Victime d’une double fracture externe tibia/péroné lors des Jeux Olympiques de Rio, Samir Aït Saïd, grande chance de médaille aux anneaux, vient de rentrer en France prêt à débuter sa rééducation. Déjà tourné vers l’avenir, il compte bien revenir sur les plateaux de compétition dès les championnats d’Europe de 2017 et vise le podium olympique, à Tokyo, en 2020.
Souvenez-vous. Jeux Olympiques de Rio, samedi 6 août. Samir Aït Saïd vient de passer aux anneaux et obtient la note de 15.533. Avec une telle note, et malgré un gros pas sur sa sortie, il s’était assuré une place en finale sur son agrès de prédilection. Celui sur lequel il visait la médaille olympique. Suit alors la troisième rotation. L’équipe de France masculine s’est mise sur de bons rails et poursuit sa compétition au saut de cheval. Axel Augis puis Julien Gobaux passent. Vient le tour du sociétaire d’Antibes. Il s’élance mais chute sur son premier saut. Il ne se relève pas tout de suite, prend sa jambe gauche dans ses mains… et là, c’est le drame. Il était la plus grande chance de médaille du clan tricolore mais ne pourra finalement pas terminé ces Jeux de Rio. Un coup dur pour la France. Un coup dur pour le monde de la gym. Mais aussi -et surtout- un coup dur pour lui. “Lorsque je tombe, je ne ressens aucune douleur sur le moment. Je prends ma jambe dans les mains et là je me dis ‘Est-ce que je rêve ???'”, explique-t-il. Et d’ajouter :”Je comprends alors que c’est fini pour moi. Je ne suis pas dépité, non, je suis déçu. Je suis le seul fautif dans cette histoire. Ce n’est pas la faute de mes entraîneurs, ni celle de ma fédération, c’est moi qui voulait faire deux sauts car je savais que j’avais peut-être une chance d’entrer en finale au saut. Ce sont les Jeux Olympiques, tout est possible, il faut savoir prendre des risques.”
Mais le sort en a décidé autrement. Finalement, il ne pourra participer à aucune finale. “Ce n’était pas mon heure, tout simplement“, lance-t-il. Il quitte alors l’Arena, toute parée de vert, sur un brancard… et sous les ovations du public. Toutes nationalités confondues. Ses coéquipiers sont sous le choc mais il faut reprendre la compétition. “Une fois sur le brancard, j’ai commencé à avoir mal car j’étais bougé dans tous les sens. Et puis, ils ont même lâché le brancard ! Donc la douleur s’est intensifiée”, confie-t-il. Une fois à l’hôpital, il se fait rapidement opérer. “Par mes études de kiné et des cas que j’ai pu voir lorsque j’étais en stage en hôpital, je savais ce qu’on allait me faire. Ca m’a rassuré du coup. Je n’étais pas dans l’inconnu”, ajoute-t-il.
L’opération terminée, Samir Aït Saïd apparaît dès le lendemain le sourire aux lèvres. Par vidéo, sur son lit d’hôpital, il donne même rapidement de ses nouvelles. Une vidéo dans laquelle il donne rendez-vous pour les Jeux de Tokyo, en 2020. Car il est comme ça Samir. Il ne baisse jamais les bras et a toujours cette rage de vaincre qui lui permet de revenir alors qu’on ne l’attend pas encore. Comme il l’a fait en 2013, un an après sa blessure contractée au plateau tibial à Montpellier, lorsqu’il devient champion d’Europe aux anneaux à Moscou ! “Mon prochain objectif est de pouvoir être présent aux prochains championnats d’Europe, en 2017. Mais pour cela, il faut que je récupère une jambe solide et fonctionnelle. Je vais donc me concentrer sur ma rééducation”, précise-t-il.
Une rééducation qu’il va effectuer sur la Côte d’Azur, auprès des siens. “Je vais commencer ma rééducation sur Antibes avec un ami kiné, très compétent, puis je la poursuivrai sur Paris, jusqu’en décembre. Grâce à mes études, je sais sur quoi je vais devoir bosser, je connais le protocole de rééducation aussi. Une fois que j’aurai consolider ma jambe, je pourrai alors entreprendre la réathlétisation. J’ai déjà un quadriceps qui a fondu”, regrette-t-il.
