Louna Hamames-Moallic (Hyères Gym) : “Un nouveau souffle à mon quotidien”

Ils sont méconnus du grand public mais partagent tous la même passion pour la gymnastique. Portrait de club : la rubrique qui part à la rencontre des passionné.es qui évoluent hors des structures de haut-niveau.  

Sacrée championne de France à Liévin en Nationale A 16 ans et médaillée de bronze au saut de cheval en juin 2022, Louna Hamames-Moallic, licenciée au club de Hyères Gymnastique, était l’une des grandes absentes des championnats de France de Miramas qui se sont tenus du 19 au 21 mai dernier en raison d’une blessure à un pied. Rencontre avec une gymnaste au parcours atypique qui aurait dû entrer en pôle mais qui a préféré prendre une autre direction.

Spot Gym : Louna, tu as décroché le titre de championne de France en Nationale A 16 ans l’an dernier mais tu n’as pas pu remettre ton titre en jeu cette saison pour cause de blessure. Avant de partir à ta découverte, peux-tu revenir sur les circonstances de cette blessure ? 
Louna Hamames-Moallic : Je me suis blessée le 25 mars lors du match de classement du Top 12 contre Lyon à mon passage au saut. En yuchenko vrille, j’ai fait mon passage, tout allait bien mais en marchant et en sortant du tapis, impossible de poser le pied droit ! Après avoir fait une radio, une écho, un scanner et une IRM j’ai su que j’avais une micro fracture de la pointe de la malléole interne droit avec un oedème osseux associé à une entorse de grade 1 et un épanchement articulaire.

Cette blessure survenue peu de temps avant les régions t’a donc empêchée de prendre part à la compétition et de tenter ta chance pour les championnats de France ? 
C’est exactement ça. C’était difficile mais c’est comme ça.

As-tu repris l’entraînement ?
Je n’ai jamais réellement arrêté, je continue les barres et les pivots.

Quand penses-tu pouvoir reprendre totalement ? 
Je ne sais pas encore mais j’espère au plus tard en août.

On va revenir un peu en arrière, parle-nous de tes débuts en gym ? 
J’ai commencé la gym à l’âge 6 ans et demi, quand j’étais en CP, au club de l’ASCM Toulon. C’était les entraîneurs de ma grande soeur qui m’avaient remarquées. Je me suis tout de suite entraînée avec le groupe des filles qui étaient en sports études. En CE1 je suis entrée en sports études. En CM1 après ma troisième place aux coupes nationales, j’ai décroché ma sélection pour les championnats de France élite de 2016, à Mulhouse, en catégorie avenir. C’était mes premiers. J’ai fini cinquième. La saison suivante, j’ai participé à la revue d’effectifs et je me suis une nouvelle fois qualifiée pour les championnats de France élite. Entre temps, j’ai fait plusieurs stages nationaux qui m’ont permis d’être repérée pour entrer au Pôle France de Marseille. J’avais mon stage d’intégration au mois de février ou mars, je ne sais plus exactement, pour ensuite faire y faire mon entrée pendant l’été, tout s’était vraiment très bien passé, j’ai été très bien accueillie, et puis juste après les championnats de France élite où j’ai fini 4ème, tout s’est chamboulé dans ma tête. Je ne savais plus si j’avais envie de quitter ma famille car en fait pendant le stage d’intégration même si je me sentais vraiment bien la journée, le soir c’était très compliqué. Mes parents me manquaient, mon entraîneur me manquait car on avait tissé un lien très fort. Mes parents ont vu que ça n’allait pas trop et on a pris la décision que je n’intègre pas le pôle.

N’as-tu pas eu peur de regretter cette décision ?
Non car à cette époque-là, je ne me sentais pas prête de quitter ma famille et mon club. Je ne pourrai jamais savoir si j’ai fait le bon choix ou pas, parfois je me pose la question, mais je n’ai pas de regret. J’ai fait ce qu’il me semblait être le mieux pour moi.

Avec le recul, pas de regret non plus de ne pas être entrée en pôle ? 
C’est vrai que parfois, je me pose la question, il m’est déjà arrivé de me dire ‘si j’étais partie, quelle carrière j’aurais eu ?’ Et puis ensuite, je me dis que je n’aurais pas supporté d’être loin de ma famille et que ce manque aurait certainement eu un impact sur ma gym donc au final, pas de regret.

