Test Event de Rio, 4 ans après : retour sur la qualification des Françaises

Les 16 et 17 avril 2016, les équipes de France masculine et féminine décrochaient leur ticket olympique pour les Jeux de Rio lors du Test Event organisé dans la même ville. Quatre ans après, gymnastes, staffs et familles se souviennent, comme si c’était hier, de ce moment mémorable qui a laissé des souvenirs intarissables. À l’occasion de ce quatrième anniversaire, Gym and News vous propose de revenir sur cette compétition mythique, stressante, éprouvante mais aussi et surtout particulièrement émouvante par le biais de plusieurs articles qui s’étaleront sur plusieurs jours. Notre série commence ce samedi 18 avril 2020 par un retour sur la qualification des féminines. Une équipe de France composée de six gymnastes et d’une remplaçante, Louise Vanhille, Marine Brevet, Marine Boyer, Anne Kuhm, Loan His, Oréane Lechenault et Camille Bahl.

Les photos ont fait le tour des réseaux sociaux et les émotions transperçaient l’écran des smartphones, tablettes et ordinateurs, tellement elles étaient intenses. La France s’était fait quelques frayeurs mais, au bout du suspens, parvenait à décrocher ce précieux sésame tant convoité. Celui qui permettait au clan tricolore de s’envoler une nouvelle fois pour le Brésil, trois mois plus tard. Le Test Event étant la dernière compétition qualificative pour les Jeux où seuls 4 tickets étaient en jeu.

Malgré le décalage horaire, nombreux étaient celles et ceux qui tentaient de suivre la compétition à distance. Avec les moyens du bord. Car si aujourd’hui, il est désormais beaucoup plus facile de suivre les compétitions sur internet grâce à de nombreux streaming disponibles, en avril 2016, les choses étaient quelque peu différentes. “J’ai suivi la compétition sur Twitter“, lance d’ailleurs Deborah, la maman d’Oréane, la benjamine du groupe. “J’attendais avec impatience chaque tweet pour savoir où les filles en étaient. Je m’en souviendrais toute ma vie !” Surtout que la rotation des Françaises avaient eu du mal à commencer. “Il y avait eu une panne d’électricité dans la salle donc la compétition a débuté avec une heure de retard” , rappelle Anne Kuhm qui disputait son deuxième Test Event, après celui de Londres, avant d’ajouter : “Nous étions donc dans le flou total car nous ne savions pas du tout quand la compétition allait pouvoir reprendre. C’était particulièrement stressant.” Même constat du côté de Déborah Lechenault qui tentait de comprendre ce qu’il était en train de se passer à des milliers de kilomètres, depuis son canapé. “Suivre tout cela depuis Twitter, je ne vous dis pas à quel point c’était stressant ! Je passais mon temps à rafraîchir la page pour ne rien manquer. Aujourd’hui j’en rigole mais il y a 4 ans, je n’étais pas du tout dans le même état !” La boule au ventre. Un sentiment humain et naturel pour cette maman qui avait laissé sa fille quitter le cocon familial alors qu’elle n’était qu’une enfant pour enfin réaliser l’un de ses rêves.

Le stress, cette émotion commune à toutes. À tous. Comme Oréane, Marine Boyer disputait sa première grande compétition internationale en senior. Les deux gymnastes étaient lancées dans le grand bain à l’occasion de ce rendez-vous couperet. Ce rendez-vous à ne pas manquer. “Cette compétition a été la plus stressante de ma vie” , sourit Marine Boyer. “Je me souviens, j’avais arrêté de me ronger les ongles pas longtemps avant le Test Event et j’avais finalement tout rongé à Rio tellement j’étais stressée !“. Des souvenirs légers qui font aussi la beauté du moment.

Un stress présent qui a toutefois permis aux tricolores de se transcender et d’avoir cette gnaque qui permet de se surpasser. Les Françaises ont évolué dans la dernière rotation. Une fois le courant remis, elles ont pu débuter leur compétition à la poutre. Si quelques erreurs ont été à noter, dont une chute en sortie de poutre pour Anne Kuhm, ce premier agrès s’est néanmoins bien déroulé, permettant ainsi aux filles de se mettre dans de bonnes dispositions pour le reste de la compétition. “J’étais vraiment déçue de ma chute en sortie, regrette toutefois Anne. J’avais réalisé un bon enchaînement, sans chute, avec peu de déséquilibres pour finalement chuter en sortie ! Une erreur que je ne commets jamais normalement. Mais le reste s’est bien passé, j’en tire donc un bilan satisfaisant.

Ensuite, le sol et le saut se déroulent bien. Jusqu’aux barres… L’agrès de toutes les peurs, l’agrès où la qualification a failli échapper aux tricolores avec des chutes, dont deux chutes de Marine Brevet, et des erreurs qui se sont enchaînées. “À ce moment-là, avec Marine (Brevet), on n’y croyait plus, livre Anne Kuhm. On se disait qu’on avait commis trop d’erreurs pour pouvoir se qualifier.

