La nouvelle a été officialisée jeudi par la Fédération française de gymnastique lors d’une interview de Corinne Callon, la directrice technique nationale. Nouveau directeur du haut-niveau chez les masculins, Yann Cucherat, multiple médaillé mondial et européen, est à la tête d’un projet de restructuration du secteur GAM dans son ensemble. Quelles sont ses missions ? Ses axes de travail ? Voici quelques éléments de réponse.
Gym and News : Vous êtes le nouveau directeur du haut-niveau dans le secteur masculin, quelles vont être vos missions ?
Yann Cucherat : Il y en a beaucoup mais nous avons surtout pour objectif la restructuration du secteur masculin dans son ensemble, dès les plus jeunes générations, afin d’élever le niveau de pratique. Le secteur masculin n’est pas en grande forme, on a des gyms talentueux en fin de carrière et des gyms derrière qui manque d’expérience donc il faut restructurer tout cela. En ce qui concerne les Jeux Olympiques, jusqu’à aujourd’hui, la qualification olympique était une étape ultime qui mobilisait toute notre attention, la restructuration du secteur doit donc nous permettre pour 2024, 2028, etc, de transformer cette étape en une formalité afin de se concentrer plus précisément sur les médailles à décrocher lors des Olympiades.
La nouvelle formule du Top 12 devrait donc permettre aux gyms d’engranger un peu plus d’expérience ?
Le nouveau Top 12 va rendre notre championnat plus attractif. Je reste un peu reservé car nous ne savons pas encore ce que cela va donner. C’est nouveau, il nous faut donc laisser passer cette première année afin de voir si cela donne un vrai point d’appui aux gyms.
Les revues d’effectifs se sont déroulées tout le week-end à Sarreguemines, quel bilan tirez-vous de ce premier test de la saison ?
Cette revue d’effectif a été un très beau regroupement qui a lancé ce nouveau cycle olympique. C’est la première fois que toutes les catégories d’âge (Avenir, Espoir, Junior et Senior) étaient réunies en même temps, cela a favorisé les échanges. C’était un moment important qui a également permis de voir de très bonnes choses. Notamment chez les Avenir. On en connaissait certains mais cette revue d’effectif a permis d’en découvrir d’autres. Du côté des seniors, il manquait certains Olympiens, il y avait aussi quelques blessés et il y a eu beaucoup de loupés mais on a aussi vu des choses encourageantes. Le test a été remporté par Edgar Boulet après avoir fait un tour sans chute ce qu’il ne lui était pas arrivé depuis un moment. Il y a un véritable engagement chez lui, il travaille beaucoup, c’est un bon signal pour la suite et également un exemple à suivre pour tous les gymnastes. Le travail et uniquement le travail paie.
Comptez-vous multiplier les stages de regroupement ces prochaines saisons ?
Multiplier non mais nous allons faire en sorte de les rendre plus cohérents. Jusqu’à fin 2016, plusieurs test vont se dérouler, notamment pour les plus jeunes. A partir de 2017, nous allons essayer de mettre en place des stages un peu plus longs. Avant, des stages d’une semaine étaient organisés au moins une fois par mois. Désormais, nous allons essayer d’organiser des stages de deux semaines mais de manière un peu moins fréquentes. On est en train de penser à un autre mode de fonctionnement. Comme je l’ai dit un peu plus haut, la gymnastique masculine ne va pas très bien alors on a choisi l’option de bousculer les habitudes afin de sortir de notre zone de confort. On s’est trop longtemps reposé sur un mode de fonctionnement qui a marché sans anticiper la suite or la gym est un sport qui évolue beaucoup. On s’est laissé dépasser.
Comment expliquez-vous ce manque de résultats ?
Il y a les blessures mais on n’a pas non plus accordé assez de temps à la relève. Comme on avait des gyms de qualité en senior, on se souciait peu de ce qu’il y avait derrière donc on se retrouve avec des gymnastes talentueux qui manquent d’expérience. La gym est un sport difficile et on est dans une société qui prône le plaisir immédiat. Or la gym demande beaucoup de travail. En GAM, il faut par exemple au moins 10-15 ans avant d’être performant, c’est quelque chose qui se construit dans le temps.
Corinne Callon, la DTN, vous a-t-elle donné toute sa confiance ?
Nous sommes dans une relation de confiance où la transparence prime. Notre projet est un projet collaboratif où chaque acteur, dont les coachs qui sont les premiers à être sur le terrain, est important. Je suis en quelque sort le lien entre les différents acteurs et je vais faire en sorte de faire émerger le meilleur qu’il y a chez chacun afin de relancer ce secteur masculin.
Votre palmarès et votre expérience en tant que gymnaste de haut-niveau font de vous l’homme de la situation dans ce projet de restructuration ?
Je ne sais pas si je suis l’homme de la situation mais je sais de quoi je parle, de par mon expérience passée. Je préfère dire que j’ai une certaine légitimité. La confiance entre les différents acteurs est réciproque, c’est ainsi qu’on pourra avancer.
Propos recueillis par Charlotte Laroche pour Gym and News