Après avoir fait ce choix, tu es donc restée dans ton club ? 
C’est ça, je suis restée m’entraîner à l’ASCM Toulon. Après j’ai encore réussi à me qualifier pour les France élite mais en 2018, je suis complètement passée à côté de ma compétition et j’avais fini dans les dernières. En 2019, ce n’était pas vraiment mieux et j’ai fini 9ème. Ensuite, à la revue d’effectifs junior, je n’avais pas réussi à faire les minima. Mon total points était d’ailleurs assez loin mais j’ai ensuite pu matcher sur le Massilia avec le pôle de Marseille avec qui j’ai gardé de très bon contacts, c’était une super expérience, et je ne suis pas passée loin du tout de la qualif’ pour les élites ! J’étais à 0,3 des minima ! Ensuite, il y a eu le COVID et en août 2020, j’ai changé d’entraîneurs. À cause du COVID, les périodes d’entraînement étaient hachées et c’était une période assez difficile. Cette année-là, je n’ai pas réussi à me qualifier pour les championnats de France élite et j’ai commencé à me poser quelques questions. J’ai toujours senti une différence du fait que je n’étais pas en pôle, même sur mes années espoir, lorsque je faisais les minima, je n’étais pas convoquée sur les stages France et j’ai pris la décision de matcher en Nationale A. Cette décision a été l’une des meilleures que j’ai pu prendre car j’ai repris plaisir à aller en compétition, ça me faisait beaucoup de bien. J’ai été championne de France au concours général en Nationale A 16 ans et j’ai aussi remporté le bronze au saut. C’était une super année. Ensuite, j’ai changé de club pour rejoindre Hyères Gym. Je reste toujours très attachée à mon club de Toulon mais je m’entraînais seule ou avec des petites de la génération 2009-2011, la différence de niveau se faisait sentir et je ne trouvais plus ma place. Après en avoir discuté avec mes entraîneurs et d’un commun accord avec eux, j’ai pris la décision de quitter le club. J’ai donc rejoint le club de Hyères à l’été 2022 ce qui me permet de m’entraîner avec des filles de mon âge ou un peu plus grandes, des gyms qui évoluent en Top 12 et qui peuvent donc me tirer vers le haut ce qui est très intéressant. Cela m’a également permis de donner un nouveau souffle à mon quotidien.

Le club de Toulon ne t’en a pas voulu ?
Non car ils ont compris que c’était un choix sportif et que c’était le mieux pour moi.

Ta première saison à Hyères touche bientôt à sa fin, comment s’est-elle passée ?
Elle s’est super bien passée. Je me sens beaucoup mieux car la saison dernière je ressentais beaucoup la solitude et j’avais des baisses de motivation, là tout va bien, je suis contente d’aller à l’entraînement. Et les entraîneurs sont super gentils, je progresse bien, j’adore !

Quel est ton rythme d’entraînement ?
Je m’entraîne 4 fois par semaine, les mardi, mercredi, jeudi et vendredi, et à raison de 14h30 par semaine environ. Des entraînements de 3h-3h30.

Tu es toujours scolarisée sur Toulon ou tu as changé de lycée afin de te rapprocher de Hyères ? 
J’ai décidé de rester au lycée à Toulon. Je ne me voyais pas changer d’établissement en cours de lycée. J’aurais pu changer avant d’entrer en Seconde mais là ça ne s’y prêtait pas. Je suis en Première, j’ai mes repères et je préférais terminer dans mon lycée actuel. Surtout qu’au final, ça me permet de bien faire la part des choses entre les cours et la gym donc c’est très bien comme ça.

Tes horaires au lycée te permettent de continuer à t’entraîner comme tu le souhaites ou tu bénéficies d’un arrangement d’emploi du temps ? 
Le lycée de Toulon n’est pas en partenariat avec le club de Hyères mais au final j’ai de la chance car tout se goupille bien. Le lundi je finis à 18h donc comme c’est trop compliqué d’aller jusqu’à Hyères, car il y a quand même 30 minutes de trajet en bus, je ne m’entraîne pas. Le mardi et le jeudi, je finis à 16h donc ensuite je peux aller à l’entraînement de 17h à 20h30. Ensuite ma mère vient me chercher en voiture. Le vendredi, je finis l’entraînement un peu tôt, à 19h30. Et le mercredi, je finis les cours à 13h et l’entraînement commence à 13h45 alors c’est vrai que le mercredi c’est un peu la course (Rires).  L’organisation est calée à la minute (Rires). Je rejoins ma mère au travail pour qu’elle puisse m’amener en voiture sur sa pause déjeuner et je déjeune rapidement.

Tu as connu ta première saison en Top 12, comment l’as-tu vécue ? 
C’était super ! J’ai adoré ce format, cette adrénaline. Avant le début de la saison, j’étais très excitée à l’idée de découvrir le Top 12 et ce nouveau format. J’avais vraiment hâte et au finale j’ai adoré.

Pourquoi la gym à la base ?
Je voulais faire de la danse mais ma mère m’a inscrite à la gym car Mélina, ma grande soeur, en faisait. Et puis ça m’a plu et j’ai continué. Mais je n’ai pas énormément de souvenir de gym de quand j’étais petite.

Ce n’est pas trop dur de concilier entraînement et études ?
Cette année c’est vrai que c’est un peu plus compliqué car la charge de devoir est plus importante. Surtout qu’il ya quand même deux soirs dans la semaine où je finis tard l’entraînement mais j’ai appris à m’avancer au niveau des devoirs et avec de l’organisation, on y arrive (Rires).

Quels sont tes agrès forts ?
Le saut et le sol.

Comment décrirais-tu ta gym ? Quelles sont tes qualités gymniques ?
Je suis dynamique et très compétitrice ce qui me permet de me remobiliser même si je rate. J’ai aussi des jambes, de la puissance mais je suis très raide. Le dos ça va mais les grands écarts passifs c’est une horreur (Rires). Je m’assouplis un peu mais c’est pas encore ça.

À part la gym, qu’est-ce que tu aimes ?
J’aime beaucoup passer du temps avec ma famille, j’aime bien sortir avec mes copines. Avec la gym, ma famille et mes copines, c’est ce qui fait que j’ai trouvé un bon équilibre.

Propos recueillis par Charlotte Laroche 

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