Raphaël Lecerf, président du comité régional de Normandie, a annoncé sa candidature à la présidence de la Fédération française de gymnastique le 29 avril dernier en marge des finales du Top 12. Quelles sont ses ambitions ? Ses axes de campagne ? Et quel rapport entretient-il avec la gymnastique ? Présentation.
Spot Gym : Vous venez d’annoncer votre candidature à la présidence de la fédération française de gymnastique, quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous présenter ?
Raphaël Lecerf : C’est une accumulation d’éléments avec tout d’abord un souhait de renouveau. L’équipe actuelle est en place depuis trois mandats et certains sont là depuis 20 voir même 30 ans, il me semblait donc important de proposer un renouvellement des équipes. Ensuite, je pense qu’aujourd’hui il est important d’avoir une fédération plus à l’écoute. En tant que président du comité régional de Normandie, il m’est déjà arrivé de me sentir frustré avec cette impression de ne pas être entendu et d’avoir très peu de marge de manoeuvre, et c’est un point sur lequel les mentalités doivent changer. J’ai cette volonté de donner une place plus importante aux clubs et aux différents comités départementaux et régionaux avec une démarche beaucoup plus horizontale et collaborative avec l’ensemble des acteurs.
Quand avez-vous pris la décision de vous présenter ?
J’ai commencé à y réfléchir sérieusement suite aux championnats de France par équipes à Oyonnax en juin 2022 au cours de laquelle j’ai été surpris par certains comportements. Il me semblait important de faire évoluer les choses. Quelques personnes de mon entourage m’ont ensuite poussé à me présenter.
Quels sont les principaux axes de votre campagne ?
Pour le moment, nous sommes en train de construire notre projet avec un collectif de plusieurs personnes. Nous nous laissons jusqu’à la fin du mois de mai, début du mois de juin, pour faire un diagnostic et dégager nos ambitions. Ensuite, nous nous déplacerons sur le territoire et irons à la rencontre des clubs et comités afin de leur donner la parole. Une plateforme collaborative sera également mise en place pour que tous ceux qui le souhaitent puissent apporter leurs idées. Ensuite, fin septembre début octobre, nous pourrons construire notre projet final. Un projet qui sera construit à partir de la vision des clubs, des départements et des régions afin de proposer un projet de terrain. Car comme dit notre slogan « Notre leadership, c’est votre vision ».
Quelles sont vos ambitions ?
On souhaite d’abord changer le mode de gouvernance qui, aujourd’hui, s’opère de façon très verticale de la fédération jusqu’aux clubs. Mon objectif est donc d’avoir une démarche beaucoup plus horizontale ce qui permettrait de donner plus de libertés aux régions, aux départements, aux clubs et ainsi créer une fédération de territoire avec une démarche plus humaine et pro-active. Par ailleurs, on voudrait passer d’une logique d’administration à une logique de services auprès des structures déconcentrées avec la volonté d’être présents et à l’écoute pour accompagner les projets, tout en permettant aux territoires de répondre aux exigences locales politiques. Par exemple, il est déjà arrivé qu’un département réclame la mise en place d’un tournoi ou d’un événement afin de faire rayonner le territoire à l’échelle nationale mais que le projet ne puisse finalement pas se mettre en place car la fédération ne donne pas son feu vert. Ensuite, nous souhaitons développer la formation de nos cadres et de nos techniciens afin de limiter le turnover qui aujourd’hui est très important et ainsi proposer un plan de carrière individuel à chacun. Enfin, j’aimerais qu’on simplifie la filière d’accès au haut niveau qui est trop complexe. Il y a trop de critères, qui plus est évoluent en fonction de la situation, rendant ainsi le dispositif d’accession régionale au haut-niveau difficile. Nous souhaitons rendre les choses plus lisibles, plus simples, et laisser une chance à l’ensemble des gymnastes, peu importe leur structure. Si un.e athlète réalise les minima de points et montre qu’il.elle a le niveau, alors il.elle aura sa place dans une équipe. Enfin, nous souhaitons remettre en place une stratégie à l’international auprès de la FIG, de l’UEG et du ComeGym afin que la FFG puisse occuper le terrain aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Pour résumer, nous sommes dans une démarche plus humaine et moins technocratique.
Vous parlez rarement à la première personne du singulier lorsque vous parlez de vos ambitions, ce projet est donc avant tout collectif ?
Oui et c’est ce que je souhaite mettre en avant. Je ne me présente pas par ambition personnelle. Ma démarche est collégiale.
Pouvez-vous en dire plus sur vous. Quel est votre parcours et votre rapport avec la gymnastique ?
J’ai commencé la gymnastique lorsque j’étais en Sixième dans un petit club de Normandie. Ensuite, j’ai intégré la section sports études de La Sottevillaise à mon entrée en Troisième. C’est à cette époque-là que j’ai commencé à performer et j’ai matché jusqu’en Nationale 2, avec d’ailleurs Danny Pinheiro-Rodrigues, un des plus grands gyms du club qui a eu une très belle carrière à l’internationale. En parallèle de mes études supérieures, j’ai également été éducateur sportif sur le club de Tempo Gym à Elbeuf. Ensuite, j’ai été responsable des juges GAM sur la zone Nord avant de devenir DTG du comité départemental de Seine-Maritime en 2004 puis président de ce même comité en 2012 et je suis président du comité régional de Normandie depuis 2017. La gymnastique m’accompagne depuis mon enfance et j’avance toujours avec cette envie de vouloir créer de nouvelles choses en laissant une grande place au collectif.
Propos recueillis par Charlotte Laroche