Tout savoir sur le jugement

[LE DOSSIER DU MOIS D’OCTOBRE] Après avoir étudié, en avril dernier, les principaux changements du nouveau code de pointage (lire ici), nouveau dossier du mois consacré au jugement. Cette fois-ci, je vous propose un plongeon au coeur du système. Un juge international GAM, Fabrice Innocenti, décrypte les bases du jugement afin de mieux comprendre une note. Puis un juge international GAF, Stéphane Miquel, a quant à lui accepté de répondre aux questions que vous souhaitiez lui poser dans le cadre d’une foire aux questions lancées il y a quelques mois sur les réseaux sociaux.

Point n°1 : De quelle manière est composée la note d’un(e) gymnaste de haut-niveau ?

Une note est composée d’une valeur de difficulté et d’une note d’exécution :

Note Finale = Note D + Note E – déductions neutres
 
  • Note D = Valeur de Difficultés + Exigences de Composition + Valeur de Liaison
Valeur de Difficultés = 8 meilleures valeur (sortie comprise) poutre et sol minimum 3 éléments acrobatiques et 3 éléments gymniques
 
Exigences de Composition : 4 par agrès chacune valant 0,5 point (barres : envol BS à BI, envol même barre, élément avec rotation de 360° et prise différentes ; poutre : série de sauts dont un avec écart antéro-postérieur, un élément du groupe 3 (pivot), un série acrobatique de deux éléments avec envol dont un salto et un élément acrobatique avant + un élément acrobatique arrière ; sol : un passage gymnique, un salto avec rotation longitudinale de 360°, un double salto , un salto avant + un salto arrière)
 
Valeur de  Liaison : plusieurs éléments difficiles liés directement ou indirectement (doit être réalisés sans chute pour être comptabilisée)
 
  • Note E : 10 – fautes d’exécution, de composition et d’artistique
Plus le mouvement présente des fautes, plus la note E est basse.
  • Autres pénalités (PEN) : Déductions neutres (sorties de praticable, dépassement de temps etc…)

Pour obtenir la note finale (NF) = (ND + NE) – PEN

 

Point n° 2 : Le déroulement d’une compétition pour un(e) juge de haut-niveau. 

Les juges sont convoqués en règle générale pour la réunion de juge, 1 heure avant le début de la compétition. A l’arrivée sur le plateau, un petit briefing est fait à l’agrès par le juge arbitre. Nous discutons des programmes et des exigences de cotation sur certains éléments. Une fois la compétition terminée, il n’y a pas, sur le moment, de débriefing. Le lendemain, lorsque la compétition se prolonge, et lors de la nouvelle réunion de juges, les points qui nécessitent d’être précisés sont discutés. L’intérêt est qu’un jugement doit être cohérent et homogène dans toute la France.

 

Point n° 3 : Quel juge note quoi ?  

Les juges sont réparties de la manière suivante : Il y a des juges qui font la note de départ, et d’autres la note d’exécution.

  • Le D1 (juge arbitre) et le D2 sont côte à côte. Le juge arbitre est placé à côté du secrétaire d’atelier pour qu’il puisse contrôler les notes.

 

  • Les juges E sont répartis sur la table dans le sens des aiguilles d’une montre autour du D1.

 

Point n°4 : Les solutions en cas de conflit sur une note 

En cas de conflit sur une note, il y a plusieurs possibilités :

  • Les juges D ne sont pas en accord : au niveau international, il y a un superviseur à l’agrès qui fait office de juge arbitre. Dans ce cas, cela fait 3 juges qui s’occupent de la note de départ. A 3, ils arrivent à s’accorder. En cas de litige, ils font appel à la vidéo. Pour un cas de force majeur, il y a toujours le responsable des juges de la compétition qui prend les décisions.

 

  • L’entraîneur porte une réclamation sur la note de départ : il faut savoir qu’il est possible de réclamer une note D, mais pas une note E. Cette réclamation doit être faite avant la fin de la rotation à la table des réclamations. Une caution financière est obligatoire et restituée uniquement en cas de gain de cause de la fédération réclamante.

 

Au niveau national, lorsque les juges ne sont pas en accord, ils consultent le responsable des juges de la compétition qui tranche sur la décision à apporter.

 

Point n° 5 : Comment est choisi la répartition des juges par agrès ?

  • Pour les compétitions internationales, en règle générale, la répartition des juges E est faite par tirage au sort lors de la réunion de juges. Les juges arbitres sont désignés par la FIG ou UEG.

 

  • Pour les compétitions nationales, en fonction de la catégorie de compétition, les juges sont désignés par le responsable des juges nationaux. Pour les compétitions par équipes, les juges de clubs font partie du jury.

 

Point n°6 : Quelles sont les fautes principales qu’on peut voir en compétition et leur déduction ?