Mais celui qu’on appelle Le seigneur des anneaux est loin de se décourager. Au contraire. Toujours positif, il se sert également de tous les messages de soutien reçus depuis sa blessure pour aller de l’avant. “Les images de ma blessure ont fait le tour du monde. J’ai eu beaucoup de messages de soutien. De Français, de Brésiliens, de Mexicains. J’ai même reçu un message de Paul George (un joueur de NBA victime également d’une double fracture tibia/péroné en août 2014, juste avant la Coupe du Monde de basket, NDLR) ! Tous ces messages, ça rebooste. On veut se battre pour tous ces gens qui croient en nous. Cela donne une énergie positive“, se réjouit-il. Et de compléter : “J’ai envie d’aller chercher la médaille à Tokyo pour moi mais aussi pour tous ces gens. Ce serait une médaille partagée. Ce serait la médaille de tout le monde, pas uniquement la mienne.”
A Rio, Samir Aït Saïd a suivi la finale des anneaux depuis la cabine de France Télévisions, aux côtés de Thomas Bouhail, consultant télé lors de ces Jeux Olympiques. Le podium lui était accessible. “Je sais que j’aurais pu décrocher cette médaille. C’est rageant bien-sûr. Aux qualifications, je sors à 15.533 sachant que je fais un gros pas à la réception qui me coûte 4 dixièmes de points. En finale, le deuxième sort à 15.766 donc bien sûr que j’aurais pu décrocher cette médaille. Mais bon il ne faut pas penser à ça, comme je l’ai dit, c’est le destin. Ce n’était pas mon heure“, relativise-t-il. Maintenant, il a les cartes en main pour revenir plus fort à Tokyo. Pour cela, il a déjà une idée en tête. Tout d’abord, une chose est sure, il ne fera plus de saut ! “J’en ferai toujours un peu pour mon club mais c’est tout. Sinon je ne ferai plus que des anneaux”, lance-t-il.
Pour mener à bien son projet de médaille olympique, le champion d’Europe aux anneaux en 2013 songe à faire quelques stages à l’étranger. “Si je veux devenir le meilleur, je ne peux pas me permettre de faire un entraînement basique. Je veux en chier, je veux devenir encore plus fort. Je veux devenir le Teddy Riner de la gym. Je veux m’inspirer des meilleurs, je vais picorer un peu de partout. Je m’entends bien avec le Grec, le champion olympique (Eleftherios Petrounias, NDLR), avec son entraîneur et avec le juge grec donc pourquoi pas partir faire quelques stages là-bas. Mais pour cela, j’ai besoin de partenaires. A Rio, j’ai pu vivre ces Jeux car je n’étais pas seul. Mes partenaires, Adidas, la Française des Jeux et Disney, m’ont permis d’arriver au Brésil en étant au top de ma forme. C’est très important.”
De retour en France depuis jeudi matin, Samir Aït Saïd est donc prêt à entreprendre sa marche vers l’avant ! Sa médaille olympique, il la veut et mettra tout en oeuvre pour atteindre son objectif et réaliser son but. “J’espère qu’on va continuer à croire en moi“, confie-t-il. Et de conclure : “Le podium olympique… il n’est pas annulé, il est juste reporté (Rires).”
Propos recueillis par Charlotte Laroche pour Gym and News
Guillaume Augugliaro, fidèle compagnon de Samir Aït Saïd.
Ils s’affichent régulièrement ensemble, matchent tous les deux pour le club d’Antibes et sont également -et surtout- amis dans la vie de tous les jours. A Rio, Guillaume Augugliaro, second remplaçant sur ces Jeux Olympiques, a été le plus fidèle soutien de Samir Aït Saïd. “Guillaume a été là de A à Z. Il m’a beaucoup aidé, a assuré tous les transferts. Il était là à n’importe quelle heure. On reconnaît les vrais amis dans ces moments-là. Ils sont là même dans les coups durs. Je suis très fier d’avoir un ami comme lui.”
[…] Il y a des faits heureux et d’autres non… Malheureusement, pour moi, cette année 2016 restera marquée par la blessure de Samir Aït Saïd, grande chance de médaille sur ces Jeux Olympiques de Rio, lors de son passage au saut. Des images très difficiles à regarder et un rêve qui se brisait en même temps qu’un tibia. Mais ce que je retiens derrière cette blessure, c’est le mental de celui qu’on surnomme depuis quelques années maintenant le seigneur des anneaux. En rééducation intensive et après deux opérations à succès, il se concentre déjà sur ses nouveaux objectifs, bien décidé à aller chercher cette médaille olympique qu’il convoite tant. (Lire ici) […]