Elle a effectué un retour triomphal samedi 5 août lors de l’US Classic dans une Now Arena de Chicago qui avait fait salle comble pour l’occasion. Particulièrement attendue, Simone Biles, qui n’avait plus matché depuis les Jeux Olympiques de Tokyo afin de prioriser sa santé mentale, a survolé la compétition avec un contenu stratosphérique. Quelques instants après avoir remporté la médaille d’or avec un incroyable total de 59.100 points au concours général, la star américaine de 26 ans s’est exprimée en point presse.

Simone, quel bilan faites-vous de votre compétition ?
Ça s’est bien passé. Tout s’est bien mis en place. Je suis très contente de où j’en suis maintenant, mentalement et physiquement. Je pense qu’il y a encore des choses à travailler mais pour un retour à la compétition, ça c’est plutôt bien passé. Je suis heureuse et je me sens beaucoup mieux maintenant que c’est fini (Rires). Ce qui me surprend le plus, c’est tout le soutien que je reçois, du public, des coéquipières et les panneaux d’encouragements. Apres tout ce qui s’est passé à Tokyo, j’étais mentionnée dans tous les tweets. Mais tous les messages d’encouragements et d’amour sur Twitter, sur Instagram et dans la salle de gym, c’était vraiment incroyable. C’est très surprenant qu’ils croient encore tellement en moi et qu’ils m’aiment, et ça me remplit de joie. Ça fait du bien de venir ici et d’avoir tous ces encouragements, surtout dans un moment comme celui-ci ou j’étais très nerveuse de revenir à la compétition. Je ne peux vraiment rien demander de plus.
Quels sont vos conseils pour les athlètes qui traversent des difficultés mentales ?
Il faut vraiment prendre une pause mentale, sinon votre corps décidera pour vous ; comme cela a été le cas à Tokyo pour moi. C’était le plus mauvais timing mais je suis finalement très contente de ce qui s’est passé. J’ai donc passé du temps à penser à moi, je continue ma thérapie, et je m’assure que tout est en ordre pour que lorsque je suis à la gym, je ne me concentre que sur ma gym.
Quel a été le processus ces dernières années pour décider que vous vous vouliez continuer la gym ?
Au début, quand je suis revenue à l’entrainement en septembre, l’objectif était de reconstruire mon physique. J’ai pris une pause pendant le mois d’octobre et un peu en novembre. Puis les fêtes de fin d’années sont arrivées donc j’ai essayé de rester en forme et pratiquer mes routines. Je trouve que Laurent à cette capacité à anticiper. À chaque fois que j’arrivais à l’entrainement il avait des routines à me proposer. Et quand le début de l’année est arrivé, j’ai essayé de passer à 2 entrainements par jour et de retrouver mon physique, tout en préparant mon mariage. Après le mois de mai, on a vraiment accéléré l’entrainement. Mais on ne s’est jamais vraiment dit que j’allais participer à l’US Classic. Aucun de nous, Laurent, Cécile et moi ne voulaient vraiment le dire. Puis les uniformes ont étés envoyés et c’est là que j’ai réalisé que je participais a la compétition.
Pouvez-vous parler de votre dîner avec Cécile ?
C’était vraiment le moment après le mariage ou j’ai décidé de m’engager dans la compétition. Je savais que si je voulais participer aux compétitions mondiales, il fallait que je redouble d’effort à l’entrainement et à participer à des compétitions. Je mets la vie en pause pour le moment et ça reprendra son cours après.
Quel est le plan par rapport aux Jeux Olympiques de Paris 2024 l’année prochaine ?
Pour l’instant, je me concentre sur cette journée et à retrouver le plaisir de la compétition pour moi-même, mes partenaires. Nous irons aux championnats dans quelques semaines, incorporer des modifications à mes routines. Je ne veux pas penser trop au futur à ce stade. À chaque fois que je passe une étape, on me pose une question sur la prochaine étape alors que j’essaye vraiment de prendre les évènements tels qu’ils viennent, un jour à la fois.
Vous aviez l’air de prendre beaucoup de plaisir aujourd’hui.
J’étais très nerveuse, mais au fil de la compétition j’ai réussi à me relâcher. En général pour mes épreuves ou je suis la plus forte, saut et sol, je sais exactement ce que je vais faire. Aujourd’hui c’était l’opposé. Je me sentais forte aux barres et à la poutre, et plus hésitante au sol et au saut. J’essaye surtout de penser à moi et d’avoir du fun. Je rentre à la maison et je vais fêter ça. J’étais très contente d’avoir mes partenaires, Cecile et Laurent qui m’ont supportée. Je pense qu’on a toutes eu une bonne compétition.