Les principales fautes sont les fautes que le public novice peut voir, c’est-à-dire les flexions de jambes (0,1 / 0,3 ou 0,5 points), de bras (0,1 / 0,3 ou 0,5 points), les chutes (1 point), les pas (0,1 petit pas ou 0,3 grand pas ), les sorties de praticable ou de tapis (0,1 un pied ou une main / 0,3 deux pieds ou 2 mains), etc.…

Les personnes averties observeront en plus de cela les fautes techniques, d’angles dans les élans ou les maintiens, l’amplitude et l’aisance dans la réalisation des éléments.

 

Jugement

La Foire aux questions…

Pendant une semaine, vous aviez la possibilité d’envoyer via les réseaux sociaux les questions que vous souhaitiez poser à un juge international GAF. Des questions auxquelles Stéphane Miquel, juge niveau 5 et responsable des juges nationaux, a répondu :

Comment devient-on juge de haut-niveau ? 
Je ne suis pas juge de haut-niveau, je suis juge international. J’ai passé mes examens de juge niveaux 1, 2, 3 et 4 puis le niveau 5 (international). Il existe cependant un statut de juge de haut-niveau, des juges inscrits sur listes ministérielles. Elles sont au nombre de 3 en France.

Pourquoi avoir choisi de juger ?
J’aime la gym, j’aime entraîner mais je m’y retrouve davantage dans le jugement.

Comment se passe l’examen qui se déroule au début de chaque nouveau cycle olympique ? 
Nous avons 3 jours de formation et 2 jours d’examen. Il y a une partie théorie et une partie pratique comme pour les autres examens de juge. Nous sommes répartis en 4 catégories (la 1 étant les juges les plus expérimentés qui peuvent prétendre aux JO et la catégorie 4 étant les juges généralement débutant. A chaque examen, nous pouvons monter d’une catégorie au maximum mais nous pouvons également descendre de plusieurs catégorie en fonction de nos résultats).

Avez-vous déjà raté des examens de juge ? 
Non. Et sachez que nous devons repasser l’examen de juge international tous les 4 ans.

Quelles grandes compétitions avez-vous déjà jugé ? 
Les FOJE, une étape de Coupe du monde et les Jeux de Commonwealth junior.

Comment se passe une compétition internationale ? 
Cela dépend du type de compétition. Les grosses compétitions se déroulent sur plusieurs jours et sont souvent éprouvantes. Par contre, les tournois ou matchs bilatéraux ne durent que 2 ou 3 heures et sont donc beaucoup moins fatigants.

Quels sont vos rôles lors des tests ? 
Cela dépend des tests et des objectifs de ceux-ci. Pour certains tests, il faut déterminer la note finale, pour d’autres tests, il faut essayer de valider certains éléments ou apporter notre contribution aux compositions de mouvements, de valider les nouveaux éléments présentés.

Est-ce qu’on peut vivre du jugement de haut-niveau ? Toutes les compétitions sont-elles rémunérées de la même manière ? 
Seules les grosses compétitions (coupe du monde, championnats du monde, etc) sont légèrement indemnisées mais c’est très largement insuffisant pour pouvoir en vivre. Sinon, nous sommes tous des bénévoles et ne recevons pas d’argent pour juger.

Qu’est-ce que cela fait de juger des gymnastes connues ? 
Lorsque je juge, je ne me soucie pas de savoir si la gymnaste est connue ou non.

N’est-ce pas trop difficile de rester objectif ? Aussi bien avec les gyms françaises qu’avec des gyms de renom ? 
Non car nous devons rester objectif et cela ne pose pas trop de soucis.

Est-ce que les mouvements des gyms rapides vous “empêchent” de noter les symboles et les fautes ? 
Non. Je m’entraîne souvent pour pouvoir être performant.

Quel est l’agrès que vous préférez juger et pourquoi ? 
J’aime tous les agrès et particulièrement les barres parce que c’est pour moi le plus simple et sans trop de décision à prendre. J’aime également le sol pour évaluer les qualités artistiques des gymnastes.

Quel est votre meilleur souvenir de jugement ? 
Ma première étape de Coupe du monde en Croatie.

Avez-vous un mauvais souvenir de jugement ? 
Aucun.

Quels sont les éléments techniquement les plus difficiles à juger ou à reconnaître ?
Aucun. Nous travaillons régulièrement pour connaître le code de pointage et les éléments qui le constituent. Nous devons nous tenir informés des modifications du code tant sur le plan technique que sur celui de la réglementation.

Etes-vous stressé avant de juger ? 
Stressé non mais j’appréhende toujours un peu.

Comment faites-vous pour rester concentré aussi longtemps ? 
Là aussi, nous nous entraînons régulièrement.

Avez-vous la possibilité de refuser des jugements proposés par la Fédération ? 
Oui bien-sûr mais en général, on s’arrange pour se libérer.

Vous êtes-vous déjà mal entendu avec un juge d’un autre pays ? 
Non, il y a toujours eu une très bonne ambiance entre nous.

 

Propos recueillis par Charlotte Laroche pour Gym and News
Photos Cybile Cresson 

 

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