Mais tout n’était pas encore perdu, la compétition n’étant pas encore terminée. Il restait encore une gym à passer : Oréane Lechenault. Oréane qui, quelques semaines plus tôt, n’était encore que la remplaçante. Mais Camille Bahl se blessant à la cheville lors de l’ultime stage de préparation au Portugal, la veille du départ pour Rio, les plans avaient changé. Et Oréane la benjamine se retrouvait titulaire avec cette pression énorme et cette qualification olympique au bout de ses “petits” bras. Dernière à s’élancer, elle ne devait pas se manquer. Elle qui, un an plus tôt, multipliait les contre-performance à cause d’un stress négatif qu’elle peinait à gérer et qui l’empêchait de briller lors d’étapes clés et de réaliser ce qu’elle réalisait pourtant parfaitement à l’entraînement. Mais tout le travail réalisé par ses entraîneurs toulonnais Eric et Céline Boucharin, toutes les sorties internationales réalisées sous les couleurs du Pôle de Toulon et toute cette préparation mentale réalisée dans l’ombre durant un an, se révéleront payants en ce jour d’avril si particulier. Oréane pouvait enfin montrer tout son talent sur la scène internationale.

À Rio, Oréane s’élance donc avec cette pression sur le bras. Mais malgré l’enjeu, elle déroule son mouvement jusqu’à la sortie et permet à l’équipe de France de récolter de précieux points. Ces précieux points qui se révéleront décisifs. Explosion de joie ! La note tombe et les Françaises devancent les Australiennes de quelques points et se qualifient ! Avec le Brésil, l’Allemagne et la Belgique, la France est le quatrième et dernier pays à décrocher un quota olympique. La pression retombe, les larmes coulent, Oréane est ovationnée pour son ultime prestation, les embrassades se multiplient et les sourires illuminent les visages. Pendant de longues minutes, rien ne peut perturber ce collectif soudé et si heureux. Elles ont réussi. Elles l’ont fait. Elles ont brisé les dernières barrières qui leur faisaient face. “C’était un tel soulagement cette qualification, lance Anne Kuhm. Nous étions tellement heureuses, soulagées. On a toutes profité de ce moment de joie, de cohésion. Un très beau souvenir.

Blessée et donc finalement remplaçante, Camille Bahl a également savouré ce moment de bonheur avec ses coéquipières. Même si elle n’a pas pu participer à la compétition, elle a vécu pleinement ce moment mémorable. L’un des moments les plus intenses de sa carrière. “Le Test Event est à la fois un des meilleurs moments de ma carrière mais aussi un des plus compliqués” , éclaire-t-elle avant de préciser. “C’est la compétition qui m’a fait vivre le plus d’émotions car au moment où l’on découvre que la qualification était acquise, c’était magique tout ce qu’on a pu ressentir, mais en parallèle, ce n’était pas forcément évident pour moi car je n’avais pas pu participer à la compétition. Quand on est sportif de haut-niveau, ce sont des compétitions qu’on a envie de vivre, de faire. Et me dire qu’après avoir fait toute la préparation, une blessure m’a finalement empêchée d’y participer et que je me retrouve remplaçante, à porter les sacs, c’est dur. Mais c’est comme ça. Ça fait partie de ma carrière.

Pendant que les filles et le staff savouraient cette qualification sur le plateau de compétition, Deborah Lechenault explosait quant à elle de joie depuis sa maison du sud de la France. “Avec Enola, la grande soeur d’Oréane, on était hystérique ! Toute la pression retombait. Il était 3h du matin en France, mon mari était dans le train de nuit, il rentrait de Paris, Alana, la petite soeur d’Oré dormait, et on a fait tellement de bruit qu’on l’a réveillée” , confie-t-elle la voix encore pleine d’émotions. “Rien que d’y penser, j’en ai encore les larmes aux yeux. Je suis tellement fière de ma fille” , ajoute-t-elle.

Si la qualification était un moment magique, tous les à-côté ont également laissé plein de doux souvenirs au collectif. La chaleur, la plage, les moustiques… “Il y avait plein de moustiques, se souvient Anne. C’était en pleine période du virus Zika ! Alors moi qui me fais toujours piquer, j’avais toujours un spray anti-moustique avec moi” , rigole-t-elle. Quant à la chaleur, elle ne l’a pas perturbée. “J’aime quand il fait chaud ! Et pour l’échauffement, c’est mieux aussi car on met moins de temps à se chauffer les muscles“. Quant au cadre de vie, il était tout simplement majestueux. “On n’a pas fait beaucoup de visites touristiques mais on faisait beaucoup de préparation physique sur la plage et c’était vraiment super. Le cadre était idyllique, magnifique et ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de s’entraîner dans ce genre d’endroits” , confie Camille Bahl.

Le soleil et la chaleur de Rio avait donc réussi aux Françaises qui, un jour après les masculins, avaient réussi leur mission en ramenant dans leurs valises la qualification olympique. Un Test Event empreint de jolies saveurs bien installées dans les esprits et dans les coeurs. Des émotions gravées à tout jamais.

Charlotte Laroche 

 

 

Article précédentLéa Marques : “Il est temps pour moi d’entamer une nouvelle page de vie”
Article suivantJordane Bayer : “Quand je serais grande, j’aimerais faire des compétitions internationales”

LAISSER UN COMMENTAIRE

Merci d'inscrire votre commentaire !
Merci d'indiquer votre nom