
C’est durant le dernier week-end du mois de janvier, que se déroulait la grande échéance de la saison individuelle pour les clubs de gymnastique rythmique. Gymnastes, entraîneurs, spectateurs, tous les amateurs de GR ont enfin pu retrouver un véritable Championnat de France avec un palmarès, sans restrictions, ni gestes barrières. Une joie pour le club organisateur de Nîmes, qui recevait pour sa neuvième finale de GR plus de 350 athlètes des catégories Nationales A et B. Retour sur un Championnat de France aux performances mitigées.
Un grand nombre d’étrangères et beaucoup de clubs médaillés
Cette année, les catégories comptaient de nombreuses étrangères rendant chaque palmarès quelque peu compliqué pour les inaccoutumés. En effet, la fédération autorise les gymnastes s’entraînant en France, mais ne possédant pas la nationalité française à participer aux Championnats de France. Cependant, pour plus d’égalité, elles ne reçoivent pas le titre de Championne de France et deux classements sont annoncés : le classement sportif pour toutes les participantes et le classement français ne tenant compte que des gymnastes de nationalité française. Cela accroit de fait, le nombre de médailles décernées.
Ainsi, durant ces trois jours de compétition, 32 clubs différents ont reçu des médailles. Le bilan est conséquent, car peu de clubs ont dominé largement la compétition, contrairement à certaines années et rares sont les gymnastes qui ont réussi à présenter deux enchaînements sans bêtises.
Belfort ressort vainqueur avec 4 médailles (Mohini Yoshioka 1ère en Nat A 11ans, Rose Dauton 2e en Nat B 10, Scarlett Pierini 3e en Nat A 12-13 et Celina Feusier 3e Française en Nat A 16-17), suivi par Chambéry qui cumule 3 médailles dont deux titres (Célia Sterpionne Philippe en 1ère en Nat B 11, Lola Manuse 1ère en Nat B 12-13 et Mia Manuse 2e en Nat B 14-15) et Paris Centre qui remporte trois médailles (Lucile Merland 3e Française en Nat B 14-15, Emilie Janssen 1ère en Nat A 14-15 et Maëlenn Auffret 3e Française en Nat B 18+).
Trois gymnastes ont réussi à conserver leur titre de 2022 gagnant leur catégorie avec une large avance : Mohini Yoshioka avec 46.850 points et deux points d’avance, Emilie Janssen obtient le total de 45.200 points avec près de deux points sur la deuxième et l’indétrônable Mélany Duval (Calais) qui remporte la catégorie phare du week-end avec 57.250 points, soit cinq points d’avance sur la suite du classement.
Les Nationales A 18+ : des erreurs et des résultats inattendus
Ambiance lourde, spectateurs attentifs, comme chaque année, tous attendaient la rotation du samedi soir pour contempler le spectacle offert par les Nationales A séniores, mais cette-fois, beaucoup ont été déçus. Faute au nouveau code ou aux emplois du temps de toutes les gymnastes trop chargés pour supporter la difficulté des enchaînements et la pression, les erreurs se sont multipliées durant les deux heures de compétition, à commencer par les membres de la « team soleil ».
Concouraient cette année, dans cette catégorie, Iliona Prioux, Danaé Collard, Hélène Deconninck et Chloé Sivadier, ex-gymnastes de l’ensemble France. Évidemment très attendues, elles n’ont cependant pas réussi à atteindre le podium, à l’exception de Chloé Sivadier (Thiais), qui réalise une belle compétition (50.750 points) et monte avec surprise sur la troisième marche du classement sportif, décrochant la médaille d’argent au classement français. « Je n’ai même pas pleuré. Toutes les filles du club m’ont dit, mais tu pleures tout le temps d’habitude », raconte-t-elle en riant. « À l’entrée de mon cerceau, j’ai entendu tellement d’encouragements que j’en avais les larmes aux yeux, parce que ça faisait longtemps que je n’avais pas fait une compétition pour moi. Ça m’a donné presque les mêmes émotions que lorsqu’on faisait le grand prix de Thiais en ensemble. Ça m’a mise en confiance. J’étais d’attaque pour faire le maximum sans me poser de questions et vivre le moment présent. » Étant restée sur le goût amer de sa performance individuelle à Calais en DN1, elle n’avait qu’un objectif : ne pas reproduire les mêmes passages qu’en mai dernier : « Nous nous étions dit avec mon entraîneur que la place, quoiqu’il arrivait, serait du bonus, même si après mes passages, dans ma tête, j’espérais un top 5 », confie Chloé ajoutant : « à l’annonce de ma place, j’ai rien compris, je n’avais même pas écouté ce qu’il disait au micro, c’est pour ça que je me suis mise sur la quatrième marche. Et puis, j’étais contente d’être avec les filles de l’équipe au moment de l’annonce. »
Concernant les autres filles de l’ex-ensemble France, la déception est grande, notamment pour Danaé (Sucy) qui visait le titre. Ses erreurs aux massues l’éloignent du podium, mais son deuxième passage a été décisif : deux sorties d’engin sur des éléments qu’elle déclare ne jamais rater habituellement. Sa quatorzième place a été un crève coeur pour le public ayant encouragé la Sucycienne durant tout son passage. Hélène, son binôme, se classe 11e malgré des passages corrects. Un résultat qu’elle ne comprend pas ayant réalisé un sans chute au cerceau et ne sortant qu’à 21.500 points. À l’issu du week-end, le club de Sucy-en-Brie a réalisé un post sur les réseaux déclarant ne pas vouloir « retenir le jugement qui, encore une fois, contient des zones d’ombre » et soulignant le peu d’heures d’entraînement qu’ont eu les filles de l’ensemble.
