La Fédération flamande de gymnastique a récemment pris une décision capitale en rompant ses liens avec le duo d’entraîneurs français, Marjorie Heuls et Yves Kieffer, qui étaient en charge de l’équipe féminine depuis janvier 2009. Ils ont été remplacés par l’Allemande Ulla Koch.
Si cette résiliation de collaboration était déjà programmée depuis juin dernier mais ne devant être effective qu’après les Jeux Olympiques de Paris, le conseil d’administration a finalement choisi d’anticiper le processus de renouvellement du personnel technique suite aux championnats du monde d’Anvers où l’équipe nationale féminine belge n’a pas réussi à se qualifier en équipe aux Jeux Olympiques de Paris.
Licencié prématurément, le duo d’entraîneur français avait été il y a quelques années au coeur d’une série de plaintes de la part de certaines gymnastes poussant l’instance fédérale à mandater une commission d’enquête en 2021 pour harcèlement et comportement psychologique inopportun à l’égard des athlètes. Selon les conclusions de ladite commission, Marjorie Heuls et Yves Kieffer, en poste depuis janvier 2019, ont été accusés d’avoir adopté une “attitude abusive” envers les gymnastes sous leur tutelle et pointés du doigt pour leur gestion jugée préjudiciable. L’enquête a spécifiquement mis en lumière les pressions psychologiques exercées sur les gymnastes belges.
À l’avant-garde de ce mouvement de dénonciation, Aagje Vanwalleghem qui a brisé le silence sur son compte instagram en juillet 2020. “Suite aux articles récemment publiés sur Sporza concernant le sujet très actuel des violences mentales et physiques chez les gymnastes du monde entier, je ne peux m’empêcher de me concentrer sur ce problème qui est présent ici en Belgique depuis le début de ma meilleure carrière sportive en 2000 jusqu’à maintenant à l’intérieur gymnastique. J’ai beaucoup de contacts dans le monde de la gymnastique qui me demandent de sonner la sonnette d’alarme et je me sens comme l’un des pionniers de la gymnastique belge responsable de répondre à cette question” , commençait-elle par écrire avant de poursuivre : “Je me suis engagée (…) afin que la génération actuelle et prochaine de gymnastes puissent profiter de la gymnastique, sans crainte de parler, exprimer leur émotions, doutes et peurs (…) sans avoir l’impression que leur confiance en soi et leur estime de soi sont endommagées avec des conséquences souvent graves dans la vie après des sports de haut niveau (…) La violence mentale et physique dans n’importe quel sport n’est pas acceptable.”
Gaëlle Mys témoigna à son tour, se disant elle-même victime d’actes d’intimidation et de harcèlement au cours de sa carrière. Ces traumatismes ont finalement eu raison de sa participation au plus haut niveau de la gymnastique en 2016, comme elle l’expliqua sur ses réseaux sociaux. Suite à ses révélations, Yves Kieffer et Marjorie Heuls avaient finalement reconnu que leur “approche était trop axée sur la performance“. “En faisant cela, nous avons fait du mal aux gymnastes. Nous le regrettons. Nous vous présentons nos sincères excuses” , avaient-ils déclaré.
La décision de la fédération flamande de gymnastique de se séparer prématurément de ses deux entraîneurs français Marjorie Heuls et Yves Kieffer est finalement tombée quelques semaines après les championnats du monde d’Anvers où la Belgique n’est pas parvenue à se qualifier en équipe pour les Jeux Olympiques de Paris après s’être classée à la 17ème position. Une équipe belge privée de la star belge Nina Derwael, blessée à l’épaule, et Lisa Valen, qui avait attrapé la mononucléose. Nina Derwael qui, dans l’affaire Marjorie Heuls et Yves Kieffer, a toujours soutenu ses deux coachs au fil de ses nombreuses déclarations, mettant en avant le rôle essentiel de ses entraîneurs pour elle mais également pour l’équipe nationale de gymnastique artistique féminine. En l’espace de 14 ans, le duo a transcendé la pratique de la gymnastique en Belgique, marquant un tournant décisif dans son évolution. Leur contribution exceptionnelle s’est concrétisée par l’obtention de 6 médailles d’or, 1 médaille d’argent et 2 médailles de bronze, avec Nina Derwael émergeant naturellement en tant que leader emblématique de cette équipe. Un héritage sportif incontestable qui restera gravé dans les annales de la gymnastique belge.
Fidèles à leur engagement pour l’excellence et la réussite dont ils croient dur comme fer, Yves Kieffer et Marjorie Heuls ont inscrit leur nom dans l’histoire du sport, forgeant des succès remarquables, à l’instar de Marine Debauve, championne d’Europe au concours général en 2005, ou d’Emilie Le Pennec, première et unique Française à conquérir une médaille d’or olympique en gymnastique à Athènes en 2004. Un sacre olympique aux barres asymétriques historique. Une success-story qui transcende les performances individuelles et consolide la réputation singulière de ces entraîneurs au sommet de leur art.
Désormais, la Belgique s’apprête à écrire un nouveau chapitre dans son histoire gymnique avec l’annonce de la nomination d’Ulla Koch en tant qu’entraîneure principale intérimaire de la cellule de haut niveau de gymnastique artistique féminine, selon un communiqué de presse émanant de Gymfed. L’Allemande, forte d’une carrière d’entraîneur de haut niveau, en activité depuis le 21 novembre, marque ainsi le début d’une phase cruciale pour l’équipe belge. Sa mission s’étendra jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris en 2024. Néanmoins, la fédération belge se donne la possibilité de désigner un nouveau coach postérieurement aux Jeux de Paris.