Héroïne de Montmartre, la nouvelle série événement diffusée dès ce lundi 29 septembre en prime time sur TF1, Alice Dufour a d’abord brillé en gymnastique rythmique avant de se tourner vers la comédie. Rencontre avec une artiste au grand cœur, déterminée et passionnée.

Photo Julien Panié / Authentic Prod / Banijay / TF1

À 38 ans, Alice Dufour s’impose dans Montmartre, la nouvelle série événement de TF1, où elle incarne Céleste, une danseuse de cancan dans le Paris de 1899.

Marquée à vie par l’assassinat de son père sous ses yeux lorsqu’elle était enfant, Céleste n’a jamais renoncé à retrouver son frère et sa sœur, dont elle a été séparée. Pour financer l’enquête menée par un inspecteur, elle est contrainte d’accepter de danser nue. Sans le vouloir, elle devient alors la première effeuilleuse de Paris, figure aussi fascinante que controversée.


Spot Gym : Alice, on vous connaît aujourd’hui comme comédienne, mais vous avez aussi été gymnaste rythmique pendant près de 15 ans. Comment avez-vous découvert ce sport ?
Alice Dufour : J’ai d’abord commencé par la danse classique, mais je m’y suis vite ennuyée car il n’y avait qu’un seul cours par semaine. L’année suivante, à 7 ans, ma mère m’a inscrite à la gymnastique rythmique au club de Saint-Lô. J’y ai été entraînée par Rodica Giurgiu, une ancienne gymnaste roumaine, qui m’a accompagnée jusqu’à mes 18-19 ans. Une très bonne entraîneure. Entre-temps, je suis passée par le pôle France d’Orléans quand j’avais 11 ans. J’y suis restée une année avant de retourner dans mon club de Saint-Lô.

Pourquoi êtes-vous restée seulement un an au pôle d’Orléans ?
En GR, on est repérée très jeune. Dès 8 ans, on m’avait proposé d’aller au pôle de Calais, car en habitant en Normandie je dépendais de la zone Nord, mais je n’avais pas envie de partir. J’étais trop jeune. Plus tard, avec ma coéquipière Camille, nous avons été championnes de France en duo et le pôle d’Orléans nous a proposé d’intégrer la structure ensemble. C’était une belle opportunité, d’autant que je savais que je pourrais m’entraîner dans la même salle qu’Eva Serrano, qui préparait alors les Jeux Olympiques de Sydney. J’ai donc accepté, mais ma mère m’avait posé une condition : si j’entrais au pôle, je devais m’engager au moins pour une année scolaire complète.

J’ai décidé d’intégrer le pôle mais au bout d’un an, j’ai choisi de revenir. Même si je n’y suis restée qu’un an, je n’ai aucun regret. Cette expérience m’a permis de découvrir le haut-niveau et les horaires aménagés, ce qui change tout dans la vie quotidienne. Mais j’avais tout simplement envie de pratiquer la GR différemment.

Comment s’est poursuivi votre parcours ensuite ?
Après le pôle d’Orléans, je suis retournée m’entraîner dans mon club de Saint-Lô jusqu’à mes 18-19 ans. Après le bac, j’ai intégré l’université de Rennes, tout en continuant la GR. Puis, au bout de deux ans, je suis montée à Paris et j’ai rejoint le club GR Paris Centre, où j’ai été entraînée par Anne-Valérie Barel jusqu’à mes 23 ans.

Vous évoquiez plus haut l’avantage des horaires aménagés au pôle. Comment s’organisaient vos semaines à Saint-Lô quand vous étiez encore scolarisée ?
À Saint-Lô, je m’entraînais entre 10 et 15 heures par semaine. Comme nous n’avions pas d’horaires aménagés, je suivais une journée de cours normale, puis j’enchainais avec 2h30 à 3h d’entraînement. Ensuite, je rentrais à la maison pour faire mes devoirs. Le rythme était soutenu, mais comme j’aimais ce que je faisais, je tenais le coup.

Alice Dufour a pratiqué la gymnastique rythmique pendant plus de 15 ans. Photo Olivier Aubrais

En parallèle de la GR, vous suiviez donc un cursus scolaire classique ?
Oui. J’ai passé un bac littéraire option arts, puis j’ai poursuivi deux ans d’université à Rennes. À l’époque, mon objectif était de devenir professeure d’arts plastiques, comme mon oncle Bruno Dufour Coppolani que j’admire, et également entraîneure de GR. C’était mon objectif en sortant du bac.

Mais finalement, vos plans ont changé et vous avez débuté dans le mannequinat. Comment cela s’est-il fait ?
Par hasard ! J’ai répondu à une annonce de casting qui cherchait une gymnaste rythmique pour un défilé de mode. J’ai passé l’audition à Paris, j’ai été prise, et j’ai vécu une semaine et demie assez incroyable où j’ai découvert ce milieu, cet univers, et Paris. C’est là que j’ai décidé de m’y installer.

