Marine Brevet : “J’avais hâte de découvrir ma nouvelle vie sans la gym”

Médaillée européenne par équipes à Berne et membre de l’équipe olympique aux Jeux de Rio en 2016, Marine Brevet a mis un terme à sa carrière après une année chargée en émotion et un objectif atteint. Aujourd’hui, loin du monde du haut-niveau, elle mène une vie paisible et épanouie auprès de ses proches. Près de deux ans après sa retraite sportive, que devient-elle ? Prenons de ses nouvelles.

Gym and News : Marine, tu as mis un terme à ta carrière juste après les Jeux de Rio, que deviens-tu ?
Marine Brevet : Je poursuis mes études à Lyon. Je suis en deuxième année d’étude de kiné et tout se passe très bien. Je suis à la moitié de mon cursus et si tout va bien, dans 2 ans, j’obtiendrais mon diplôme.

Pourquoi as-tu choisi de t’installer sur Lyon ?
Tout d’abord parce que je voulais être à côté de Bourg-en-Bresse afin de me rapprocher de mes parents et de mes proches. Et mon frère faisant ses études sur Lyon également, cela nous permettait de vivre en colocation tous les deux.

Continues-tu la gym ?
Non je n’en fais plus du tout. Après les Jeux, j’ai continué un peu pour mon club de Viriat. J’ai fait une saison afin de ne pas m’arrêter d’un coup. Mais avec mes études, je ne pouvais aller m’entraîner que le vendredi soir et le samedi matin et honnêtement, je prenais beaucoup moins de plaisir à aller m’entraîner donc une fois la saison terminée, j’ai arrêté. Cela va faire plus d’un an que je n’ai plus remis les pieds sur une poutre ou sur un praticable… mais ça ne me manque pas.

La gym fait désormais partie de ton passé ? Pas trop dur de tirer un trait sur quelque chose qui a rythmé ta vie pendant des années ?
Non cela n’a pas été difficile car c’était vraiment un choix réfléchi. Je voulais arrêter, j’avais atteint mes objectifs et j’avais eu cette chance de terminer sur une très bonne saison et sur les Jeux où je me suis vraiment faite plaisir. Je savais également que je n’allais plus progresser et qu’il était donc temps pour moi de tourner la page. J’avais également hâte de découvrir ma nouvelle vie sans la gym, sans certaines contraintes que le haut-niveau nous impose. Quand j’ai arrêté, j’ai été libérée d’un poids et j’ai pu commencer à vivre sans pression.

A quoi était dû toute cette pression ? 
C’était une peur de la blessure. Ma blessure au coude, en 2012, avant les Jeux Olympiques de Londres est arrivée au pire des moments. Ensuite, j’ai eu ma rupture du tendon d’Achille en 2013. A partir de 2012, dès que j’allais à l’entraînement ou que j’étais en compétition, j’avais cette peur de la blessure. Je n’arrivais pas à m’en défaire, j’avais toujours une boule au ventre. Mes parents aussi vivaient avec cette peur de la blessure. Avec Nellu (Pop) et Véro (Véronique Legras), on a beaucoup travaillé sur cette peur de la blessure et aux Jeux de Rio, j’ai pu matcher en étant totalement détendue. C’est d’ailleurs la seule compète de ma vie où je n’étais pas tétanisée. Terminer sur cette sensation était donc parfait pour moi.

Justement, peux-tu revenir sur les Jeux Olympiques de Rio ? Comment les as-tu vécus ? 
C’est une expérience incroyable et j’ai pris énormément de plaisir à les faire. J’ai profité à fond de toutes ces choses que je n’allais plus vivre. Je savais que les Jeux étaient ma dernière compète car j’avais pris ma décision d’arrêter dès le mois de mars, que je fasse les Jeux ou pas. J’ai eu la chance de faire les JO donc j’en ai profité à fond avec les coachs, les filles, Louise qui est une amie, et Cyril, le kiné, qui m’a toujours soutenu. On s’est toutes éclatées et je pense que cela s’est vu ! Je n’ai aucun regret car j’ai vraiment terminé sur quelque chose de grandiose. Ce sont des moments forts qui resteront à jamais gravés.

Marine Brevet montage

Après ta blessure en 2012, à quelques semaines des Jeux, as-tu eu envie de baisser les bras ? 
Oui, j’ai eu un gros passage à vide après ma blessure au tendon d’Achille en 2013. En septembre 2013, lorsque j’ai repris l’entraînement, je ne prenais plus du tout de plaisir et ça me saoulait d’aller m’entraîner. J’ai donc arrêté juste après les Mondes, j’avais été tellement dégoûtée de la gym que je ne voulais plus continuer. Nellu est arrivé à l’INSEP en décembre 2013 et il m’a dit que si je le souhaitais je pouvais revenir. A mon rythme. J’ai alors commencé à revenir à la salle deux fois par semaine en demi-journée. Puis j’ai fait la journée entière puis une semaine entière. Je ne me mettais pas la pression, je reprenais vraiment doucement et Nellu me laissait revenir petit à petit. J’ai ensuite participé au test pour les championnats d’Europe de Sofia en 2014 et j’ai été sélectionnée alors que ça ne faisait que 2 mois que j’avais vraiment repris l’entraînement. Nellu et Véro m’ont beaucoup aidée durant toute cette période. Ils ont cru en moi et m’ont beaucoup apporté. Sans leur soutien, j’aurais arrêté en 2013. Alors faire les Jeux en 2016 a été l’aboutissement d’un projet commun. J’ai l’ai vécu comme une libération, pour moi mais aussi pour eux.

 Tu as arrêté complètement la gym mais pratiques-tu un autre sport ? 
Je fais du yoga, du fitness, un peu de course et un peu de natation. Je bouge pas mal afin de me maintenir en forme. Le yoga est une discipline que j’ai appris à découvrir et j’adore ! Au début, ça m’a permis de soulager mes maux de dos et ensuite j’ai été complètement séduite.

As-tu des séquelles au niveau de ton corps ? 
Je suis explosée de partout (Rires) ! Blague à part, oui j’ai pas mal de douleurs. Par exemple, j’ai voulu faire du cross fit mais il y a tout un tas de mouvement que je ne peux pas faire. Pour le footing, je dois y aller doucement car ça me fait mal à la hanche. On m’avait prévenue mais je ne pensais pas que la gym m’aurait laissé autant de séquelles physiques.

Aujourd’hui,  à part les séquelles physiques, comment te sens-tu ? 
Je me sens super bien ! Je suis heureuse et épanouie. La gym reste un souvenir merveilleux et toutes mes années passées dans le haut-niveau m’ont permis d’avancer dans la vie. Mais tout cela fait désormais partie de mon passé. Je profite pleinement de ma nouvelle vie.

Propos recueillis par Charlotte Laroche
Photo de Une : Damien Lecatelier

 

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