Sarah Korn : un destin brisé ?

Pensionnaire du Pôle de Dijon lorsqu’elle était plus jeune, Sarah Korn (16 ans) a ensuite quitté le monde de la gymnastique artistique pour emprunter le chemin du tumbling. Un parcours semé d’embûches et marqué par des propos et des comportements qui ont laissé de profondes traces.

Avant de se tourner vers le tumbling, en 2013, Sarah Korn a d’abord tenté l’aventure de la gymnastique artistique. Elle a 2 ans et demi lorsque ses parents l’inscrivent en babygym à Dijon. A 5 ans, elle bascule rapidement dans le groupe performance avant d’intégrer, deux ans plus tard, le Pôle de Dijon. Elle y restera jusqu’à ses 10 ans avant de rejoindre le club d’Avoine. Pendant deux ans, elle accumule alors les petites blessures et sa phase de progression en était ralentie. “J’ai décidé d’arrêter la gym à cause des blessures et puis je me rendais bien compte que je ne progressais plus. Souvent, on me disait que je devrais essayer le tumbling alors j’ai essayé et trois mois après j’ai été prise au Pôle de Rennes”, livre-t-elle.

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Une nouvelle aventure peut commencer pour elle. “Lorsque je faisais de la gym, j’adorais le sol et le saut. Au tumbling, les sensations sont différentes avec cette notion de vitesse et de hauteur. Dès que j’ai essayé, ça m’a tout de suite plu”, confie-t-elle avant d’ajouter : “Ma première année s’est super bien passée. J’ai commencé super fort. Je termine championne de France junior en 2014 et je participe à mes premiers championnats du monde. L’année qui suit, je suis vice-championne de France et me qualifie encore pour les Mondiaux. Mais la Fédération a commencé à estimer que je ne progressais pas assez vite et ils ont fini par m’exclure du Pôle. Je ne comprends toujours par cette décision, j’ai encore beaucoup de mal à l’encaisser. Je me rendais compte que je progressais moins, je ne l’ai jamais nié, mais je ne comprends pas cette exclusion.”

Avant de la retirer du Pôle, la Fédération l’avait néanmoins mise en garde… “Deux mois avant, ils m’avaient convoquée pour me dire que pour rester au Pôle je devais réussir à faire 5 full in carpé sur du dur et perdre 5 kilos. J’ai alors beaucoup travaillé pour réussir à faire ce qu’il me demandait. Pendant un mois, Perle Aubrée, une trampoliniste, et Pauline Michel m’aidaient dans ma perte de poids. Le soir, je restais plus longtemps à l’entraînement”, explique-t-elle. Malgré cela, le verdict est tombé : elle doit quitter le Pôle. Elle avait rempli son contrat en présentant cinq fulling carpé sur dur mais n’avait perdu que trois kilos sur les cinq demandés. La décision est effective, aucun retour en arrière n’est possible… Sur le moment…

Blessée dans son amour-propre, déboussolée et surtout profondément marquée par les propos qu’on a pu lui tenir, elle décide de poursuivre l’entraînement, dans son coin, afin de leur prouver qu’ils ont eu tort de l’écarter du Pôle et que de tels agissements ne devaient pas exister dans le milieu du sport. “Je voulais vraiment leur montrer qu’ils s’étaient trompés. Alors je me suis entraînée dans mon coin, dans une petite salle à Chenove, avec Jérémy Ditta, un ancien tumbleur. Mais il n’était pas tout le temps là donc je me suis souvent entraînée seule”, regrette-t-elle. Malgré des conditions d’entraînement difficiles, Sarah parvient à passer les tests de sélection et gagne sa place pour les championnats d’Europe junior. Mieux, avec l’équipe, elle décroche la médaille de bronze. Une belle revanche pour la Dijonnaise qui n’a jamais voulu baisser les bras.

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Sarah Korn, troisième sur la photo en partant de la gauche. Ici sur le podium européen avec l’équipe de France junior.

Une sélection et une médaille par équipes qui lui ouvre alors de nouveau les portes du Pôle de Rennes… sous certaines conditions. “La Fédération est venue me voir pour me proposer de réintégrer le Pôle mais sans en avoir les bénéfices. En résumé, je pourrai juste bénéficier des installations et des entraîneurs”, lance-t-elle. Une proposition qu’elle hésite à accepter. La première raison qui entraîne cette hésitation ? Son état de santé. “Pendant un an, je me suis entraînée dans des conditions assez difficiles donc j’en garde beaucoup de séquelles au dos. Le 19 septembre, je dois voir un chirurgien qui me dira si je peux reprendre l’entraînement ou si je devrais attendre et me soigner”, précise-t-elle. La seconde raison ? Revenir au Pôle sans avoir les bénéfices la laisse également un peu perplexe… “Je me suis toujours fixée comme objectif de ramener une médaille individuelle donc je serai tentée de reprendre pour atteindre cet objectif mais je me laisse encore quelque temps pour y réfléchir. Surtout qu’on vient me chercher pour intégrer une structure mais on me pose des conditions. Ce n’est pas facile.”

Pour l’heure, la Dijonnaise de 16 ans qui après avoir dû quitter le Pôle de Rennes a dû apprendre à vivre comme toute lycéenne en suivant un cursus scolaire classique pour la première fois de sa vie, se concentre sur sa santé. Et en cas de feu vert du chirurgien, elle prendra, à ce moment-là, sa décision. Repartir en Bretagne, arrêter le tumbling ou poursuivre à Dijon, un choix qui s’annonce cornélien…

Propos recueillis par Charlotte Laroche 

Son palmarès en tumbling :

2013 :
• vice championne de France

2014 :
• 2e aux coupes nationales ( 1ère française )
• 1ère au Championnats de France • qualifiée aux Championnats du monde par groupe d’âge
• Finaliste aux Championnats du monde par groupe d’âge (7eme ) en Floride (seule française dans sa catégorie d’âge )

2015 :
• 3e aux Coupes nationales (1ère de sa catégorie d’âge )
• 2e aux Championnats de France
• Qualifiée pour ses seconds Championnats du monde par groupe d’âge
• 11e au Championnats du monde par groupe d’âge au Danemark
• 4e lors d’un tournoi international au Portugal

2016 :
• 3e aux Coupes nationales
• 3e aux Championnats de France
• 3e aux Championnats d’Europe par équipes
• Finaliste aux Championnats d’Europe, 7eme et première française

 

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