Multi-médaillé national et international aux anneaux, Samir Aït Saïd a effectué son grand retour à la compétition ce vendredi 16 juin lors des championnats de France élite de Saint-Brieuc. Lourdement blessé au biceps aux Jeux Olympiques de Tokyo en août 2021, l’Antibois de 33 ans a ensuite pris le temps de se soigner. Ce dimanche, il disputera la finale anneaux, après avoir terminé premier des qualifications à cet agrès. Un retour réussi qu’il a savouré.
Spot Gym : Samir, vous venez d’effectuer votre retour à la compétition après une longue absence suite à votre blessure au biceps, comment avez-vous vécu ce moment ?
Samir Aït Saïd : Je suis content ! Vraiment content ! J’ai fait un mouvement avec une note de départ à 6,2, une des plus grosses notes de départ au monde à cet agrès donc c’est super positif. Surtout que je ne suis pas encore à 100% physiquement et sortir un 14,500 aux qualifs en n’étant pas à 100% et avec quelques fautes, c’est de bon augure pour la suite. Sincèrement, ça fait du bien de retrouver la compétition. Ce sont des moments que j’aime, que je kiffe et qui m’avaient manqués, surtout que ça faisait quatre ans que je n’avais pas fait de championnats de France.
Vous n’avez présenté que les anneaux mais on a pu vous voir vous entraîner au saut sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux ? Un retour sur plusieurs agrès serait donc envisagé ?
Oui, je travaille sur trois agrès, le sol, les anneaux et le saut. D’ailleurs sur ces championnats de France élite, j’envisageais de présenter les trois agrès mais Kévin Dupuis, mon entraîneur, a préféré que je ne présente que les anneaux. Comme c’était mon retour à la compétition, il ne préférait pas brûler les étapes et il était préférable d’avancer Step by step, afin de ne pas se précipiter, de ne pas prendre de risque, afin d’être à 200% lors des sélections pour les championnats du monde dans un mois et demi. Mais sinon j’étais prêt. Je refais lune double sur le dur au saut, j’ai tiré complet au sol aussi sur le dur, j’ai présenté ces trois agrès en test à Antibes, donc je je suis prêt sur ces trois agrès. Pour une fois que je suis en avance sur ma préparation (Rires).
Avant ce retour sur les terres bretonnes en ce mois de juin 2023, vous avez été absent de longs mois suite à votre déchirure au biceps contractée peu avant votre finale olympique aux anneaux, à Tokyo à l’été 2021, tout est rentré dans l’ordre depuis ?
Je touche du bois… mais oui. Je n’ai pas eu de douleur et ça fait plaisir.
Prendre le temps qu’il fallait pour revenir, sans précipiter les choses, a donc été bénéfique…
Oui c’est exactement ça, j’ai pris le temps et c’était la meilleure chose à faire. J’aurais pu revenir un peu plus tôt mais à quel prix ? Pour quels risques derrière ? Le plus important pour moi c’est d’être prêt pour les championnats du monde pour aller chercher la qualification olympique avec le reste de l’équipe de France car c’est une échéance sur laquelle il ne faut pas se louper. Alors on a pris le temps qu’il fallait pour que tout cicatrise bien au niveau du biceps. C’était une blessure qui était très longue mais je savais dans quoi je mettais les pieds en participant à ma finale olympique. Je savais qu’il allait y avoir de gros dégâts derrière mais je ne voulais pas abandonner. Je ne pouvais pas renoncer. C’était tout simplement impensable pour moi. Donc en me présentant, je savais dans quoi je m’embarquais mais je ne regrette rien. Ensuite, j’ai pris le temps qu’il fallait pour me soigner et revenir à la compétition en temps et en heure et ça paie puisque je sors en tête des qualifications aux anneaux avec une belle note. On va continuer comme ça, sans s’emballer et continuer de travailler de manière rigoureuse.
Ce retour à la compétition, retrouver les sensations, ça fait du bien ?
Oh que oui ! Rien que de partir avec tous les gars, ça m’avait tellement manqué. C’était compliqué pour moi de les regarder partir et de rester à la salle. La compétition me manquait. Mais il fallait attendre et prendre le temps. C’est la sagesse qui a parlé.
La sagesse de l’âge ou la sagesse de père (Samir Aït Saïd est papa d’une petite fille, NDLR) ?
Je ne sais pas.. mais je dirais la sagesse de l’âge quand même. La sagesse de l’expérience même parce que je commence à avoir pas mal d’expérience. En fait, je suis tellement focalisé sur l’objectif qui est clairement la qualification de la France pour les Jeux Olympiques lors des championnats du monde qui se dérouleront en octobre que je veux prendre 0 risque. Alors on a pris notre temps et c’était la meilleure solution. En plus j’ai la chance d’avoir un staff médical en béton autour de moi, aussi bien à Antibes qu’à l’INSEP et c’est très important.
Vous avez aussi changé d’entraîneur. Vous êtes désormais entraîné par Kévin Dupuis, un ancien international français qui a mis un terme à sa carrière de gymnaste de haut-niveau en septembre 2019, et plus par Rodolphe Bouché, pourquoi ce changement ?
On avait fait le tour avec Rodolphe. Mais il n’y a aucun souci entre nous. Rodolphe est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, quelqu’un avec qui je m’entends toujours très bien, on se voit encore en dehors de l’entraînement, et on a gardé une relation très forte. Même quand je suis à la salle, il n’hésite pas à me donner des conseils et je n’hésite pas à lui en demander si besoin. Pour moi, Rodolphe est plus qu’un entraîneur et le fait que je m’entraine désormais avec Kev n’a rien changé à notre relation. Avec Kévin, tout se passe super bien, c’est quelqu’un de très posé, qui ne s’emballe pas, la preuve c’est lui qui m’a freiné sur ces championnats de France élite en me conseillant de ne faire que les anneaux, et c’est ce dont j’ai besoin. Même si avec la maturité je prends beaucoup plus le temps de poser les choses, j’ai quand même toujours encore un peu tendance à m’emballer, à vouloir en faire un peu trop et il sait me canaliser. C’est ce que j’aime beaucoup. Et c’est un excellent entraîneur. On avance étape par étape pour être prêt à 200% pour les prochaines échéances. Honnêtement, j’ai la chance d’avoir un staff comme j’ai autour de moi.
Dimanche, vous allez tenter de remporter un nouveau titre de champion de France aux anneaux, peut-être le dixième de votre carrière, pressé de disputer cette nouvelle finale ?
Oui, pressé, excité et prêt !
Propos recueillis par Charlotte Laroche, à Saint-Brieuc
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