
Il l’a toujours dit : Samir Aït Saïd ne vient pas en compétition pour faire de la figuration. Il l’a une nouvelle fois prouvé ce 17 septembre 2017. Un an après sa blessure contractée au tibia lors des Jeux Olympiques de Rio, Samir Aït Saïd a effectué son grand retour ce week-end lors des Internationaux de France dans un AccorHotel Arena plein et totalement acquis sa cause. Un retour à la compétition au cours duquel il a décroché une médaille d’argent aux anneaux, son agrès de prédilection.
Souvenez-vous…
Mai 2012, à Montpellier. Il s’élance au saut de cheval lors des championnats d’Europe et se blessure sur l’une de ses réceptions. Le verdict est clair : c’est le tibia qui est touché. Fracture. Une blessure qui le prive des Jeux Olympiques de Londres, cette compétition qu’il convoitait tant. Durant un an, il suit une rééducation avec pour objectif de revenir aux championnats d’Europe qui se tiennent à Moscou en 2013. Un objectif de revenir à la compétition certes mais également de devenir champion d’Europe aux anneaux. Si certains auraient pu le croire trop prétentieux, ne connaissant pas encore sa force de caractère, d’autres ont néanmoins toujours cru en lui. Résultat, il décroche ce fameux titre de champion d’Europe à Moscou, en 2013. Samir Aït Saïd entrait ainsi dans l’histoire de la gymnastique artistique française.
Trois ans plus tard, cette fois-ci il ne manque pas le wagon olympique et s’envole pour le Brésil. Août 2016, Rio. L’équipe de France passe aux anneaux et tout se passe bien pour lui. Puis vient le saut… et cette fameuse chute sur la réception de son premier saut. Cette chute dont les images ont fait le tour du monde avec cette jambe à l’équerre. Ces images qui ont choqué de nombreuses personnes dans le monde entier. Français ou étrangers. Sportifs ou non. Le diagnostic tombe : le tibia a pris une nouvelle fois. Il se fait opérer sur place, à Rio, et dès le lendemain poste une vidéo dans laquelle il donne rendez-vous en 2020, à Tokyo ! Le message est clair. Limpide.
De retour en France, il suit sa rééducation avec tout l’acharnement qu’on lui connaît, tout en terminant ses études de kiné. Juillet 2017, onze mois après sa blessure, Samir Aït Saïd est de nouveau sur ses deux jambes, remonte sur les agrès et obtient son diplôme de kiné. Il quitte alors l’INSEP et débute une nouvelle aventure dans le sud de la France, à Antibes. Aux côtés de Rodolphe Bouché, son entraîneur, il se prépare à effectuer son retour pour les Internationaux de France et s’entraîne très dur. “Depuis mon arrivée dans le sud, j’en ai bavé mais il faut passer par là”, lâche-t-il avant de préciser : “J’ai de très grosses journées d’entraînements avec deux entraînements par jour et même trois entraînements par semaine les lundis et jeudis car après mes deux entraînements de gym, je vais à la boxe aussi pour continuer à m’affûter. D’ailleurs, ça se ressent sur les anneaux, je commence à retrouver ma ligne.” Mais avant de faire son retour à la compétition, il doit d’abord passer une première étape et réussir le test de sélection organisé par la Fédération. Une première étape réussie qui l’emmène donc à Bercy.
Samir est prêt ! Motivé. Et surtout très heureux de faire son retour à la compétition, chez lui, en France. Aux Internationaux, il vise une médaille. Pas la médaille d’or, il est réaliste, le champion olympique Elefhterios Petrounias étant également présent, la médaille d’or était compliquée à aller chercher. “Il faut être honnête, c’est lui le patron pour le moment mais il ne perd rien pour attendre (Rires). Je vais m’entraîner dur pour retrouver ma place d’avant car avant 2015, c’était moi qui était devant“, sourit-il. Mais s’il ne visait pas l’or ce dimanche à Bercy, il visait en revanche un podium. Et c’est finalement une belle médaille d’argent qu’il décroche avec une note de 15.250 devant un public heureux. Heureux, Samir l’est aussi. Soulagé également. “J’avais pas mal de pression car je savais que j’étais attendu mais j’ai réussi à ce que le stress devienne un stress positif”, éclaire-t-il avant d’ajouter : “En plus, j’avais un double enjeu car j’étais certes attendu par le public mais également par la Fédération car je jouais une qualification pour les Mondiaux. Avec 14.900 lors des qualifications le samedi, je réalisais les minimas. Le dimanche, il ne me restait plus qu’à remplir un second objectif en décrochant une médaille.”
Deux objectifs remplis donc pour le seigneur des anneaux. Aux Mondiaux, le pensionnaire du Pôle d’Antibes va présenter le même mouvement que celui présenté ce week-end à Bercy. “Ce sera trop juste en terme de temps pour pouvoir présenter un autre mouvement. Pour le moment, je présente un mouvement avec 5 forces tandis que les autres en ont 6. Je remplace cette 6eme force par élan. Jusqu’à Montréal, je vais travailler sur la netteté, la propreté et la qualité. Le travail à la salle paie et c’est très positif“, explique-t-il.
Les yeux sont donc rivés vers le Canada… En attendant, il se souviendra longtemps de ce retour, de cette ambiance. “Une ambiance de dingue, de folie. Une ambiance qui m’a porté” comme il le dit si bien. Un retour gagnant qu’il a pu faire devant ses proches, sa famille et devant quelques personnalités devenues depuis des amis, comme Denis Brogniart et l’humoriste Claudia Tagbo, qui sont venus l’encourager. Désormais, Samir Aït Saïd, le battant, celui dont tout le monde salue le mental, la force de caractère, celui qui est devenu un modèle pour beaucoup, va tenter d’écrire une nouvelle page à son histoire en tentant d’aller chercher un podium mondial au début du mois d’octobre, à Montréal…
Charlotte Laroche pour Gym and News