Les championnats d’Europe de gymnastique artistique féminine se sont refermées sur le magnifique sacre de Mélanie De Jesus Dos Santos au sol. Une médaille d’or qui complétait le palmarès du clan tricolore qui repart également d’Ecosse avec une médaille d’argent et deux médailles de bronze, dont l’une décrochée en junior. Au lendemain de la compétition, Véronique Legras-Snoeck, directrice du haut-niveau GAF, dresse le bilan de ces championnats d’Europe par équipes et évoque le programme à venir, à moins de trois mois des Mondiaux.
Gym and News : Quel bilan tirez-vous de ces championnats d’Europe senior ?
Véronique Legras-Snoeck : Le bilan est très très positif car on a fait le résultat escompté. Le premier objectif était un podium par équipe mais un second objectif, primordial, a également été atteint, celui du total de points qui avait été fixé à 164 points. Chaque fille avait un objectif de points sur chaque agrès et cet objectif personnel permettait ensuite d’obtenir un total de points équipe. Cet objectif là était important car il s’inscrit dans un projet mis en place sur le long terme avec la qualification olympique en ligne de mire. Ces championnats d’Europe ont donc montré que notre feuille de route est respectée et que nous sommes sur le bon chemin. En 2019, ce total de points sera élevé à 165 points.
D’un point de vue individuel, quels étaient les objectifs de médailles pour les seniors ?
Nous avions un espoir de médaille avec Coline (Devillard) au saut. Ce n’est pas passé cette fois-ci mais Coline a gagné en expérience et elle est désormais beaucoup plus confiante. Elle a assuré son premier saut et c’est extrêmement positif. Ensuite, nous avons fait le pari de proposer deux gros sauts et le 2eme saut n’est pas passé. Il lui manquait encore un peu de répétition. Mais c’est encourageant pour la suite car le premier saut est maîtrisé et si elle avait réussi ses deux sauts, elle aurait été sur le podium. Alors certes, il y a un peu de déception mais nous avons surtout joué pour l’avenir et de ce point de vue-là, c’est très encourageant. Ensuite, nous avions évidemment un objectif de médaille à la poutre avec Marine (Boyer) et Mélanie (De Jesus Dos Santos) aussi. Marine décroche le bronze sur cet agrès, l’objectif a donc été rempli. Aux barres, la finale était plus compliquée. Nous sommes encore en dessous au niveau des notes de départ, les filles sur le podium tournent à 6.3/6.2/6.1, de notre côté, nous étions à 5.8/5.9, c’est ce qui a fait la différence lors de cette finale très relevée. Mélanie avait la possibilité d’entrer en finale mais ses erreurs en qualification lui ont coûté sa place. Enfin, on espérait également une médaille au sol avec Mélanie. Et la façon dont la compétition et les finales se sont terminées, avec cette médaille d’or, sur le dernier passage, la dernière note, c’est tout simplement génial ! Mélanie a été récompensée pour tout son travail. Elle avait obtenu le meilleur total de points en individuel alors, terminer sur un sacre européen, c’est vraiment une magnifique récompense.
En ce qui concerne les juniors, quel bilan tirez-vous ?
Notre objectif pour les juniors étaient de terminer dans le Top 5. L’objectif a donc été rempli ! Comme pour les seniors, elles avaient aussi un objectif de points à réaliser. Elles ne l’ont pas réalisé à Glasgow mais l’avaient atteint lors du match en Italie organisé deux semaines avant ces championnats d’Europe. Mais là, on a eu un un dérapage en poutre ! Je pense que la pression a joué, c’est dommage mais c’est un très bon apprentissage pour elles car elles peuvent en tirer de l’expérience pour la suite. Sans ses chutes, on aurait pu être sur le podium donc c’est très encourageant. On peut voir que les juniors sont là aussi ! L’autre point positif est la médaille de bronze de Carolann Heduit aux barres avec une note de départ de 6.2. C’est une note de départ de senior donc c’est très prometteur !
Ces championnats d’Europe sont donc très encourageants pour la suite en vue de la qualification olympique ?
Oui, nous sommes sur le bon chemin. Et nous pouvons constater, que chez les seniors comme chez les juniors, on arrive à obtenir de bons résultats en ayant fait des erreurs, cela signifie que nous avons de la marge et que si nous faisons un match réussi, nous pouvons aller titiller certaines équipes. C’est ce qu’il s’est passé en senior lors des qualifications, avec les Russes. Elles ont des notes de départ plus élevées, nous savons qu’elles sont plus fortes, mais nous avons la possibilité d’aller les chercher en cas de match réussi !
