Licenciée à l’Association Municipale de Gymnastique d’Arques, Maëlys Lenclos vient de remporter son neuvième titre consécutif en solo lors des championnats de France de gymnastique aérobic qui se sont tenus à Chambéry les 20 et 21 mai dernier. À l’international, elle performe tout autant. Portrait d’une gymnaste passionnée qui en impose sur les parquets.
Depuis 2014, Maëlys Lenclos, 19 ans, est indétrônable. Chaque saison, elle s’impose en solo et multiplie les titres de championnes de France. Originaire du Nord de la France, elle a débuté la gymnastique dès l’âge de 8 mois, en babygym. Ses parents sont entraîneurs à Arques et elle a tout de suite été piquée par la passion gym, un sport qui ferait presque partie de son ADN. Après avoir fait ses débuts en GAF et en GR, elle découvre l’aérobic un peu par hasard à l’âge de 7 ans. “Ma mère avait besoin d’une fille pour combler un trou dans un groupe et c’est comme ça que j’ai commencé” , se souvient-elle. “Et après je n’ai jamais arrêté.” Si ensuite elle arrête la GAF, en revanche elle se met à la gymnastique acrobatique et au trampoline. “J’ai fait 3 ans de trampoline” , précise-t-elle. “J’ai d’ailleurs fait les championnats de France élite en trampo.”
À son entrée en Troisième et dès ses débuts en tant qu’athlète de haut-niveau, elle arrête toutes les disciplines connexes et se concentre sur l’aérobic. Le début d’une belle carrière qui la met sur le chemin de l’équipe de France en 2019. “Ma première compétition France était une coupe du monde en Portugal, j’étais hyper fière d’y participer” , sourit-elle. “En plus, j’ai fini troisième en solo donc pour une première expérience c’était super.”
Si elle cartonne en solo, la Nordiste évolue aussi en trio et en groupe. “Je ne fais pas de duo car en aéro, on est limité à trois catégories” , éclaire-t-elle. Dans les trois catégories, elle excelle avec, à la clé, des médailles sur quasiment presque toutes ses sorties. Que ce soit en solo, en trio ou en groupe, les médailles pleuvent avec par exemple ce carton plein réalisé à Tokyo en avril dernier lors de la Suzuki Cup avec l’or en trio, l’argent en groupe et le bronze en solo. Quelques mois plus tôt, elle s’offrait d’ailleurs déjà un doublé d’or en trio et en groupe lors d’une étape de coupe du monde au Portugal, illuminant les parquets de son sourire et son pep’s.
Machine à titres et à médailles, Maëlys Lenclos se démarque aussi par son profil. Ce qui fait sa particularité, c’est son style. Sa manière qu’elle a de casser les codes artistiques et de proposer des choses nouvelles. Comme en septembre 2021 où elle décroche le titre de championne d’Europe en junior, à Pesaro en Italie, en surprenant les juges avec la musique douce de sa chorégraphie, loin des rythmes et tempos utilisés habituellement. Maëlys innove. Ose. Sort des sentiers battus. Fait parler son âme dans ses chorégraphies. Et ça fonctionne. Elle se démarque aussi par son choix de vouloir rester dans son club, à Arques, plutôt que de rejoindre un pôle. Un choix personnel qu’elle explique : “Depuis 2015 ou 2016, je ne sais plus exactement, on m’a proposé d’aller en pôle mais je ne préférais pas donner suite. Au début, je me trouvais trop jeune et puis ensuite je ne me voyais pas quitter Arques. C’est une très belle structure, avec de belles installations ce qui me permettait de continuer à m’entrainer dans de bonnes conditions, je suis entraînée par mes parents, on se connaît par coeur, j’ai tous mes repères ici donc je ne me voyais pas changer. Par rapport à mes cours aussi, c’était également plus simple de rester à Arques, donc toutes ces raisons ont fait que je ne préférais pas rejoindre un pôle.”
Entre Arques et Toulouse
Mais alors comment fait-elle pour s’entraîner avec le reste du collectif pour le trio et le groupe ?qui nécessite des répétitions de chorégraphies groupées avec la synchronisation comme point d’orgue ? “Une fois par mois, je descends sur Toulouse au moins trois jours. Parfois, j’y reste une semaine” , éclaire-t-elle. “Cela me permet de m’entraîner avec les filles. On a trouvé notre rythme comme ça et ça nous correspond bien. En septembre, on travaille la chorégraphie, s’il y a des changements, elles m’envoient des vidéos pour que je puisse travailler de mon côté et ensuite, dès que je descends sur Toulouse, on travaille la synchronisation. On se connaît super bien et on s’entend toutes très bien, donc on a déjà nos repères.” Et en compétition, elle adore les retrouver, avec cette force du groupe qui transcende. “Contrairement au solo, en trio et en groupe, je ne suis pas seule, on se soutient toutes ensemble, par des regards, etc, c’est complètement différent du solo” , commence-t-elle. “Mais j’adore aussi le solo. C’est une catégorie qui me tient vraiment à coeur. Surtout que depuis 2014, je performe vraiment bien avec neuf titres de championnes de France donc c’est une catégorie qui me correspond bien aussi. J’aime toutes les catégories en fait. Elles sont toutes différentes et elles n’apportent pas la même chose.” Une manière de trouver également une complémentarité dans l’approche de la discipline.
Pour arriver à un tel niveau, Maëlys Lenclos s’entraîne 12 à 15 heures par semaine. “En période de compétition, le rythme s’intensifie un peu” , confie-t-elle. “Mais je m’entraîne 3 à 4 fois par semaine.” En parallèle, elle poursuit également ses études supérieures. “J’ai eu mon bac avec mention bien l’an dernier, ensuite je suis allée en école de kiné mais ça ne m’a pas plu alors j’ai changé de voie et désormais je suis en première année de licence éco-gestion sur Lille.” Un programme chargé mais bien ficelé qui lui permet de poursuivre ses entraînements en aérobic tout en poursuivant ses études. Et lorsqu’on lui demande ce qu’elle aime en aérobic, la réponse est nette : la diversité que la discipline offre. “En fait c’est un assemblage de toutes les disciplines que j’ai pu faire” , sourit-elle. “Il y a un peu de GAF avec les acrobaties et les chorégraphies, la souplesse de la GR, un peu de gym acro avec les portées, un peu de danse, car oui j’ai fait de la danse aussi, donc c’est tout ça qui me plaît et qui fait que j’adore mon sport. C’est tout ce mélange qui fait la force de l’aéro. Alors oui forcément c’est dommage que ce ne soit pas un sport olympique, c’est vrai qu’on me demande souvent si je fais les Jeux Olympiques, mais je m’épanouis vraiment dans ce que je fais. Et même si c’est différent, j’ai quand même eu la chance de faire les Jeux Mondiaux l’an dernier aux Etats-Unis, l’équivalent des Jeux Olympiques pour les sports non olympiques, et c’était vraiment une super expérience !”
Telle une passionnée, elle transmet également aux plus jeunes de son club en entraînant quelques heures par semaine en tant que bénévole et officie également en tant que juge N2 sur les différentes compétitions nationales. Une passion qui la nourrit, la tire vers le haut, la pousse à se surpasser chaque jour un peu plus et qui font la jeune femme qu’elle est aujourd’hui. Prochaine compétition à l’automne prochain avec une étape de coupe du monde en octobre et les championnats d’Europe en novembre, en Turquie, avec cette envie de performer une fois de plus et de, à coup sûr, compléter sa collection de médailles déjà bien entamée.