Lorenzo Sainte-Rose et Axel Brèche, réservistes pour les Mondes, la nouvelle génération qui monte

Tous deux réservistes pour les championnats du monde d’Anvers (30 sept – 08 oct), Lorenzo Sainte-Rose et Axel Brèche entament leur deuxième saison en senior après des années junior réussies. Portrait de deux gymnastes promis à un bel avenir.

Axel Brèche et Lorenzo Sainte-Rose, vice-champions d’Europe junior par équipes.

Depuis plusieurs semaines, ils partagent leur quotidien entre Antibes où ils s’entraînent, et l’INSEP où ils multiplient les stages et les regroupements aux côtés du reste du collectif France senior. Tous deux nés en 2004, Lorenzo Sainte-Rose et Axel Brèche font partie de la nouvelle génération montante de la gymnastique artistique masculine française. Brillamment formés sur le pôle d’Antibes après des débuts prometteurs dans leur club respectif, les deux partenaires d’entraînement, amis dans la salle comme dans la vraie vie, n’ont pas perdu de temps pour accrocher le wagon de leurs aînés en route, après avoir su négocier comme il se doit leur transition junior/senior.

Lorenzo Sainte-Rose a débuté la gymnastique à l’âge de 3 ans au club de Neuilly-sur-Marne. Il savait à peine marcher qu’il était déjà bourré d’énergie. C’est donc tout naturellement que ses parents décident de l’inscrire à la gym pour qu’il puisse se défouler. Au collège, il rejoint la section sport étude de Noisy-Le-Grand, club réputé de Seine-Saint-Denis. Le début de tout. “Dès petit, Lorenzo était déjà hyper puissant” , éclaire Gaëtan Dupont, son ancien entraîneur à Noisy. “Il sent très bien la gym et a cette capacité à comprendre immédiatement les conseils qu’on lui donne pour les appliquer tout de suite sur l’agrès. C’est ce qui explique la progression qu’il a eue en si peu de temps.” Mais aussi (et surtout), Lorenzo Sainte-Rose a une fréquence et une intensité de passage comme peu l’ont. “Lorenzo, c’est le genre de gymnaste que tout le monde aimerait avoir. Toujours à l’écoute mais surtout c’est un énorme bosseur” , complète l’entraîner. “Son niveau de passage est tout simplement incroyable. Il ne s’arrête jamais.” Un constat partagé par Philippe Carmona, son entraineur au pôle d’Antibes, structure qu’il a rejointe à son entrée au lycée, à l’âge de 16 ans. Là où il explose. Se révèle. Jusqu’à décrocher sa première cape.

C’est après avoir effectué un stage estival sur le pôle d’Antibes, alors qu’il était en vacances sur la côte avec ses parents, qu’il choisit de rejoindre la structure plutôt que l’INSEP. “On a tout de suite repéré cette volonté de travail qu’il avait” , se souvient Philippe Carmona. “C’est celui qui avait le plus gros volume de travail et la plus grosse intensité. Lorenzo, c’est un acharné du travail, un gymnaste extrêmement déterminé, vaillant et très ambitieux et c’est ce qui lui permet d’en être là aujourd’hui. Il est arrivé sur Antibes avec quelques lacunes techniques et il a fallu reprendre les fondamentaux mais sa fréquence de travail est telle que ça ne l’a pas retardé et qu’il a rapidement pu faire partie des meilleurs de sa catégorie et multiplier les bons résultats en junior.”

Excellent généraliste, Lorenzo Sainte-Rose a également de très bonnes dispositions au sol et au saut, ses deux agrès forts sur lesquels il décroche ses premières médailles internationales. “En plus d’être très motivé et ambitieux, Lorenzo a toutes les qualités pour la gym. Il a l’explosivité, c’est un excellent acrobate et il sent la gym. Le seul petit bémol, c’est qu’il est très raide et que malgré le travail qu’on a pu faire, on a du mal à véritablement l’assouplir ce qui réduit ses amplitudes mais à part ça, il a tout pour avoir une belle carrière” , analyse son entraineur. “Et dès qu’il y a de l’enjeu, il sort le grand jeu.

