Yann Cucherat, directeur du haut-niveau masculin, dresse le bilan des championnats de France élite de Caen. L’occasion également de revenir sur le calendrier de préparation pour les championnats d’Europe et sur les faits qui se sont produits ces dernières semaines à l’INSEP.
Gym and News : Quel bilan tirez-vous de ces championnats de France élite de Caen ?
Yann Cucherat : Il y a eu de bonnes choses et des moins bonnes. Au niveau des très jeunes générations, en espoir, des progrès ont été faits avec une attention particulière qui a été portée sur certaines orientations de travail que nous avions données. C’est un des points positifs de ce week-end avec des jeunes qui vont dans la bonne direction. En junior, malheureusement, il y avait un peu moins de qualité. Les membres du collectif ont été beaucoup sollicités ces derniers mois avec une compétition aux Etats-Unis en janvier puis les Gymnasiades dernièrement. Tout cela a laissé quelques traces et cela s’est ressenti. Nous leur avons donc dit de prendre quelques jours de repos afin de reprendre des forces avant d’enchaîner avec la préparation pour les championnats d’Europe. Enfin, en senior, en général tout n’a pas été beau à voir. Je salue le travail de Julien Gobaux qui a été l’exploit du week-end. Après une longue période de blessure, il a su revenir au top et a montré de très belles choses.
Lorsque vous parlez d’orientation de travail pour les jeunes générations, en quoi cela consiste-t-il ?
Nous sommes en train de préparer l’avenir donc je souhaite qu’une attention particulière soit portée sur tout ce qui fait la base de la gymnastique. Car si les gyms ont un socle solide, ils pourront alors franchir les différents paliers. Les jeunes gyms doivent avoir une rigueur dans chaque geste et passer par différentes étapes d’apprentissage sans brûler les étapes. Nous ne recherchons pas uniquement de la grosse diff, nous recherchons une finesse du geste. Il faut que les alignements, les maintiens, les placements soient impeccables. C’est sur tout cela que les entraîneurs travaillent dans leur structure et j’ai pu me rendre compte à Caen que ces consignes avaient été respectées.
Dans une interview accordée à la Fédération, vous expliquiez attendre que les gyms présentent des mouvements avec un contenu certes plus élevé mais maîtrisé. Ce point-là a-t-il été respecté et vous a-t-il apporté satisfaction ?
En effet, la feuille de route était d’intégrer des nouveautés mais tous n’ont pas rempli le contrat. Certains l’ont fait, d’autres non. Quelques gyms ont présenté un nouveau programme et c’est pour cette raison qu’il y a eu quelques chutes. Mais c’est encourageant car il faut passer par ces étapes-là pour construire la performance de demain.
Les championnats de France étaient un premier test avant les championnats d’Europe de Glasgow, comment va se dérouler la préparation sur ces prochains mois ?
A la fin de la semaine, je vais annoncer la sélection pour les Jeux Méditerranéens (du 23 au 26 juin) qui sera une bonne compétition pour se mettre dans les mêmes conditions que les championnats d’Europe. Ensuite, nous aurons également un tournoi amical contre la Suisse, l’Allemagne et l’Angleterre (21 juillet) ainsi que deux étapes de Coupe du monde. Deux stages d’une semaine en juillet et en août viendront clôturer cette phase de préparation.
L’équipe pour les championnats d’Europe s’est-elle dessinée suite aux championnats de France élite ?
Pour l’instant, nous avons un groupe de 12-13 gyms qui participent aux différents regroupement puis les choses vont se peaufiner au fil des semaines avec les différents rendez-vous programmés. Mais certains gyms, qui ont fait preuve de régularité, commencent à devenir des pièces maîtresses de mon puzzle. Fin juin, l’équipe définitive se dessinera avec un groupe de 6-7 gyms qui entreront pleinement dans la préparation des championnats d’Europe.
Une préparation pour les championnats d’Europe qui se fera sans Zachari Hrimèche notamment, suspendu jusqu’au mois de novembre. Pouvez-vous nous éclairer sur les raisons de cette suspension ?
Le sport de haut-niveau et encore plus la gymnastique demande une certaine exigence. Quand il y a un comportement déviant et que les règles de déontologie ne sont pas respectées, on ne peut pas l’accepter. Surtout lorsque les choses se reproduisent et que les mises en garde ne sont pas prises en compte. Nous voulons avancer avec des gyms qui s’investissent à fond dans le projet de l’équipe de France donc si certains sortent du cadre, il faut sanctionner. Je regrette cette situation mais nous ne pouvions faire autrement. La situation commençait à avoir des répercussions sur la sérénité du groupe et à quelques mois des championnats d’Europe et du monde, nous devions retrouver une ambiance saine et sereine. En suspendant Zachari, on perd un très bon élément mais on ne fait pas de traitement de faveur. Au final, ce n’est pas nous qui l’avons sanctionné, c’est lui qui s’est sanctionné tout seul par son comportement. J’ai vu les posts qu’il a mis sur son compte Facebook, je pense qu’il prend conscience des choses et qu’il profitera de cette période de transition pour se remettre en question. J’ai confiance en lui et je l’aiderai à retrouver sa place au sein du collectif France.
Son avenir en équipe de France n’est donc pas remis en cause ? Il n’est pas “blacklisté” ?
Non rien n’est remis en cause. A l’issue de sa suspension, il pourra, comme Antoine et Killian, participer à la revue d’effectif. Selon leurs résultats, ils pourront alors réintégrer le collectif et l’INSEP.
Propos recueillis par Charlotte Laroche