Iliona Prioux (Nogent-sur-marne) termine à la 26e place. Si elle était déçue de sa prestation aux massues, elle ne regrette en rien la saison, ni ses Championnats de France et a annoncé sur les réseaux le lendemain : « Je mets cette fois-ci définitivement un terme à ma carrière de gymnaste rythmique. Un an de plaisir en plus sur les praticables mais en individuel pour finir, avec des sensations différentes. »

Très attendues également, les gymnastes de Strasbourg Alla Seredkin (7e), Talia Dreyfuss (15e) et Ilda Suvalic (18e) ont fait des erreurs qui les ont empêchées d’atteindre le top 5. Déception également au vu de leurs compositions recherchées, d’une finesse unique.
Seule Mélany Duval a réalisé des passages sans surprise, mais réguliers et soignés obtenant de loin les meilleures notes d’artistique et d’exécution. « J’étais un peu stressée au début, parce que cette semaine à l’entraînement rien ne passait. C’était dans ma tête, parce que je sais tout faire. Une fois arrivée ici, ça a été », révèle Mélany, qui ressentait moins de pression à conserver son titre face aux anciennes membres de l’ensemble France, que de réaliser ses enchaînements correctement : « je n’ai plus rien à prouver à personne, je voulais juste faire deux sans chutes, c’était l’objectif, parce que je n’en ai pas fait de la saison. » La propreté du travail de la Calaisienne aura une nouvelle fois payé, puisqu’elle fait l’exploit de remporter un sixième titre consécutif, mérité, dans cette catégorie si difficile, et ce malgré l’absence de son entraîneur Katia Guillère : « Elle est rarement là, je suis habituée à ce qu’elle ne soit pas avec moi, mais je sais que si quelque chose ne va pas, elle sera présente, même de loin. Elle m’a félicité et m’a dit qu’elle était fière de moi », raconte la Championne de France avant de conclure « bien-sûr qu’il y a toujours de l’adrénaline et de la motivation même après six titres. Pour moi c’est une très belle récompense pour tout le travail accompli durant l’année ».
Derrière Mélany, Nikol Atanasova, d’origine bulgare et s’entraînant à Antony GR, décroche l’argent avec un total de 52.200 points. Après une saison difficile et des années semées d’embuches, cette médaille est un réel exploit, lui faisant dire sur les réseaux : « Je suis partie avec l’ambition non pas de devenir Vice-Championne de France, mais de me dépasser une fois pour toutes […] j’ai toujours eu des regrets en moi et je voulais gagner ce combat avec moi-même […] Ces dernières années en Bulgarie, j’ai vécu beaucoup, beaucoup d’émotions. La plupart du temps négatives. Au cours des deux dernières années, j’ai perdu ma motivation dans la vie […] j’ai cessé de m’aimer […] je peux enfin dire que je commence à revenir à la personne que j’étais autrefois et j’espère que, lentement, tout rentrera dans l’ordre et que je recommencerai à rêver. »
Au classement français, Mélany Duval et Chloé Sivadier sont suivies par Océane Michel (Issy-les-Moulineaux), Championne de France Nat B l’an passé. Cinquième au classement sportif, elle est devancée par les deux étrangères Nikol Atanasova et Azra Yalaza, lui offrant une très belle médaille de bronze. C’est une réelle performance pour la gymnaste originaire de Bretagne pour sa première année en Nat A. « J’avais travaillé pour présenter deux passages sans chutes, chose que je n’ai pas faite » déclare Océane, expliquant « je tiendrais presque pour responsable la pression en moi dû au niveau de la belle catégorie. Donc le palmarès a vraiment été une belle surprise. Je suis très fière d’avoir pu monter sur le podium de cette incroyable catégorie qu’est la National A 18+. J’en rêvais ! » Comme toutes les gymnastes présentes à ce Championnat de France, allier vie professionnelle ou étudiante à une saison individuelle en national est un réel enjeu. Obtenir une médaille est donc un exploit et une consécration pour Océane : « La préparation n’a pas toujours été facile, car comme quasiment toutes les filles de la catégorie, on travaille ou on étudie à côté, donc avec les entraînements en plus, cela fait des très petites nuits et de très grosses journées. Mais cette compétition était source de motivation au quotidien notamment pour aller à l’entraînement tous les jours après le travail. Cette médaille permet de donner un peu de sens à tout ça. Je savais que je sortais d’une belle saison 2022, et j’avais envie de me servir de cette énergie pour performer cette année. »

Les masculins de la compétition
Bien que largement majoritaires, la compétition n’était pas représentée uniquement par des filles. Trois garçons participaient dans diverses catégories : Wali Rezagui venant de Grenoble et ayant obtenu la 11e place en Nat B 18+, Nils Lemercier du club de la Ferté-sous-Jouarre, Vice-Champion de France (classement français) en Nat B 16-17 et Peterson Céüs d’Antony GR, qui termine 16e de la catégorie Nat A 18+. Cette place bien qu’elle ne soit pas à la hauteur des espérances de Peterson reste un bel accomplissement pour l’illustre gymnaste qui s’est rompu le tendon d’Achille l’année dernière et a dû s’arrêter complètement pendant sept mois.





