Cette semaine, nous partons à la découverte d’un club de gymnastique rythmique, celui qui a organisé les derniers Championnats de France individuels Nat A et B. Initialement prévue à Villeneuve d’Ascq, la compétition s’est finalement organisée dans le seul club de GR du Gard, le Rythmique Club Nîmes Métropole (RCNM). Nous y avons rencontré l’organisatrice des France 2023, Aurélia Alauzet, salariée du club depuis seize ans, entraîneur des nationales et directrice technique.
LE RCNM et les Championnats de France, une histoire de longue date
Organiser un Championnat de France n’est jamais une mince affaire pour un club, stress, gestion des bénévoles, du budget et d’un grand nombre de détails auxquels il faut faire attention. Mais pour le RCNM, ceci devient presque une routine. En effet, le club organisait les 27, 28 et 29 janvier sa neuvième finale nationale, la première qu’Aurélia organisait en tant que directrice technique. C’est elle qui a tout chapeauté : « nous sommes un peu habitués, oui, mais c’est quand même un peu stressant pour moi », nous a-t-elle avoué.
Le club souhaitait organiser un Championnat de France en 2023, mais plutôt en ensemble (lui laissant davantage de temps pour se préparer) or, lorsque le club, prévu originellement, s’est désisté de l’organisation du championnat, le RCNM s’est proposé à son tour, après quelques hésitations cependant : « c’est vrai que de base, je ne voulais pas faire cette compétition, car elle se déroule sur trois jours. Deux jours, c’est assez lourd, mais trois ça veut dire qu’il faut installer dès le jeudi », explique Aurélia avant d’ajouter : « On a su qu’on avait le France le 24 octobre, on l’a donc monté en trois mois pile poil. C’était un gros challenge, mais on s’est dit ‘on est des fous, on y va’. Et puis, depuis les France de 2017 à Nîmes, on n’était plus redescendus dans le sud, c’est aussi pour les clubs de la région qu’on l’a fait ».
Se lancer dans un tel projet avait un objectif pour le club, retrouver à nouveau la dynamique de club, perdue depuis la pandémie : « On a toujours été un club assez dynamique au niveau des organisations, mais le Covid nous a mis un coup dans l’aile. Comme tous les clubs, on est resté au ralenti pendant un an. On a perdu énormément en licenciés, près de 50%. On en avait 400 en 2019, cette année on remonte doucement à 270 adhérents », déclare Aurélia, « on s’est dit que le France allait créé une émulation et redynamiser tout le monde. Franchement c’est le cas. Pour qu’on ait réussi à monter tout ça en trois mois, c’est que tout le monde s’est investi pour qu’on y arrive ». Grâce à l’aide de parents impliqués, le club de Nîmes a réussi à réunir 85 bénévoles le samedi et 60 le dimanche.
Le Parnasse, superbe complexe sportif de Nîmes, est une salle facilitante pour organiser des Championnats de France. De plus, la ville aime mettre l’accent sur les événements sportifs, même lorsqu’il ne s’agit pas de sports collectifs. C’est pour cela que la directrice technique du club raconte : « quand on a dit qu’on voulait faire le Championnat, la ville nous a tout de suite soutenu. Pourtant, la semaine d’avant, il y avait un Championnat du monde de tir à l’arc pendant deux semaines et ils ont quand même accepté qu’on fasse les France juste derrière ». La mairie a d’ailleurs prêté gratuitement le gymnase au club organisateur, une chance selon Aurélia qui, malgré quelques aides reçues du comité départemental pour les récompenses, se pose des questions sur la viabilité du championnat, voyant défiler de très lourdes enveloppes sous ses yeux.
Ayant déjà organisé des championnats de France en ensemble, qui sont plutôt intéressants financièrement, le club sait qu’organiser une finale permet outre l’émulation d’avoir une entrée d’argent afin de pouvoir pallier à tous les frais de l’année.
Zoom sur le club de Nîmes
Créé en 1985 par quatre copines passionnées de gymnastique rythmique, le RCNM a été le premier club de GR à voir le jour dans le département. Dorith Lévy en a tenu les rênes bénévolement pendant plus de trente années avant de laisser sa place à Aurélia Alauzet, il y a de cela trois ans.
Depuis, le club a grandi et compte cette année 48 baby, un peu plus de 80 loisirs et environ 80 compétitrices. Si le club n’a aujourd’hui pas de gymnastes en pôle ou en équipe de France, il peut tout de même se vanter d’avoir vu naître une grande Championne de GR et pas des moindres, Eva Serrano (sept fois Championne de France), qui s’inscrivit au club en 1986, un an après sa création. L’ancienne directrice du club a tout de suite remarqué le potentiel de la jeune fille alors âgée de six ans : « quand je l’ai vue, ça se voyait qu’elle serait une grande championne. Elle avait tout la souplesse, l’artistique ».
Le club possède une grosse antenne sur Nîmes, mais a aussi ouvert des petites sections dans les villages environnants où il n’y avait pas de clubs, mais beaucoup de demande. En se diversifiant, le RCNM a réussi à décrocher des heures d’entraînement et à pérenniser les emplois.