Au début, je travaillais aussi aux Galeries Lafayette comme vendeuse de chaussures pour enfants, mais rapidement le mannequinat sportif a pris le dessus. Petit à petit, je gagnais mieux ma vie comme mannequin que comme vendeuse, alors j’ai quitté mon emploi. Mon premier contrat était avec Reebok, le sponsor officiel de l’équipe de Russie de GR à l’époque. Pour moi, c’était un vrai honneur de collaborer avec cette marque.

Puis vous êtes entrée au Crazy Horse ?
Oui, j’ai passé le casting et j’ai été engagée à 21 ans. J’y suis restée trois ans au total, entre Paris et Las Vegas, au MGM Grand Hôtel. J’y étais danseuse, sous le nom de scène Jade Or.

En parallèle, vous pratiquiez toujours la GR ?
Oui, avant de partir à Las Vegas, je continuais de m’entraîner au club de Paris Centre.

Après le Crazy Horse, vous avez intégré le Cirque du Soleil. Comment cette aventure a-t-elle commencé ?
J’ai quitté le Crazy pour rejoindre la création du spectacle Iris à Los Angeles, au Dolby Theater, la salle où se déroulent les Oscars. J’y interprétais Scarlett, le rôle principal féminin, que j’ai tenu pendant deux ans. Le théâtre se trouvait sur Hollywood Boulevard, et j’habitais là-bas.

Comment s’est ensuite faite la transition vers la comédie ?
J’ai eu plusieurs signes précurseurs. Quand j’avais 17 ans, la Fédération française de gymnastique avait diffusé une annonce de casting : un réalisateur cherchait une gymnaste rythmique pour un long-métrage. J’avais obtenu le premier rôle féminin et je m’étais retrouvée à Paris, à faire passer des auditions à des acteurs professionnels à qui j’aurais dû donner la réplique. J’ai été immédiatement plongée dans cet univers, mais le film ne s’est finalement pas fait, faute de production. Même si le projet n’a pas abouti, cette expérience m’avait beaucoup plu et j’avais été flattée d’être choisie.

Plus tard, quand j’étais à Los Angeles avec le Cirque du Soleil, Ariel Zeitoun est tombé sur une photo de moi et m’a sollicitée pour Angélique, Marquise des Anges. J’ai commencé à travailler ce grand rôle avec lui, mais je n’ai finalement pas pu aller au bout, car j’étais toujours sous contrat avec le Cirque. Le rôle est revenu à Nora Arnezeder, une très belle comédienne. Mais pour moi, c’était déjà un deuxième appel du pied vers la comédie.

Et puis, il y a eu un troisième signe. Mon mari, François Vincentelli, que j’ai rencontré au Crazy Horse, était déjà comédien et avait une manager américaine. Je l’ai côtoyée pendant deux ans sans jamais lui dire que je voulais être actrice. Pour moi, j’étais danseuse. Mais elle est venue me voir au Cirque du Soleil et, à la fin de mon contrat, elle a contacté François pour savoir si je serais intéressée par un casting pour une série HBO, The Missionari. Ils cherchaient une comédienne avec un accent européen, idéalement allemand. Ce n’était pas mon cas, mais j’avais malgré tout cet accent européen. Je me suis donc retrouvée dans les tours d’HBO, à Los Angeles, pour travailler le rôle. C’était hyper impressionnant. J’avais passé les premières étapes, nous n’étions plus que quelques actrices en lice. Finalement, ils ont choisi une comédienne allemande, ce qui correspondait mieux à leur projet initial. Mais ils ont tout de même rappelé ma manageuse pour lui dire qu’ils avaient trouvé mon travail intéressant et qu’ils lui conseillaient de me représenter.

À chaque fois, c’était comme des signes, alors même que je ne m’étais pas encore projetée dans le métier de comédienne.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de tenter vraiment l’aventure de la comédie ?
Au Cirque, j’avais un rôle muet. Je voyais les clowns parler, faire rire le public, alors que moi je n’avais que mon corps pour m’exprimer. J’ai ressenti une forme de « frustration ». Alors, avec toutes ces premières expériences accumulées, je me suis dit : pourquoi ne pas prendre des cours de théâtre ? À Los Angeles, je suis allée à l’Actor Studio pour voir si j’aimais vraiment ça, si j’aimais travailler des textes, si j’aimais m’exprimer avec ma voix et et j’ai adoré !

Comment s’est faite la transition vers la comédie en France ?
En 2013, je suis rentrée à Paris et j’ai décidé d’essayer de devenir comédienne. C’est vraiment là que tout a commencé. J’ai d’abord continué un peu au Crazy Horse, que j’adorais, puis j’ai participé au Mugler Folies, le spectacle de Thierry Mugler. Ensuite, j’ai décroché un rôle dans la saison 3 de la série Hard sur Canal+.