Lorenzo Sainte-Rose aux championnats d’Europe junior, à Münich, en août 2022. Photo Anh Viet Chau

Médaillé de bronze au concours général et d’or au sol et aux arçons à la Budapest Cup en 2021, sa première compétition internationale majeure, médaillé d’or au saut, au sol et en équipe aux championnats du monde scolaire en 2022 et vice-champion d’Europe par équipe à Münich la même année aux côtés d’Axel Brèche, Romain Cavallaro, Anthony Mansard et Nicolas Diez, il côtoie les sommets sur chacune de ses sorties internationales. À l’échelle nationale, après avoir terminé quatrième au concours général en U16 en 2019, il renoue avec le podium en 2021 après une saison blanche marquée par la pandémie pour ne plus jamais le quitter sur le reste de ses années junior. Vice-champion de France au concours général en U18 en 2021, il s’offre le titre l’année suivante décrochant également le bronze au saut. Avec son club de Noisy-Le-Grand, il découvre le Top 12, le championnat par équipe qui regroupe les douze meilleurs club français, avec qu’il devient vice-champion de France en avril dernier et acquiert encore un peu plus d’expérience dans un format de duels qui pousse à mieux appréhender la pression compétitive.

Passé senior la saison dernière, le pensionnaire du pôle d’Antibes, étudiant en deuxième année de BTS SAM (support à l’action managériale), concrétise aux championnats de France élite en décrochant le titre au saut et en se classant cinquième au concours général, terminant à 1,350 points de la troisième place. Une belle performance pour ses débuts parmi les grands qui en dit long sur son potentiel. De quoi conforter sa soif de gagne et son envie d’aller encore plus loin. D’aller chercher encore mieux avec les Jeux Olympiques en ligne de mire. Et si ce n’est pas Paris 2024, ce seront ceux de Los Angeles en 2028.

Sa première saison en senior réussie, les portes du collectif France senior s’ouvrent donc logiquement à lui. Convoqués aux différents rassemblements avec le reste du groupe plus aguerri et expérimenté, il réussit ses tests jusqu’à se hisser au sein de la short list, du Top 8, pour la préparation aux championnats du monde, compétition qualificative pour les Jeux Olympiques de Paris. “Il lui manque encore du temps de jeu car c’est un jeune senior mais sur le prochain cycle olympique, il a tout pour faire partie des incontournables” , avance Philippe Carmona avant d’ajouter : “Avec les 2004-2005-2006, on a la chance d’avoir une très belle génération de jeunes, avec de gros talents.”

Une génération dont fait également partie Axel Brèche, partenaire d’entraînement de Lorenzo Sainte-Rose au pôle d’Antibes, également natif de 2004  et réserviste sur ces championnats du monde. Axel a débuté la gym en CP au club de Metz. Sa grande soeur Anaïs, désormais membre de l’équipe de France de trampoline, en faisait et il l’a suivie. En CE2, il intègre une section sportive avec des horaires aménagés et se classe dans le top 10 des championnats de France élite chaque année, mais “sans grand résultat“, confie le gymnaste. En Cinquième, il se fait repérer par Gregory Marandet qui lui propose de rejoindre le pôle d’Antibes l’année suivante. Et c’est l’été d’après, en juillet 2017, quelques semaines avant sa rentrée en Quatrième, qu’il intègre le pôle antibois. ” Axel avait été très bien formé au sein du club de Metz” , se souvient Gregory Marandet avant d’ajouter : “C’était un bon acrobate, il avait de bons placements et de bons appuis. Il était un peu faible niveau physique et il manquait un peu de confiance en lui, mais il avait beaucoup de potentiel. J’ai toujours cru en lui.”

Axel Brèche aux championnats d’Europe junior, à Münich, en 2022. Photo Anh Viet Chau

L’entraîneur antibois le prend sous son aile et l’accompagne sur le chemin de la performance. “La séparation avec la famille n’a pas été simple pour Axel au début et il a souffert de cet éloignement” , confie-t-il. “Et finalement la famille a migré de Metz vers Antibes lorsqu’Elias (le petit frère d’Axel, NDLR) est rentré au Pôle et qu’Anaïs (la grande soeur, NDLR) a intégré le pôle trampo d’Antibes.” La question de l’éloignement familial réglée, Axel Brèche se libère d’un poids. Motivé et très appliqué à l’entraînement, il trace son chemin et travaille avec beaucoup de sérieux. Complet sur les six agrès, avec les arçons, le saut et le sol comme point fort, il s’impose au fil des années au sein du collectif France junior et multiplie les sorties à l’internationale et les bons résultats dès 2021. Cette année-là, à la Budapest Cup, en Hongrie, il remporte l’or au concours général, l’argent aux barres parallèles et à la barre fixe et le bronze aux anneaux. Quelques semaines plus tard, il remporte l’or en équipe et aux arçons à la Berlin Cup. En 2022, il continue de surfer sur la vague de la réussite et devient champion du monde scolaire par équipe avant de devenir vice-champion d’Europe par équipe.  “La grande force d’Axel est sa stabilité en test et en compétition, ce qui lui a permis d’accéder en tant que capitaine d’équipe aux Euros juniors 2022” , explique Grégory Marandet.

