Raphaëlle Letort Aubin, une première en équipe de France à domicile et couronnée de bronze

Entrée sur le tard en structure de haut-niveau, Raphaëlle Letort Aubin (15 ans), qui s’entraîne depuis cet été au pôle de Saint-Etienne, a honoré sa première sélection en équipe de France le 18 novembre dernier lors du tournoi international de Combs-la-Ville sur ces ultimes instants en junior. Une première cape qu’elle a célébrée dans son club et devant son public. Un moment d’anthologie après un parcours atypique, parfois semé d’embûches.

Elle l’attendait depuis des années et n’a jamais cessé d’y croire. Licenciée au club de Combs-la-Ville où elle s’est révélée, Raphaëlle Letort Aubin qui entrera en senior dès le 1er janvier prochain, vient de passer une grande étape en décrochant sa toute première sélection en équipe de France à bientôt 16 ans. La récompense d’années de travail et de persévérance.

Après avoir débuté la gymnastique en 2014 au club de Melun, en Seine-et-Marne, elle rejoint celui de Combs-la-Ville en 2016. “Elle avait un entraîneur très bien à Melun, un bon technicien, mais il n’y avait pas d’objectifs sur le groupe de Raphaëlle car elles étaient jeunes” , éclaire Frédérique, sa maman, elle même ancienne gymnaste. “Elle ne s’entraînait que 4 à 6h par semaine et en gym on sait que pour performer il faut faire beaucoup plus d’heures et Raphaëlle était demandeuse, elle avait envie de s’entraîner plus pour pouvoir un jour faire du haut-niveau. Comme j’avais vu qu’elle était passionnée et compétitrice, avec son papa nous avons décidé de l’inscrire au club de Combs-la-Ville qui avait un groupe perf.” Raphaëlle est alors en CE1 et elle passe rapidement à 15 heures d’entraînement par semaine. Elle découvre une autre approche de la gymnastique, s’épanouit dans ce qu’elle fait et sa mère, qui entraînait au club, l’emmène en regroupement. “À cette époque-là, j’étais en doublette avec un autre entraîneur qui m’avait demandé d’envoyer deux de ses gyms en regroupement et il m’a dit d’en profiter pour emmener Raphaëlle et c’est elle qui a été retenue“, explique-t-elle. Raphaëlle entre alors au pré-pôle de Meaux où elle est entrainée par Alisée Dal Santo, aujourd’hui entraîneur sur l’INSEP. “C’était vraiment de supers années” , se souvient la maman. “Alisée est une super entraineur et elle a été incroyable avec Raphaëlle.” Mais ensuite, les choses se sont corsées. Lorsqu’elle est en âge d’entrer en pôle, elle fait une demande lors du Gym Eval pour rejoindre le Pôle de Meaux mais elle n’est pas acceptée. “Le responsable n’a pas souhaité qu’elle entre en pôle. Ce qui est regrettable, c’est qu’à la fin de ses deux ans au pré-pôle, il n’y a pas eu un bilan pendant lequel Raphaëlle aurait pu entendre des choses positives de ces deux années et les raisons de son refus, c’était important qu’elle les entende et que ce ne soit pas ses parents qui prennent ce rôle. Il aura fallu des semaines à Raphi pour se reconstruire sur ce refus non expliqué” , regrette sa maman, encore touchée par cette époque. Elle retourne alors au club de Combs-la-Ville. Un retour compliqué marqué par le Covid mettant un nouveau coup d’arrêt à sa carrière, quelques mois seulement après avoir connu une première désillusion. “Mais malgré ces épreuves, Raphaëlle n’a jamais baissé les bras. Elle a toujours gardé cet objectif en tête de faire partie des meilleures, d’intégrer un pôle et d’entrer en équipe de France” , précise sa maman. “Elle disait toujours ‘un jour j’aurai le drapeau France sur mon justaucorps’, et ça ne l’a jamais quittée.” L’avenir dira qu’elle aura bien fait de croire en ses rêves…

