Valentine Pikul : “Il est temps pour moi d’arrêter et de faire reposer mon corps”

Elle était l’un des grands espoirs de la gym française mais les blessures à répétition l’auront finalement poussée à tirer sa révérence un peu plus tôt que prévu. Fraîchement retraitée, Valentine Pikul est retournée vivre en Picardie, chez ses parents, prête à entamer sa deuxième vie, loin des praticables, sans pour autant totalement tirer un trait sur le monde de la gym puisqu’elle s’apprête à dévoiler sa propre marque de justaucorps. Entretien.

 Elle avait pris sa décision depuis plusieurs mois mais attendait la fin des championnats de France avant d’officialiser son retrait du haut niveau. Une retraite officialisée, lundi dernier, jour de l’annonce de la sélection olympique, sur son compte Instagram. Membre de l’équipe de France depuis 2012, Valentine Pikul, vice-championne de France en 2012 et 2014, aura vécu de belles choses tout au long de sa carrière. Après avoir débuté la gym à l’âge de 3 ans, en baby-gym, la jeune Picarde est rapidement détectée. Alors licenciée au club d’Henin-Beaumont, on lui propose d’intégrer le Pôle de Saint-Etienne. Elle a 13 ans. Petit hic : à l’époque, elle n’est pas prête à quitter sa famille et préfère refuser cette opportunité une première fois en 2010. Mais ses parents ne voulaient pas qu’elle ait de regrets et, un an plus tard, en 2011, la pousse à accepter… “Je ne voulais pas partir à Saint-Etienne mais mes parents m’y ont poussé. Je ne les remercierai jamais assez”, confie-t-elle avant de préciser : “En fait, ils m’ont dit : ”Tu y vas, tu essaies et si ça ne va pas, tu rentres à la maison”. Malgré ça, je n’avais toujours pas envie d’y aller alors mon père m’a dit : ”soit tu essaies, soit tu arêtes la gym”. Je n’avais plus le choix, je n’avais tellement pas envie d’arrêter la gym que je me suis décidée à y aller.” En juillet 2011, elle intègre donc le Pôle… et ne le quittera plus. “J’ai rapidement trouvé mes marques, l’ambiance était vraiment top, je n’ai jamais voulu en partir”, livre-t-elle.

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Une entrée au Pôle de Saint-Etienne qui changera donc sa vie. Mais malgré de très bonnes dispositions gymniques et un talent indéniable, elle n’est malheureusement pas épargnée par les blessures. Une blessure au dos, contractée en 2013, l’éloignera des salles de gym pendant plusieurs mois. Puis, lors des Mondiaux, à Glasgow en octobre dernier, elle se blesse  à un pied. Une fracture de fatigue qui la pousse à s’arrêter pendant trois mois. “En janvier, j’ai pu reprendre l’entraînement mais j’avais toujours mal”, regrette-t-elle. Une blessure qui tombait au plus mauvais des moments, en pleine année olympique. Malgré tout, elle participe tout de même aux différents tests organisés par la fédération pour les championnats d’Europe. “Je n’ai pas pu faire le premier test en entier car j’avais encore trop mal au pied. Et puis, lors du deuxième test, j’ai été malade juste avant, j’avais aussi des douleurs au dos, donc je ne pouvais pas faire mes preuves”, précise-t-elle.

Cette compétition était un pur bonheur, je me suis faite plaisir, j’étais relâchée, sans pression !

Face à ces constats, elle se rend rapidement compte qu’elle n’est plus en pleine possession de ses moyens et qu’elle n’est plus en mesure de montrer tout ce dont elle est capable. Son corps ne suit plus et l’empêche d’avancer. De progresser. “Ma blessure au pied n’a jamais totalement guérie, j’ai dû aménager mes entraînements, je ne peux plus travailler tout ce que je veux donc il est temps pour moi d’arrêter et de faire reposer mon corps. C’est une décision réfléchie”, ajoute celle qui voulait tirer sa révérence après les championnats de France. “Je suis contente, je voulais m’arrêter sur une compétition, c’est ce que j’ai pu faire. En plus, je m’étais donnée pour objectif de terminer dans le Top 10, je finis neuvième, j’ai rempli mon objectif ! Cette compétition était un pur bonheur, je me suis faite plaisir, j’étais relâchée, sans pression. Ca faisait du bien “, sourit celle qui va s’octroyer quelques jours de vacances, en famille, avant de se plonger dans ses révisions du bac. “J’ai mes épreuves en septembre et puis je vais me pencher sur le code de la route pour avoir mon permis”, explique-t-elle, bien décidée à entamer sa nouvelle vie. Et la gym dans tout ça ? “Pour le moment, je n’ai pas prévu d’en refaire. Je pense juste m’inscrire dans une salle pour faire un peu de musculation et m’entretenir pendant l’été et puis j’aimerais bien peut-être faire un autre sport. Du tennis ou du badminton. Il faudra juste que je vois si c’est possible avec mon pied”, lance-t-elle.

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Valentine Pikul quitte donc le haut niveau sans regret. Enfin, à part peut-être un. “Ce n’est pas un regret à proprement parler mais c’est vrai que je suis déçue de ne pas avoir pu montrer de quoi j’étais capable pour ma dernière année de gym car je n’étais pas au meilleur de ma forme”, regrette-t-elle avant d’ajouter, déterminée : “Mon corps a désormais besoin de repos. Je vais prendre soin de lui maintenant !” Côté projet, si elle compte obtenir son bac afin de se lancer dans des études de gestion, la Picarde de 19 ans s’apprête également à lancer sa propre marque de justaucorps. Une opportunité qui s’est offerte à elle mais autour de laquelle elle préfère, pour l’instant, garder une part de mystère…

Propos recueillis par Charlotte Laroche pour Gym and News

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