La Fédération Française de Gymnastique a communiqué les décisions prises par la commission disciplinaire qui s’était réunie le 27 octobre concernant les situations de deux entraîneurs mis en cause dans un reportage diffusé sur Stade 2 en mai dernier dans lequel des faits de maltraitance étaient relatés par d’anciennes gymnastes.
“La Fédération Française de Gymnastique a pris connaissance des décisions de la commission disciplinaire suite à son audience du 27 octobre dernier, concernant les situations d’Eric Demay, entraîneur au club Élan Gymnique Rouennais, et de Véronique Legras, cadre d’État, directrice du haut niveau à la FFGym” , commence l’instance fédérale dans un communiqué publié ce lundi 30 octobre avant de poursuivre : “La commission disciplinaire, en tant qu’instance indépendante, a statué en faveur d’une interdiction pour Eric Demay de participer à l’organisation et au déroulement des compétitions sportives organisées ou autorisées par la Fédération jusqu’au 31 août 2024, le retrait de sa licence pendant cette durée, et une interdiction d’être licencié à nouveau à la Fédération pour 2 ans à compter du 1er septembre 2024, avec sursis. De plus, un blâme a été prononcé contre Véronique Legras.” Suite à ces deux décisions, le Président James Blateau a décidé de faire appel considérant “qu’elles ne sont pas suffisamment sévères au regard des faits reprochés” , précise le communiqué.
Auditionné jeudi par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les dysfonctionnements dans les fédérations sportives, le président de la FFGym James Blateau, interpellé à plusieurs reprises par la députée Sabrina Sebaihi (groupe écologiste – NUPES), à l’origine du projet de Commission d’enquête parlementaire sur les Fédérations, après avoir évoqué de simples “bruits de couloir” concernant des faits de harcèlements dans le milieu de la gym* et qui n’avaient jamais donné suite à des investigations plus poussées par le passé, avait assuré qu’il n’avait pas le pouvoir de suspendre des entraîneurs mis en cause dans des cas de maltraitance. Des propos qui avaient entraîné une intervention ferme dès le lendemain de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra sur France Infos. « Ce n’est pas acceptable d’entendre qu’on ne peut rien faire, absolument pas, puisque je rappelle au contraire que les fédérations ont un pouvoir disciplinaire étendu” avait réagi la Ministre. “Elles ont la capacité de sanctionner l’ensemble de leurs licenciés qu’ils soient d’ailleurs recrutés par les clubs ou par d’autres organismes affiliés. Dans cette fédération de gymnastique, il faut vraiment tourner la page d’une culture d’un autre temps en matière de haute performance. »
Dès le lendemain, le samedi, la Fédération française de gymnastique avait alors présenté ses excuses dans un communiqué pour une “communication maladroite” : “Nous reconnaissons qu’une communication maladroite, notamment lors de l’audition à l’Assemblée nationale, a pu donner l’impression d’une passivité ou d’une indifférence face à ces situations inacceptables. Nous présentons nos plus sincères excuses à toutes les personnes concernées, et en particulier aux victimes et à leurs familles” , déclarait l’instance dans son communiqué.
Désormais, c’est une nouvelle étape qui vient donc d’être franchie dans ce lourd dossier de maltraitance qui secoue le monde de la gym depuis de longs mois maintenant avec le rendu de la commission disciplinaire. Dans son communiqué de ce lundi, la FFGym a également tenu à rappeler rester “en attente des conclusions de l’enquête administrative lancée par l’Etat en mai 2023 concernant Mme Legras“.
*Si le président de la FFGym évoque des “bruits de fond” et des “bruits de couloir”, notre média avait pourtant déjà relaté au cours de ces six dernières années des faits de harcèlement dans le milieu de la gymnastique et des difficultés rencontrées par certaines gymnastes à se reconstruire.