Raphaëlle Letort Aubin, au centre, aux côtés des autres médaillées individuelles Louane Plisson, Maïana Prat, Ming Gherardi Van Eijken et Lola Chaussat. Photo Charlotte Laroche / Spot Gym

Peu à peu la situation se débloque. Tout ne s’est pas fait en un jour mais à force de travail et de persévérance, les portes ont fini par s’ouvrir, le soleil chassant les nuages. Après le Covid, Combs-la-Ville ouvre une section élite. “C’est la chance de Raphaëlle cette section, car tout était mis en oeuvre pour performer. Le nombre d’heures d’entraînement, la qualité des entraînements, le suivi médical, etc. C’est ce qui lui a permis de rester dans la course, au contact des autres 2008 et d’en être là où elle en est aujourd’hui.” Aux côtés de Léa Callon puis de Marion Chamarande, la jeune gymnaste donne un second souffle à sa carrière. Ensemble, elles finissent par faire des miracles. Raphaëlle effectue de nouvelles demandes pour entrer en pôle, sans suite au début… jusqu’au jour où… “L’année de sa quatrième, en avril 2022, elle a fait une nouvelle demande mais ça lui a été refusée. C’était compliqué car on se disait qu’après ce serait trop tard puisqu’elle allait rentrer au lycée et entrer en senior. C’était une nouvelle désillusion. Malgré cela, ma fille a toujours continué d’y croire, nous aussi car il y avait des résultats en compétition et on se disait que ça allait finir par payer. Et à la revue d’effectifs d’octobre 2022, ça a fini par se débloquer. Elle réalise les minima fixés par la Fédération et se qualifie pour les championnats de France élite.” Le point de départ d’une nouvelle ère. Le début de la suite. Car c’est à ce moment-là qu’elle est repérée par les radars. “Marie-Angéline Colson, du pôle de Saint-Etienne, a dit qu’il fallait s’intéresser à ce profil de gymnaste qui avait les capacités de réaliser les minima dès le mois d’octobre et elle a demandé à la tester à plusieurs reprises dans l’année jusqu’à ce qu’elle soit acceptée à Sainté.” La récompense d’années de travail, de constance et d’une ténacité hors-pair. Une entrée en pôle suivie cinq mois plus tard d’une première sélection en équipe de France. “Cette sélection est pour moi une vraie leçon de vie, elle a une force mentale qui m’étonne chaque jour” , sourit sa maman.

Et à Combs-la-Ville, ce week-end du 18 et 19 novembre 2023 qui a marqué son histoire personnelle, Raphaëlle Letort Aubin, la battante, la persévérante, ne s’est pas contentée uniquement d’une sélection France. Malgré une blessure à une cheville contractée à l’entrainement deux jours avant la compétition, elle est allée chercher deux médailles de bronze. Une en équipe avec Maëlys Mrozkowiak et Ming Gherardi Van Eijken et une aux barres en individuel. Aussi, malgré l’enjeu de cette première sélection et la pression de l’honorer chez elle, dans son club et devant son public, elle n’a pas craqué. Au contraire. Toute cette effervescence autour d’elle lui a envoyé un shot d’adrénaline qui ne la quittera pas du week-end. Tout comme ce sourire qui illuminait son visage. “Elle était tellement fière et reconnaissante de cette confiance qu’on lui accordait en la sélectionnant que lorsqu’elle est arrivée sur le plateau, j’ai tout de suite ressenti qu’elle était bien, combattante et qu’elle ne lâcherait rien” , livre sa maman encore émue. Car ce qu’elle voulait avant tout c’est que sa fille soit heureuse. “Je voulais qu’elle profite de son moment et qu’elle soit heureuse. Elle revient de loin et ce qui m’importe c’est qu’elle soit heureuse. Et là, je sais qu’elle l’est.”

Après s’être révélée au club de Combs-la-Ville s’ouvrant alors les portes du prestigieux pôle de Saint-Etienne, Raphaëlle Letort Aubin poursuit désormais son chemin vers la performance et continue d’écrire son histoire. Avec toujours cette même détermination qui la caractérise depuis son enfance. Une battante qui a su faire de son rêve sa réalité.


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