Du côté des juniors, les absences de Célia Serber et de Julia Forestier ont-elles entraîné une “revue à la baisse” des objectifs ?
C’est vrai que Célia, qui est actuellement la meilleure junior française, a été une grosse perte pour nous, notamment au saut. On a perdu une double vrilles, ce n’est pas négligeable. Ensuite, avec le forfait de Julia (Forestier), nous avons perdu une note à la poutre mais avec Aline (Friess), nous avons gagné des points aux barres. Le groupe des juniors est très homogène donc si un forfait nous faisait perdre des points à un agrès, nous pouvions en gagner sur un autre agrès grâce à la remplaçante. C’est ce qu’il s’est passé entre Julia et Aline par exemple donc non, les objectifs n’ont pas été revus à la baisse grâce à l’homogénéité du groupe.
Lors du concours par équipes junior, Carolann Heduit, pourtant annoncée sur les 4 agrès, n’a finalement présenté que les barres et la poutre. Pouvez-vous nous éclairer ?
Carolann avait ressenti une petite douleur au pied en salle d’échauffement mais avant le début de la compétition, ça allait et il était donc prévu qu’elle soit alignée sur les 4 agrès. Mais après sa sortie de poutre, la douleur est devenue un peu plus importante et elle n’aurait donc pas pu produire tout ce qu’elle aurait pu produire sur les deux derniers agrès qui étaient le sol et le saut. Et surtout, nous ne voulions pas aggraver sa blessure. L’intégrité physique des gyms est primordiale donc nous ne voulions pas prendre de risques. En accord avec les entraîneurs et le staff médical, nous avons donc décidé de la préserver et c’est pour cette raison qu’elle n’est pas passée au sol, ni au saut.
Tout au long de la préparation et de la compétition, les équipes de France se sont montrées particulièrement soudées. Au moment de constituer votre équipe chez les seniors, cherchiez-vous également une cohésion entre les gyms afin d’en faire l’une des forces de cette équipe ?
La chose la plus importante pour moi était de créer un groupe mais pas uniquement chez les gyms. Cette volonté de créer un groupe concernait les gyms, les entraîneurs, les juges… Ce n’est pas quelque chose qui s’est fait du jour au lendemain, il y a eu un réel travail derrière. Le but était que chacun puisse mettre au service des autres ses points forts et ses compétences afin de mettre en place un vrai travail de collaboration, le tout avec respect. Les différents acteurs ont donc pu échanger sur leurs compétences et c’est ce qui a permis de créer une équipe aussi soudée. Nous sommes tous dans un projet olympique et toutes les structures sont impliquées. Cette cohésion est possible grâce à ceux qui étaient à Glasgow mais également grâce à ceux qui n’y étaient pas car tout cela est un vrai travail d’équipe.
Les championnats d’Europe terminés et à moins de trois mois des Mondiaux, quel va être le programme désormais pour les seniors ?
Le premier programme pour les filles qui étaient à Glasgow est des vacances et du repos ! Dix jours de repos bien mérités ! Mélanie s’est envolée pour Fort-de-France afin de rejoindre sa famille, elle va prendre une semaine de repos et ensuite elle reprendra tranquillement l’entraînement quelques jours dans son club, en Martinique, avant de s’envoler pour les Etats-Unis car le 20 août, les 5 filles des championnats d’Europe et Louise Vanhille, remplaçante sur ces Europe, participeront à un stage à Houston, aux côtés de Simone Biles qui est désormais entraînée par Laurent Landi et Cécile Canqueteau, deux entraîneurs français que nous connaissons très bien et qui ont eu la gentillesse d’accepter de nous recevoir pour un stage qui se tiendra jusqu’au 2 septembre. Ensuite, chaque fille reprendra l’entraînement dans sa structure. Les autres seniors qui n’ont pas été concernées par les championnats d’Europe, participeront début septembre à un test de sélection à l’INSEP en vue des Mondiaux. Les filles des Europe sont dispensées de ce test et seront jugées sur leurs différentes compétitions (championnats de France, Jeux Méditerranéens, tests précédents, etc). Ensuite, en fonction des différents résultats, je ferai une proposition d’équipes à la commission technique avant d’annoncer la sélection pour les Mondiaux.
Propos recueillis par Charlotte Laroche pour Gym and News
Photo FFG