
Elle est la première gymnaste française à avoir décroché, en 1995 à Sabae, une médaille aux championnats du monde grâce à sa superbe troisième place au sol. Cinq ans plus tard, elle devenait championne d’Europe sur ce même agrès, devant son public, à Paris. Ludivine Furnon est incontestablement la gymnaste qui a marqué l’histoire de la gymnastique française. Aujourd’hui reconvertie dans le monde du spectacle, la Nîmoise de 36 ans, qui attend son premier enfant, parcourt le monde avec son compagnon, Nicolas Besnard. Depuis le Mexique où elle est désormais installée, elle a accepté de répondre à mes questions, via Skype, pour la rubrique Que deviennent-ils ?
Enceinte de sept mois d’une petite fille, Ludivine Furnon rayonne. Installée dans son salon, sur son canapé, vêtue d’une longue robe blanche qui laissait ressortir un joli teint hâlé par le soleil du Mexique, l’ancienne prodige de la gymnastique française est aujourd’hui parfaitement épanouie. Artiste de cirque depuis son arrêt du haut-niveau en 2003, trois ans après son sacre européen au sol, à Paris-Bercy, elle est depuis quelques mois au repos le temps de mettre au monde le premier enfant qu’elle attend avec son compagnon et partenaire sur scène, Nicolas Besnard, avec qui elle forme le duo MainTenant. “Notre dernier numéro était un numéro très intense avec beaucoup de contact au niveau du ventre notamment, donc j’ai préféré m’arrêter assez tôt pour ne pas prendre de risques. Alors c’est sûr que ça commence à me manquer un peu car je ne me suis jamais arrêtée aussi longtemps mais c’est pour la bonne cause ! Ce n’est pas comme si j’étais blessée”, sourit-elle avant de préciser : “Mais je continue de m’étirer tous les jours afin de garder la forme et je fais aussi toujours quelques équilibres pour garder les sensations et afin que la reprise ne soit pas trop dure. En parallèle, je dirige certains artistes sur le plan artistique.”

S’arrêter totalement quand on a toujours eu l’habitude d’être en activité, c’est forcément un peu plus compliqué. Surtout lorsqu’on travaille par passion. Car passionnée, Ludivine Furnon l’est et l’a toujours été. Plus jeune, après avoir fait quelques années de danse classique et jazz, elle décide de s’inscrire à la gym. Nous sommes en 1992, elle a 12 ans. Certains auraient pu croire qu’elle avait commencé la gymnastique trop tard pour pouvoir s’imposer sur la scène nationale et internationale mais la Nîmoise à l’accent chantant a prouvé qu’avec le talent et -surtout- un mental d’acier et une motivation débordante, tout était possible. Car l’un ne va pas sans l’autre. “J’avais certes des capacités mais il n’y avait pas que ça. J’avais une volonté, une hargne indescriptible, ça fait tout. J’avais des rêves plein la tête. Personne ne me poussait à aller à la salle et dès que je rentrais dans la salle de gym, je travaillais trois fois plus que tout le monde. J’étais comme un taureau qui rentrait dans une arène. Tous les jours, j’avais un objectif en tête et je ne le perdais pas de vue”, analyse-t-elle.
Je voulais toujours travailler de nouvelles choses. Chez moi, je regardais des K7 de grandes championnes et le lendemain, à l’entraînement, j’essayais de faire pareil.
Pour atteindre les deux objectifs qu’elle s’était fixée, “participer aux Jeux Olympiques et monter sur un podium international”, Ludivine Furnon n’a jamais eu peur de mettre la barre trop haute. Au contraire. “Je voulais toujours travailler de nouvelles choses. Chez moi, je regardais des K7 de grandes championnes et le lendemain, à l’entraînement, j’essayais de faire pareil”, livre-t-elle. Et d’ajouter : “Tout est arrivé très vite. C’était magique !”
Magique est un mot qui reviendra d’ailleurs souvent lors de l’interview. A l’image de ce moment où elle se remémore sa médaille de bronze aux Mondiaux de Sabae, en 1995, et son sacre européen à Paris-Bercy, en 2000. “Les championnats du monde à Sabae, c’était magique ! Les championnats d’Europe aussi. Ca, je peux dire que c’est mon meilleur souvenir. Il y avait une telle émotion. J’avais l’impression de voler, je ne peux même pas l’expliquer. J’étais comme sur un nuage, j’étais dans un autre monde. J’avais vraiment décidé de les gagner ces Europes à Bercy, je m’étais préparée pour ça”, se souvient-elle avec des étoiles plein les yeux.

