Elle avait l’avenir devant elle mais malheureusement les blessures l’ont contrainte à s’effacer au cours de ces deux dernières saisons… Membre de l’équipe olympique à Rio en 2016, médaillée européenne par équipes quelques semaines plus tôt à Bern aux côtés de Marine Boyer, Marine Brevet, Alison Lepin et Oréane Lechenault, Loan His, entraînée et élevée au plus haut niveau par Eric et Céline Boucharin, ses entraîneurs au Pôle de Toulon, était lancée. Mais son corps n’a pas suivi la poussant alors à vivre loin des plateaux de compétitions depuis son retour du Brésil.
Un éloignement forcé tout d’abord en raison d’une fracture de fatigue à un pied qui avait nécessité deux interventions chirurgicales puis de longs mois de repos. Un premier coup dur dont elle s’était relevée. Et alors qu’elle faisait son grand retour lors de la revue d’effectifs en octobre dernier, après une saison blanche, une mauvaise réception en sortie de barres la mettait une nouvelle fois à terre. Au sens propre comme au sens figuré. Mais cette fois-ci, c’était ses genoux qui étaient touchés. Le verdict tombait quelques jours plus tard : rupture du ligament croisé antérieur et fissure du ménisque.
Une blessure qui aurait pu être la blessure de trop. Et pourtant, Loan, pensionnaire de l’INSEP depuis septembre 2016 à la suite de la fermeture du Pôle de Toulon, ne baisse pas les bras parvenant même à relever la tête. Encore et toujours. Avec cette hargne, cette motivation et cette volonté qui la caractérise tant. Car ce qu’elle veut, c’est revenir à son meilleur niveau et refaire partie de l’équipe olympique, à Tokyo, en 2020. “L’un de mes plus gros objectifs à atteindre” , confie-t-elle, pleine d’espoir. Alors pour atteindre cet objectif et ne pas brûler les étapes, elle a pris le temps de se reconstruire. Moralement et surtout physiquement. Et aujourd’hui, près de 10 mois après sa blessure, elle entrevoit enfin le bout du tunnel. “Physiquement, tout va beaucoup mieux. J’attend encore le feu vert pour reprendre à la rentrée gymnique car j’ai enlevé il y a peu la vise qu’il me restait dans le pied. Et moralement, tout va très bien. J’attends qu’une seule chose, c’est de reprendre les entraînements correctement“, sourit-elle avant d’ajouter : “Mon genou va très bien, et le pied aussi. Je suis bientôt prête pour reprendre !”.
Telle une battante, Loan regarde désormais devant elle et rêve d’un avenir éclairci. D’un avenir où elle pourra de nouveau montrer tout son potentiel. D’un avenir où elle pourra de nouveau porter le justaucorps France et représenter fièrement son pays lors de grandes compétitions internationales. D’un avenir où elle aura cette possibilité d’aller à l’entraînement chaque jour. Si elle n’est pas encore sure d’être remise à 100% pour la revue d’effectif, qui se tiendra en octobre prochain, elle envisage en revanche un retour pour le Massilia qui se tiendra un mois plus tard. “Pour me laisser le temps d’une vraie bonne reprise” , explique-t-elle.
Du haut de ses 19 ans, Loan affiche une certaine maturité. Loin de sa famille depuis plusieurs années, cet éloignement familial lui a en effet permis de gagner en expérience. Malgré la distance géographique (ses parents habitent en Afrique, sa soeur à l’Île de la Réunion et son frère au Canada, NDLR), les membres de sa famille et ses proches ont été des éléments clés dans sa reconstruction. ” Ça n’a pas été simple, surtout jusqu’aux vacances de Noël mais dès janvier, mon moral était de nouveau bon et j’étais prête à tout donner pour ma rééducation afin de revenir dans le gymnase. Tout ça grâce à ma famille, la kiné, mes amis, tout mon entourage qui a su m’apporter sa touche de réconfort, d’énergie, de soutien. Que ce soit pour penser à autre chose qu’à la gym ou pour me redonner l’envie d’y retourner. J’ai également été portée par le déroulé de mon année avec des objectifs que je m’étais fixés et ainsi être portée par eux chaque jour avec une rééducation qui s’est vraiment très bien passée, entre la grosse partie faite à l’INSEP et une petite période de deux semaines au CERS de Capbreton. A chaque mois de ma rééducation, j’avais un objectif, comme la reprise de certains exercices, mais les plus gros objectifs étaient la reprise de la marche et ensuite de la course” , confie-t-elle.
Une période charnière au cours de laquelle elle a donc pu compter sur le soutien de ses proches. Sans ce soutien et sans sa force de caractère, elle aurait peut-être abandonné… “J’ai eu envie d’abandonner juste après m’être fait le genou parce que j’avais vraiment tout mis en place pour ce retour et de voir que cela n’avait servi à rien m’a fait mal… Je savais que je pensais à tout cela à chaud mais à ce moment-là, j’avais juste une envie : c’était de ne pas rentrer dans le gymnase car ça me faisait trop de mal. Mais après, j’ai su me remobiliser et repartir au travail” , révèle-t-elle.
Se remobiliser pour avancer, évoluer et prendre un nouveau départ, voilà ce qui l’a guidée. Un nouveau départ qui a d’ailleurs commencé cet été puisque Loan a quitté l’internat de l’INSEP pour prendre son indépendance. “J’ai décidé de quitter l’internat de l’INSEP pour ne pas sortie de mes objectifs et afin d’avoir un endroit pour souffler car depuis 8 ans, je suis soit en famille d’accueil, soit en internat. Je commençais à avoir envie de me poser et d’avoir un chez moi” , analyse-t-elle. Un nouveau logement et de nouvelles études qui commencent. Son bac S en poche, Loan sait ce qu’elle veut. “Sur ces deux prochaines années, je vais faire un BP ainsi que les formations moniteur et entraîneur avec la Fédération. Je vais passer le BNSSA et le plus important, préparer une rentrée en école d’infirmière pour après Tokyo.”
Quant à la relève, avec la nouvelle génération très prometteuse qui pousse derrière, Loan est prête à y faire face. D’ailleurs, c’est quelque chose qui la booste encore plus. “C’est très important car c’est exactement cela qui va me permettre de me pousser encore plus loin…”
Charlotte Laroche pour Gym and News