Désormais passé sous la houlette de Rodolphe Bouché, également entraîneur de Léo Saladino et Loris Frasca, Axel Brèche, qui se nourrit de l’expérience de ses aînés, se révèle encore un peu plus chaque jour avec son excellente qualité d’exécution qui continue de faire la différence. “Sa propreté et son exécution parfaite sont de vraies qualités chez Axel” , explique Rodolphe Bouché. “C’est ce qui l’avantage aux arçons d’ailleurs, un peu comme Benjamin (Osberger). Les grands gyms ont des grandes jambes et quand c’est bien tendu, c’est très beau.”

Une stabilité, une élégance sur les agrès, de bons appuis et une grande qualité d’exécution qui lui permettent de rejoindre le collectif France senior et de décrocher rapidement sa première sélection “chez les grands” et de goûter à Bercy en septembre 2022 en hors concours. “L’ambiance, le monde, c’est vraiment quelque chose” , déclarait-il il y a un an dans les couloirs de l’Accor Arena, juste après son passage aux arçons. “Tu as beau te préparer dans ta tête au fait qu’il va y avoir beaucoup de monde mais tant que tu ne le vis pas, tu ne sais pas exactement ce que c’est (…) On n’a pas l’habitude d’avoir une telle ambiance. J’avais les bras qui tremblaient et forcément aux arçons, c’est compliqué si tu as les bras qui tremblent (Rires). Mais j’ai profité au maximum ! C’était vraiment trop trop bien.” S’il avait finalement chuté, en revanche il avait pleinement profité de son moment, si formateur, engrangeant ainsi une bonne dose d’expérience, salvatrice et indispensable dans sa quête de performance au milieu des “grands”.

Après Bercy, la saison se déroule avec la revue d’effectifs, sa qualification pour les championnats de France élite et le Top 12 où il remporte le titre de champion de France avec son club de Vallauris, club qu’il a rejoint à son entrée en senior. À chacune de ses sorties, il continue de faire preuve de solidité et de stabilité. Sa marque de fabrique. C’est fluide, propre, élégant. Pour ses premiers championnats de France élite en senior, il se classe 10ème au concours général et remporte le bronze au saut. Des résultats qui lui valent d’être convoqué sur les stages, de disputer les tests pour les championnats du monde d’Anvers et de décrocher une place de réserviste pour la compétition. “L’objectif cette année était de développer un potentiel stable sur tous les agrès et d’augmenter ses notes de départ sur certains agrès mais jamais au détriment de l’exécution et il est monté comme ça toute l’année” , éclaire Rodolphe Bouché.

Gymnaste réfléchi, Axel Brèche, qui a rejoint la prestigieuse école de commerce SKEMA située à Sophia Antipolis dans les hauteurs d’Antibes, avance avec intelligence et ne laisse rien au hasard. “Il faut que ce soit organisé, que les choses soient claires dans sa tête et quand c’est bien cadré, quand il connaît bien le chemin à faire, il s’entraîne de manière libérée” , complète son entraîneur. “Et puis c’est un grand bosseur qui se donne les moyens de réussir, de mener à bien son projet, à la salle mais en dehors aussi. À la salle, il réfléchit beaucoup à sa gymnastique, à ses contenus de mouvement, il cherche des solutions. En dehors de la gym, il réfléchit aussi à ce qu’il doit faire pour être le plus performant possible. Nous avons mis en place une planification hebdomadaire qui lui correspond pour qu’il puisse mener correctement son double projet entre la gym et ses études sans être trop fatigué et il a également pris en main son alimentation, son sommeil, son hydratation.” Un engagement complet qui lui correspond et qui lui apporte ce dont il a besoin pour être bien dans sa gym, dans son corps et son esprit. Le combo qui lui permet de performer et d’intégrer le haut du tableau. De faire partie de la short list tant convoitée et qui permet de continuer à rêver grand.

Nicolas Diez, Anthony Mansard, Axel Brèche, Lorenzo Sainte-Rose et Romain Cavallaro, médaillés d’argent par équipe aux championnats d’Europe junior, à Münich, en août 2022. Photo Anh Viet Chau

Avec leurs spécificités qui leur sont propres, Lorenzo Sainte-Rose et Axel Brèche sont parvenus à tirer leur épingle du jeu dès leurs premières années en senior en remplissant les objectifs fixés. Aujourd’hui ils sont prêts. Prêts à être appelés et dans les starting-blocks pour lancer véritablement leur carrière en senior à l’internationale. Une nouvelle génération montante qui n’a pas fini de faire parler d’elle…

 

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