Il fait bon vivre à Nîmes. Le Rythmique Club de Nîmes ne manque de rien : cinq entraîneurs salariés : trois à temps plein et deux à mi-temps, toutes d’anciennes gymnastes du club ou à minima des personnes qui y sont attachées : « Depuis trente ans que le club existe, on n’a eu que des entraîneurs du club qu’on a formées et pérennisées. On les connaît, ça fait moins peur. On n’a jamais embauché à l’extérieur », avoue Aurélia. Concernant les infrastructures, le club est basé au stade des costières, situé juste en face du Parnasse. Bien que vieillissants, ces locaux offrent une salle de gymnastique de dix mètres de haut avec deux praticables aux Nîmoises : « Je n’ai pas à me plaindre c’est sûr. D’autant plus qu’il y a pour projet de raser ce stade et de déménager tous ses clubs dans une halle des sports toute neuve en 2024. Les travaux ne devraient pas tarder à commencer. On languit », confie l’entraîneur principal. Le club du sud a la chance de disposer de créneaux d’entraînement tous les jours au moins jusqu’à 20h. Anciennement, il possédait des horaires aménagés, mais il n’y a plus de collège de bon niveau proche du gymnase. Un projet de relance est à l’étude. Les gymnastes essaient donc de venir au gymnase trois fois par semaine heureusement, la totalité des gymnastes lycéennes étudient à Nîmes. Ainsi, même si elles viennent de villages plus loin, elles sont dès le matin en ville, ce qui facilite les entraînement.
Ce que regrette seulement Aurélia c’est d’être le seul club du Gard affilié à la FFGym : « C’est triste qu’on soit seules. On fait beaucoup d’individuelles, c’est un choix de club. On aime bien ça, on trouve que cela fait bien progresser les gymnastes, donc on essaie d’en faire au maximum. Alors il y a quand même de la concurrence entre elles, n’étant jamais seules dans leur catégorie, mais pour les équipes par contre c’est nul. Nîmes est seul, on est championnes départementales d’office. On organise même la compétition dans notre salle d’entraînement avec quelques chaises pour les spectateurs ». Autre manque, la professeure de danse partie récemment : « la prof de danse, je me rend compte qu’elle apportait beaucoup. Je le savais, mais là quand elle vient nous voir, c’est flagrant. Pour la préparation des France je lui ai demandé de revenir pour corriger les filles. C’est vraiment génial quand un club peut avoir un prof de danse » déclare Aurélia.
Aurélia a un gros penchant pour l’individuel, trouvant les relations plus fortes lors de cette saison : « J’adore les indiv parce que j’aime la relation une à une avec la gymnaste. Ça n’empêche pas que je me donne à fond sur les ensembles, mais en individuel, c’est plus fusionnel, on crée du lien. Ce n’est pas pour l’aspect gymnique, mais pour l’aspect relationnel. Dans une équipe, il y’a toujours des tempéraments plus forts ou moins forts, donc c’est plus dur à gérer, d’apporter l’attention à tout le monde » et pour cause, même les gymnastes en équipes régionales, qui ne peuvent pas faire d’individuel ont un enchaînement d’individuel qu’elles présentent aux départements, pour le plaisir. L’entraîneur principal du club a aussi une préférence pour les styles mélancoliques : « je dois avoir de la tristesse au fond de moi » explique Aurélia en riant, « la DN de l’année dernière a vraiment plu et elles étaient sur Camille Lellouche, N’insiste pas. C’est un registre que j’adore. On prend beaucoup de musiques où ça pleurniche. Alors que ma collègue Vanessa aime beaucoup les pays de l’est. On n’est pas du tout dans le même délire, suivant la catégorie : les séniors ça pleure, les cadettes ça folklore ».
Cette saison, le club avait qualifié deux gymnastes en individuel : Julie Lienard, ancienne gymnaste du pôle espoir de Montpellier, qui a repris après quelques années d’arrêt en National A 18+ et Chiara Bianciotto-Rougé en National A 16-17, tête d’affiche de la compétition à Nîmes. Objectif plaisir pour ces deux gymnastes phares du club : « On n’a pas d’objectifs réels, j’ai deux filles qualifiées dans les deux plus grosses catégories. Il faut qu’elles donnent le meilleur et on verra car je sais trop que ces catégories sont difficiles, encore plus cette année et la moindre petite erreur va trancher. » déclare leur entraîneur. Du côté des ensembles, le club a, l’année dernière, décroché la cinquième place en DN3, malgré trois chutes et des individuelles de club. Au classement vertical, elle se retrouve à matcher cette saison en DN2. Un gros challenge à relever pour Aurélia : « mon équipe est composée de deux lycéennes et des filles qui sont dans des facs qui ne sont pas sur Nîmes. Elle ne peuvent donc s’entraîner que le samedi matin. Je dirais que mon objectif, c’est de maintenir ma place en DN2 ».