Quel était le moment le plus intense en terme d’émotion de la soirée ?
Je pensais que j’allais être plus émue ce soir mais après avoir passé les barres à l’entrainement hier, tout le monde m’encourageait. Avoir tout ce support autour de moi, est vraiment ce qui m’a le plus ému. Mes coachs, mes parents, après le saut étaient tous très émus.
Quel est votre sensation quand vous vrillez (Simone Biles avait souffert de twisties, une perte de figure qui l’avait notamment poussée à se retirer de la finale par équipe à Tokyo et de déclarer forfait sur plusieurs finales individuelles avant de revenir en finale poutre où elle avait remporté le bronze, NDLR) ?
J’étais toujours un peu nerveuse, mais je sais que mon corps est prêt et que je dois avoir confiance dans mon entrainement.

On passe son temps à vous projeter dans votre prochaine compétition, comment vous préparez vous à ça ?
J’essaye vraiment de vivre dans l’instant présent. Avoir confiance en moi, mon entrainement, mes coaches. Avant c’était plus naturel. Maintenant, j’essaye vraiment de me rappeler que je suis capable et que je suis entrainée pour ça. Maintenant que je suis un peu plus âgée, je suis un peu plus nerveuse vis-à-vis de mon corps. Mais depuis que mon mari est a Green Bay et que nous avons une relation longue distance, ça me laisse la possibilité de me concentrer.
Vous ne vous êtes entrainée que pendant 3 mois. Est-ce que vous pensez à où vous en serez dans 6 à 12 mois ?
J’en parlais à Laurent aujourd’hui et je lui disais être en meilleure forme qu’en 2021. C’est un bon signe. Je me sens plus prête. D’habitude j’essaye d’être à 50% de forme aux US classics, puis d’être à 80% de forme aux championnats pour être à 100% aux championnats du monde. Mais cette année je me sens plus en avance dans ma préparation. Je suis ravie d’avoir Cécile et Laurent auprès de moi pour ma préparation.
Qu’est-ce qui vous a motivé à revenir ?
Après m’être retirée de cinq finales, j’ai vraiment voulu privilégier ma santé. Mais ne me parlez pas de 2028.
Comment gérez-vous la pression maintenant ?
Je me sens beaucoup mieux maintenant et j’arrive beaucoup mieux à gérer la pression. Je fais beaucoup moins attention à Twitter. Même s’il y a beaucoup de commentaires positifs, il y a aussi beaucoup de négativité. En tant qu’athlètes de haut niveau, il y a beaucoup d’attentes autour de nous. Mais il est important de réaliser que les choses qu’on fait ne sont pas normales. Nous avons nos propres difficultés personnelles et on n’est pas toujours en mesure de les mettre de côté. Mais on a maintenant, une super équipe autour de nous pour nous aider gérer ce stress et ça devrait nous aider pour ces prochaines échéances. Ça sera une expérience bien différente de celle de Tokyo car on pourra avoir nos familles auprès de nous. L’expérience à Tokyo a été vraiment dure pour tous les athlètes. Beaucoup d’athlètes sont venus me voir et ont partagé leurs difficultés. Mais je suis vraiment très contente d’avoir cette opportunité et de pouvoir revenir. Je ne pensais vraiment pas que j’aurais pu revenir à ce niveau de la compétition.
Il est difficile de comprendre pourquoi vous pensiez ne pas avoir de soutien pour votre retour…
Si je vous montrais mon feed Twitter, Instagram, Facebook vous comprendriez pourquoi. Evidemment, je savais que j’avais le soutien de mon entourage mais j’étais plus inquiète quant au « bruit extérieur ». Mais une fois arrivée ici, et d’avoir le soutien des filles m’a rappelé pourquoi je pratique la gym.
Quand vous étiez à Tokyo, vous avez dit que vous le faisiez pour vous. Aujourd’hui, vous faites ça pour vous également, mais quelle est la différence ?
Aujourd’hui je suis plus mature, personne ne me force à faire des choses. J’ai moins de pression à gagner deux Jeux Olympiques à la suite et je peux vraiment privilégier ma santé mentale et supporter les autres athlètes dans leur quête.