Objectif : éclairer les pratiques actuelles, déconstruire les idées reçues et promouvoir une approche plus saine et individualisée de l’alimentation sportive. Entre récupération optimisée, prévention des blessures et gain d’endurance, l’alimentation est désormais au cœur de la réussite sportive.

Par Mazarine Mayangha et Charlotte Laroche 

Photo Carmen Harel

Et si la performance se jouait aussi dans l’assiette ? Qu’il s’agisse de compétition internationale ou d’entraînement quotidien, chaque aspect de la préparation compte. Si l’entraînement et la récupération sont bien connus du grand public, la nutrition se révèle aussi être un pilier de la performance. Bien au-delà du simple fait de « bien manger », elle devient un atout essentiel, adaptée à chaque discipline, chaque objectif et chaque métabolisme. 

Longtemps réduite à des injonctions sur le poids, si la nutrition reste un sujet sensible dans la gymnastique artistique, elle se révèle pourtant être un vrai outil de performance, chaque repas devenant alors une stratégie à la réussite. Apport en macronutriments, répartition des calories, hydratation ou encore heures des prises alimentaires sont minutieusement calculés en fonction des phases d’entraînement, de compétition ou de récupération pour apporter à l’athlète toutes les ressources utiles et nécessaires à sa progression.

Manger pour performer : une nécessité physique et mentale
Le corps, au fil des entraînements ou des compétitions, se décharge. Et après cette décharge, il faut recharger l’organisme”, explique Rodolphe Bouché, entraîneur au pôle GAM d’Antibes. Pour lui, tout très est simple : “C’est à l’image d’une voiture. Quand on vide le réservoir, il faut refaire le plein d’essence pour continuer. Et la qualité de cette essence détermine la longévité du moteur.

Dans un sport explosif comme la gymnastique, où les efforts sont brefs mais intenses, un passage au sol dure en moyenne 70 secondes, le corps consomme en priorité des glucides. “Ce sont les réserves de glycogène qui sont sollicitées. Si on surcharge en glucides juste avant une compétition, on risque un effet rebond : un pic d’insuline, suivi d’une hypoglycémie”, prévient-il. L’enjeu n’est donc pas seulement de manger suffisamment, mais de manger au bon moment et de manière adaptée à l’effort qui va être réalisé ultérieurement. 

Mais l’alimentation ne répond pas qu’aux besoins musculaires. Elle impacte aussi l’aspect psychique. “Une bonne alimentation permet de mieux digérer la charge mentale. Le cerveau est le grand régulateur de tout, et il a besoin de carburant de qualité” , complète le technicien antibois. 

Une approche éducative encore trop marginale
Malgré l’importance du sujet, la nutrition reste encore trop souvent mal comprise. Pour Rodolphe Bouché, il est très important de former les jeunes gymnastes sur la manière dont ils nourrissent leurs corps et comment cela va les aider à mieux performer. “Sur le pôle d’Antibes, on propose tous les deux ans une intervention de 2h à 2h30 pour sensibiliser les nouveaux arrivants.” Mais il le reconnaît, certaines croyances dangereuses persistent dans les esprits. “Nutrition égale poids du corps, surtout chez les jeunes filles, c’est un sujet tabou. Or, la vraie question, ce n’est pas d’être mince, mais d’avoir un corps fonctionnel et bien équilibré intérieurement.” Il exprime également que « les problématiques de poids en gymnastique sont liées à la souffrance biomécanique qu’on impose à son corps. »

Certains gymnastes auront des besoins différents des autres. Il cite l’exemple de Samir Aït Saïd, qui est spécialiste aux anneaux et nécessite donc une masse musculaire plus importante dans le haut de son corps pour tenir un mouvement où il réalise des maintiens isométriques. Par conséquent, il ne rechargera pas son corps de la même manière qu’un spécialiste à un autre agrès. Pour lui, c’est uniquement pour ces raisons que le poids devrait être discuté et non pour son aspect esthétique.

Selon Arthur Voisin, nutritionniste-diététicien à l’INSEP, la nutrition ne peut pas être isolée des autres paramètres de la performance. Elle doit se mélanger avec l’entraînement, la préparation physique et mentale. “La nutrition s’imbrique dans un ensemble de facteurs qui vont permettre la performance et ça va aller en complémentation avec la partie entraînement, la partie préparation physique, la partie préparation mentale. Tous ces aspects qui participent à la performance de l’athlète.

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