À l’avant-première, j’ai été repérée par Élisabeth Tanner, qui est devenue mon agent. Elle m’a conseillé d’arrêter la danse pour être identifiée uniquement comme comédienne. Elle m’a dit de lui faire confiance, de lui donner deux ans, et elle avait raison : depuis dix ans, je suis actrice.

Quelles expériences vous ont particulièrement marquée avant Montmartre ?
J’ai travaillé sur plusieurs films avec Philippe Lacheau et Jean-Pierre Mocky, mais aussi beaucoup au théâtre avec Nicolas Briançon. C’est lui qui m’a ouvert les portes du théâtre. J’ai pris des cours avec lui et il m’a ensuite engagée pour une pièce de Sacha Guitry. J’ai aussi joué dans Le Canard à l’orange, 7 ans de réflexion, et dans un seul-en-scène… Des expériences très riches.

« Montmartre, un rôle qui me ressemble »

Vous êtes le premier rôle de la série Montmartre, diffusée en prime time à partir de ce lundi 29 septembre. Comment avez-vous obtenu ce rôle principal ?
J’ai passé le casting en avril 2024. La préparation a commencé en septembre, et nous avons tourné d’octobre 2024 à avril 2025.

Qu’est-ce qui vous a séduite dans ce projet ?
L’époque, le charme visuel, le récit, l’histoire. Il y a beaucoup de choses qui font écho à ma propre vie. La première chose qui m’excite dans un projet c’est l’histoire, les situations, et là le récit est incroyablement riche. Tout s’entrecroise, tout est très dynamique, profond, avec des problématiques fortes qui font écho à de problématiques qui existent encore aujourd’hui. La série parle de lutte des classes, d’homophobie, de racisme. Et la richesse d’écriture m’intéressait beaucoup. Ce rôle de femme qui s’émancipe, avec sa détermination, sa sensibilité. Un rôle étoffé sur les huit épisodes avec de l’action, du drame, de l’amour. C’est une saga romanesque comme on adore !

Alice Dufour brille à l’écran dans Montmartre. Photo Julien Panié / Banijay / Authentic Prod / TF1

Qu’est-ce que la GR vous a transmis et qui vous est encore utile aujourd’hui dans votre carrière ?
Elle m’a appris le goût de l’effort, le dépassement de soi, la détermination, mais aussi l’importance de l’esprit collectif.  Quand quelque chose m’excite ou m’anime, je peux décupler mes forces, et je pense que cela me vient de la GR.

On peut même y voir un parallèle entre la gymnastique rythmique et le métier d’actrice ? En GR, vous vous entraînez de nombreuses heures pendant des mois pour un passage de quelques minutes en compétition, en tant qu’actrice, le travail de préparation dans l’ombre est tout aussi important ?
Oui il y a un parallèle entre les deux. C’est encore plus vrai pour le théâtre, car un peu comme la GR, c’est au moment M. Au théâtre, on répète des heures et des heures pendant des mois pour des représentations qui se passent en direct devant les gens, avec un public. En gymnastique, c’est pareil. On travaille des mois et des mois pour 1 minute 30 de passage où tout peut arriver. Parfois l’issue peut être très joyeuse, parfois un peu plus dramatique.

Pour Montmartre, on va voir le résultat ce soir mais on peut imaginer l’immense travail de préparation qu’il y a eu en amont. Louis Choquette, le réalisateur, est canadien, il travaille un peu à l’américaine et il estime que plus on prépare et plus on échange avant le tournage, plus on est libre et créatif pendant.

Continuez-vous à pratiquer la GR aujourd’hui ?
Je ne vais plus sur les praticables, mais j’ai toujours des engins qui traînent : un cerceau, un ruban… Et c’est assez drôle, car on garde toujours la dextérité aux engins ! Même si la souplesse et l’endurance disparaissent, la manipulation reste, que ce soit avec les mains ou avec les pieds. J’ai même encore mes justaucorps. Peut-être que ma fille fera de la GR un jour, qui sait ! En tout cas, elle danse beaucoup et elle adore ça.

Continuez-vous aussi à suivre la GR en tant que spectatrice ?
Oui, toujours ! Pendant les Jeux Olympiques, j’ai assisté à la finale individuelle de GR. J’aurais aimé voir Sofia Raffaeli devenir championne olympique, mais ce n’est pas grave. Je suis de très près la GR internationale et je reste très assidue, même si, je me sens un peu seule parfois. A la maison, je suis la seule passionnée (Rires). En France, c’est une passion un peu niche. Mais j’adore encore suivre les compétitions en tant que spectatrice. Je les trouve toujours très excitantes. Et puis une fois qu’on est passionnée, on le reste. Quand on a plongé dedans toute petite, ça nous suit toute notre vie.

Propos recueillis par Charlotte Laroche

 

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