Si sa carrière en tant que gymnaste de haut-niveau a été remplie de merveilleux moments, Ludivine Furnon a ensuite enchaîné sur une nouvelle carrière qui lui apporte tout autant de plaisir et de reconnaissance. Se reconvertir dans le monde du spectacle, en tant qu’artiste de cirque, était une évidence pour elle. “Avant même que les boss viennent me demander si j’avais envie d’intégrer leur troupe, j’avais déjà cette envie propre de rejoindre le Cirque du Soleil”, précise-t-elle. Alors une fois qu’elle a pris sa décision de quitter le haut-niveau en 2003, la médaillée européenne a commencé à parcourir le monde et multiplié les spectacles. Canada, Etats-Unis, Suisse, Allemagne, Australie, Argentine, Japon, Hawaï (la liste n’est pas exhaustive, NDLR) et maintenant Mexique où elle travaille sur un dîner spectacle appelé Joya, Ludivine Furnon a beaucoup voyagé. C’est également grâce au Cirque du Soleil qu’elle a fait la connaissance de son compagnon, Nicolas Besnard. Depuis leur rencontre, les deux artistes, amoureux à la vie comme à la scène, régalent le public avec leurs différents numéros de main à main.
Mais Ludivine s’est aussi tentée à la création d’un numéro de Pôle Dance, il y a quelques années. Car elle est comme ça, elle se nourrit de nouvelles expériences et de nouvelles créations. “J’ai créé ce numéro de Pôle Dance, à Hawaï, explique-t-elle. Il manquait un numéro dans le spectacle donc comme j’avais déjà fait un peu de Pôle Dance, je me suis commandée une barre de Pôle que j’ai placée chez moi. Je me suis entraînée seule et j’ai demandé la musique au boss. A partir de cette musique, j’ai tout de suite été inspirée. Mon rôle était de jouer une danseuse ballerine en chaussons pointes qui commence à s’échauffer et à utiliser la balle de Pôle comme si c’était une barre de danse et au fur et à mesure du numéro, je réalisais des figures de plus en plus difficiles tout en restant sur l’émotion. Après deux semaines de pratique, j’ai présenté mon numéro au boss qui a été conquis. C’était une grande satisfaction pour moi car je pouvais m’exprimer sur mon numéro en solo en première partie de spectacle, et en duo avec Nicolas en seconde partie avec un rôle et une énergie complètement différente.” Un numéro qu’elle présentera pendant un an.

Désormais, celle qui a marqué les esprits ce jour de 1995 à Sabae, au Japon, et ce jour de 2000 dans la mythique salle de Paris-Bercy, prend du temps pour elle et pour son futur bébé. Une petite fille qui sera peut-être, qui sait, elle aussi une future grande artiste ? L’avenir le dira…
Charlotte Laroche pour Gym and News
Redécouvrez son sol aux championnats d’Europe de Paris en 2000 qui lui a permis de décrocher la médaille d’or :
Quelques années plus tôt, en 1995, elle avait déjà marqué les esprits en décrochant la médaille de bronze lors des championnats du Monde de Sabae, au Japon :
Découvrez quelques extraits du numéro de Pôle Dance de Ludivine Furnon :
Découvrez un numéro de main à main présenté par Ludivine Furnon et Nicolas Besnard :