Grande chance de médaille olympique aux anneaux, Samir Aït Saïd vit une année très chargée. Etudiant en deuxième année de kiné, le jeune homme de 26 ans vient, à quelques semaines des championnats d’Europe, de terminer la plus grosse partie de ses examens. Entre révisions et préparation des Jeux, il dévoile son plan d’action. Entretien.
Gym and news : Vous venez de terminer une grosse semaine d’examens, comment s’est-elle passée ?
Samir Aït Saïd : Elle était très fatigante ! Je n’ai pas eu de vie (rires). C’est simple, le matin je me levais pour aller m’entraîner de 10h à 12h, je rentrais chez moi et de 13h à 5h du matin je révisais avec une bande copains. Je veux absolument valider mon année de kiné cette année donc j’ai mis toutes les chances de mon côté pour remplir mon objectif. La neurologie était le plus gros module, je ne devais pas me louper. Tout cela nécessite du travail. J’avais pris un peu de retard dans mes révisions au moment des Test Event car je voulais absolument aider la France à se qualifier pour les Jeux donc j’ai tout donné pour ensuite pouvoir rattraper ce retard. Cette année est un gros challenge pour moi mais ce n’est pas grave. Je suis quelqu’un qui aime les challenges.
À dix jours des championnats d’Europe de Bern, n’avez-vous pas peur d’être un peu court physiquement ?
Je ne vais pas mentir, je ne suis pas prêt. Je ne me voile pas la face. Je ne m’entraîne que deux heures par jour, je dors très peu car je révise beaucoup donc j’ai accumulé beaucoup de fatigue et mes muscles ne répondent plus comme avant. Ca m’embête de dire que je vais sur une compétition sans être prêt car ce n’est pas dans mon tempérament. Je voulais absolument valider mon année de kiné pour ensuite pouvoir me concentrer à 200% sur les Jeux de Rio. J’avais trois objectifs cette année : aider la France à se qualifier pour les Jeux, valider mon année de kiné et devenir médaillé olympique à Rio. Même si c’est fatigant, je donne tout pour remplir ces trois objectifs. Et si je valide mon année de kiné, je serai serein pour ma préparation aux Jeux. Forcément, dans tout ça, je devais faire un choix et j’ai donc décidé de sacrifier un peu ma préparation aux Europes. Mais attention, je vais tout de même donner mon maximum !
Mener de front des études de kiné et une préparation aux Jeux Olympiques doit engendrer beaucoup de pression. Comment la gérez-vous ?
Ahhhhh… L’année est compliquée ! Physiquement, elle me tue. Je n’ai pas eu de repos depuis le mois de décembre. Même pour les fêtes de fin d’année, je n’ai pas pu descendre dans ma famille. Et puis la pression scolaire qui s’ajoute à tout ça, c’est très, très, éprouvant.
À partir de quand pensez-vous pouvoir de nouveau vous concentrer à 100% sur vos entraînements ?
J’ai encore quelques modules à passer et j’ai un stage à effectuer dans un hôpital donc à partir de mi-juin, je pourrai de nouveau être à 100%. A 200% même ! Je suis un vrai compétiteur.
Je ne crains personne mais je ne sous-estime personne non plus. Tous mes adversaires sont potentiellement dangereux.
N’avez-vous pas peur d’avoir accumulé trop de retard ?
J’en ai déjà accumulé, je ne suis pas à mon poids de forme, physiquement je suis en dessous, je suis en sous-entraînement mais quand j’ai décidé quelque chose rien ne peut m’arrêter. Le travail ne me fait pas peur. Comme j’ai pu l’être sur mes études, je serai à fond sur mes entraînements. Je vais me battre pour mon drapeau et tout faire pour ramener une médaille olympique.
Quel adversaire craignez-vous le plus ?
Je ne crains personne mais je ne sous-estime personne non plus. Tous mes adversaires sont potentiellement dangereux. En gym, tout peut arriver.
Vous êtes l’un des gymnastes qu’on voit le plus dans les médias, vous vous êtes entourés d’une attaché de presse, pourquoi ?
La gymnastique est un sport méconnu du grand public et c’est bien dommage. J’ai envie de faire parler de mon sport alors j’essaie d’être présent sur les réseaux sociaux. Quant à mon attaché de presse, à la base, c’est Teddy Tamgho, champion du monde en triple saut, qui m’a proposé de développer mon image. C’est comme un frère pour moi, on s’est toujours soutenu, même dans les coups durs, alors lorsqu’il m’a parlé d’une amie à lui qui souhaitait se lancer dans ce domaine, j’ai tout de suite accepté. Et je ne regrette pas car Florence (De Silva, NDLR) fait du très bon boulot.
Après Rio, comment voyez-vous les choses ?
Après Rio, il y a Tokyo. Je repars pour un nouveau cycle olympique. Je n’ai que 26 ans, je suis jeune encore. Ce serait absurde d’arrêter ma carrière à 26 ans. J’ai encore plein de médailles à aller chercher. Je ne compte pas m’arrêter là.
Propos recueillis par C. L. pour Gym and news
Après sa lourde blessure au genou contractée lors des Europes de Montpellier en 2012, juste avant les Jeux Olympiques de Londres, Samir Aït Saïd a décroché l’or, un an après, lors des championnats d’Europe de Moscou, en 2013. Revivez sa victoire en vidéo :